lundi 13 décembre 2010

2010 : Année de la Russie en France

Avec les fêtes de fin d' année s' achève aussi l' année de la Russie en France. Le comité des anciens de Saint-Cloud a eu l' excellente idée de présenter les ballets Alexandroff à cette occasion pour son spectacle vendredi dernier dans la salle des Trois-Pierrots. "Spassiba Bolchoï "( merci beaucoup ) pour ces danses et musiques "Otchen Kharacho" ( très bien = parfaites ) qui m' ont rappelé la première partie de mon voyage. Depuis que je me suis mis sur Facebook il y a trois semaines j' y ai passé beaucoup de temps à renouer des liens anciens et ça a considérablement ralenti mon travail sur la page Russie 2008 : je suis à peine à la frontière entre le Kazakhstan et l' Ouzbékistan. Mais je viens d 'acquérir la dernière BD de Daniel Ceppi : "L' engrenage turkmène" qui se passe précisément dans les parages. J' aime bien ses albums que je suis depuis les premiers dont l' action se déroule le long de la route des Indes des années 70, celle-là même que j' ai parcouru deux fois à cette époque, ce qui me met en bonne position pour apprécier la qualité du travail du dessinateur pour rendre l' ambiance de cette aventure humaine unique dont j' espère décrire la saga soit dans un livre, soit sur un autre blog. J' ai également repris contact avec mes co-voyageurs du transsibérien par d' autres moyens que Facebook, par exemple avec Natacha qui allait en Corée ( où elle est toujours ) pour présenter son travail artistique dont vous pouvez admirer un échantillon grâce au lien ci-dessous :

http://vimeo.com/6981507

mercredi 1 décembre 2010

Soirée ABM

Merci à tous ceux qui ont fait l'effort de venir hier soir pour assister à ma présentation de ce voyage dans les locaux de l'association ABM : la "case", par une température extérieure proprement sibérienne. Et meilleurs voeux de succès pour les nombreux projets qui motivaient les abmistes présents dont j' espère suivre le déroulement futur et recevoir des échos tout aussi passionants que ceux de mon propre périple.

vendredi 26 novembre 2010

Encore à propos du Canada


En librairie vient de sortir un livre magnifique : "Le sentier Transcanadien" que je vais sûrement m'offrir pour Noël. A peine débarqué à Vancouver j'avais en effet remarqué un kiosque dans un parc avec des panneaux d'information sur la transcanadienne, une piste piétonnière et cyclable qui traverse tout le pays d'est en ouest et dont une branche atteint même le Yukon. Aussitôt j'avais fait le projet de faire ce parcours, en plusieurs années successives, à la belle saison évidemment, et j'avais répéré des kiosques semblables dans les parcs des villes-étapes de mon séjour : Toronto, Montréal, Halifax, Québec. Mais mon enthousiasme avais aussi été refroidi quelque peu en rencontrant les problèmes de ravitaillement et les difficultés pour planter sa tente en Nouvelle-Ecosse, quand on voyage en solitaire, sans véhicule d'accompagnement. J'avais même voulu terminer mon séjour au Canada par un périple dans l'île de Terre-Neuve auquel j'avais dû renoncer faute d'argent et aussi car fin juin le climat y est encore presqu'hivernal. Ce n'est pas le sous-titre du livre : le rêve de 18 000 km qui risquait de me conforter dans ce rêve un peu fou mais en prenant son temps et surtout en étant bien préparé, après tout, pourquoi pas ? Ce n'est pas pour les deux ou trois prochaînes années de toutes façons, déja occupées par des voyages en Europe et ailleurs, mais à pied toutefois ce qui sera un entraînement préparatoire.

vendredi 19 novembre 2010

De Gaulle et le Québec Libre !

Mercredi soir sur Arte dans le cadre des mercredis de l'histoire est passé un reportage avec des films sur le voyage du général de Gaulle en 1967 au Canada avec sa fameuse déclaration "vive le Québec libre" qui a mis le feu aux poudres du Canada anglo-saxon. ça m'a donné l'occasion de revoir Québec et Montréal et la campagne entre les deux avec un soupçon d'émotion.

vendredi 12 novembre 2010

Mission impossible sur Air-Canada

La semaine dernière mon vol Hong-Kong Vancouver m'est revenu à la mémoire lorsqu'on a parlé aux infos de l'exploit d'un jeune chinois qui avait réussi à s'introduire dans l'avion, le visage transformé en celui d'un vieillard grâce à une fausse peau de silicone, comme dans les films "Mission Impossible". Les passagers ébahis l'avaient vu ensuite, une fois l'avion en vol, se débarrasser de cet extra-derme. Celà pose évidemment le problème de l'efficacité des procédures de sécurité à l'embarquement, mais chapeau quand même !
Je continue laborieusement de retranscrire mon carnet de voyage en Sibérie et en Ouzbékistan d'il y a deux ans sur la page Russie 2008 et je donne rendez-vous aux membres d'ABM pour une soirée de présentation de mon voyage de cette année le mardi 30 novembre à la case.

lundi 18 octobre 2010

2 ou 3 nouvelles pages

Pour fignoler mon blog j'ajoute deux pages sur mes précédents voyages en Russie et en Chine, faits à une époque antéblogueuse (en tout cas pour moi !) et j'en prévoie une autre pour la bibliographie : je suis un grand lecteur et comme disait Clausewitz, "la paix est la continuation de la guerre par d'autres moyens "(ou l'inverse, je ne sais plus très bien) pour moi le voyage est la continuation de mes lectures en allant sur le terrain ! Et le prétexte à de nouvelles lectures après le retour. Si l'"histoire-géo" a longtemps été ma matière préférée à l'école, avant que je découvre la philosophie et les sciences en terminale, c'est en premier lieu pour l'histoire, la géographie étant surtout le cadre où celle-ci se déroule. A vrai dire, la beauté des sites naturels m'intéresse bien pour elle-même et c'est un élément déterminant dans le choix de mes destinations, comme aussi la flore et la faune, mais ici également il est préférable de savoir avant de partir ce qu'on peut trouver car les joyaux naturels sont rares et on peut parfois passer à côté d'eux sans les voir si on n'est pas prévenu de leur présence. Bien des fois j'ai remarqué que les " locaux"ignoraient l'existence des choses, dans leur histoire ou dans leur environnement, qui avaient cependant motivé mon déplacement vers eux. Et il est fréquent que les "touristes" soient plus sensibles aux risques de dégradation que les habitants permanents d'un site, dont ils vivent pourtant !

mardi 28 septembre 2010

Après le festival

Et bien non, je ne suis finalement pas allé à pied jusqu'à Annecy. Parti comme une fusée j'ai vite compris que j'allais trop vite, que mes chaussures étaient trop petites pour mes pieds, qu'il faisait trop souvent mauvais temps, qu'il était quasi impossible de trouver du ravitaillement et même simplement de l'eau potable sans s'éloigner considérablement du tracé du G.R. 2, enfin que mon budget ne m'aurait pas permis d'effectuer des haltes reconstituantes dans un hôtel ou seulement un camping doté de douches chaudes en cours de route. J'ai donc remis ce périple au printemps de l'année prochaîne, lorsque tous ces obstacles seront levés (quant à la météo....?) Je dispose donc du temps suffisant pour une préparation plus sérieuse et efficace. J'avoue aussi que se lancer ainsi pour une très longue randonnée à peine débarqué d'un tour du monde et un peu blasé, question voyage, ça n'était pas une très bonne idée.
Mais je n'étais pas blasé du tout pour le 22° festival des Globe-trotters qui a eu lieu ce dernier week-end et où mon propre enthousiasme a été renouvelé au contact rafraîchissant de celui émanant des nombreux jeunes (et moins jeunes ) postulants au grand départ. En dehors de mes vadrouilles prévues en Europe tout au long des prochaînes années, le germe s'est levé en moi, l'idée d'un troisième tour du monde en 2012-2013 en passant par l' Australie pour assister à l'éclipse totale de soleil de novembre 2012, et de là gagner l'Amérique du sud et remonter la Cordillère des Andes jusqu'en Amérique centrale, puisque d'aucuns ont décrété la fin du monde pour cette époque en accord avec la fin du calendrier maya ! En attendant cette joyeuse perspective, j'aurais fort à faire pour réunir un budget suffisant, mais j'ai encore un an et demi devant moi. En tout cas, avis aux amateurs pour tout ou partie du trajet, surtout l'Australie car il serait plus économique de louer un véhicule à plusieurs par exemple. A suivre

lundi 26 juillet 2010

CLAP DE FIN ?

En débarquant à Orly le samedi 3 juillet au matin j'achève ce petit tour du monde réduit à l'hémisphère nord, mais qui m'a quand même permis de traverser les trois plus grands pays de la terre par ordre de superficie : la Russie (17 millions de km2) , le Canada (9 984 670 km2 ) et la Chine (9 641 144 km2 ) , ce dernier étant de surcroit le plus peuplé de la planète, en empruntant les deux plus longs trajets en train (sans changer de ligne, ni de wagon) le transsibérien (avec sa variante du transmandchourien) et le transcanadien. J'ai également utilisé le train autant que possible pour les autres déplacements terrestres, sinon le bus quand ça n'a pas été possible pour diverses raisons, le plus souvent accidentelles : cendres volcaniques en provenance d'Islande, grèves ou déraillement consécutif à un glissement de terrain en Chine m'ont contraint à modifier mes plans originaux, dans l'urgence. Et mon budget ne m'a pas permis de franchir les océans en bateau comme je le préfèrerai. Mais que serait un grand voyage s'il n'était ponctué d' imprévus ?
Si j'ai atteint mon but, ce n'est pas pour autant la fin de l'aventure. Dès cette semaine je compte me rendre à Annecy (pour commencer) à pied. Et après...on verra. J'ignore totalement si je pourrai trouver des cafés internet pour continuer à alimenter ce blog. En tout cas je donne rendez-vous à mes lecteurs fin septembre pour le festival des Globe-Trotters à Massy-Palaiseau où je tiendrais un stand sur le thème de ce périple.
Note : ceux qui ont lu mon blog dès le début auront peut-être remarqué que j'ai repris les articles pour corriger la ponctuation défaillante (à cause des claviers étrangers) , ajouter ou modifier des commentaires et enfin illustrer mon texte avec des photos prises sur le site Wikimédia. S'ils ne l'ont pas fait, eh bien les voilà informés ! Y a plus qu'à tout relire !

vendredi 23 juillet 2010

MONTREAL 2

Ici également il faudra que je passe les quatre premières nuits de mon séjour à camper dans la forêt du parc de Mont Royal, sur les hauteurs qui dominent la ville. J'en profite pour observer l'incroyable diversité ethnique des habitants : à côté des juifs hassidiques tout droit venu d'Europe centrale, des femmes moyen-orientales en tchador, des africains, des sud-américains, des employées de maison venues des Philippines, des chinois bien sûr, j'entendrais un soir, assis à la table d'une étudiante iranienne et de ses parents venus lui rendre visite, un groupe de jeunes russes discuter les résultats du jour de la coupe du monde de football. Durant ces jours se tiennent à Toronto les sommets du G8 et du G20, avec de nombreuses manifestations violentes. Et comme Sarkozy s'était rendu en Chine tandis que j'y étais, il fait aussi une apparition au Canada pendant ma présence ici ! Les deux derniers jours, je retourne à l'auberge de jeunesse et je profite du festival de jazz de Montréal, dont beaucoup de podiums sont à l'air libre et gratuits. L'ambiance est chaude et conviviale. Pour la fête nationale du Canada, le 1° juillet, il y a un défilé, pas du tout militaire, constitué par une succession de troupes folkloriques ou associations représentatives de la diversité d'origines ethniques évoquée plus haut : des écossais en kilt et avec cornemuses, des brésiliens dansant la samba, une société charitable s'occupant de gérer des hôpitaux pour enfants dont les membres se déguisent en bédouins et en chameaux ! , des indiens de Goa, des ukrainiens, hongrois, italiens, portugais, j'en oublie, et tout ce petit monde fait d'excellents canadiens. A la fin du défilé, sur une petite place du centre, les groupes se succèdent pour chanter et danser sur un podium, tandis qu'on partage pour les assistants un énorme gâteau au couleurs nationales, le rouge et le blanc, et à la feuille d'érable.
C'est avec cette impression de concorde et d'harmonie, malgré les problèmes sérieux auquels cette nation est confrontée, comme toutes les autres, que je me rends à l'aéroport international Pierre Trudeau, le lendemain, pour boucler la boucle.

jeudi 22 juillet 2010

CAMPING URBAIN






















Photos sur site Wikimédia (clichés de Christophe.Finot, Gilbert Bochenek et J.P. Fortin)

Je passe ma première nuit en bas, au bord du fleuve, ce qui me permet de constater la véracité de ce qu'affirmait le guide : bien que nous soyons loin de l'embouchure et que les eaux ne soient pas salées, l'amplitude des marées se fait ressentir d'une manière assez forte, plus de deux mètres de hauteur. Les navires qui remontent le Saint Laurent en direction des Grands Lacs doivent prendre un pilote à partir d'ici. Cet intense trafic est cependant interrompu durant les longs mois de l'hiver, le fleuve étant pris par les glaces. Je consacre les huit jours suivants à sillonner la ville haute et la ville basse en tous sens. Sur presque chaque maison tant soit peu ancienne est apposée une plaque commémorative relatant toutes les étapes depuis sa fondation, avec les noms des divers propriétaires, locataires, architectes, et même parfois simples visiteurs occasionels ! Située dans la vieille Europe, cette ville aurait beaucoup de mal à se démarquer d'autres cités voisines. Mais ici, en Amérique, elle est véritablement exceptionnelle et attire les touristes par autobus entiers. Le nombre de restaurants et de boutiques de souvenirs en témoigne : le tourisme est la première source de revenus et d'emplois. La fête nationale du Québec coincide avec la Saint Jean, le 24 juin, mais les célébrations se déroulent essentiellement la veille au soir. C'est le cas des groupes musicaux qui se succèdent sur la grande scène dans le parc des batailles, et c'est le cas du feu d'artifice. Les jeunes québécois mettent un point d'honneur à passer la nuit entière dehors et le parc ressemble bien au petit matin à ce que signifie son nom : c'est un champ de bataille, jonché de détritus variés, mais surtout de canettes vides. La pluie diluvienne qui s'est mise à tomber à partir de une heure les force à se regrouper sous les toits des kiosques. Ils s'y livrent alors à une compétition bruyante qui me convainc que le "joual" ne semble pouvoir s'exprimer que dans un niveau sonore voisin des hurlements, à tout le moins par des vociférations sans doute destinées à ranimer un état de veille rendu précaire par une consommation excessive d'alcool, à moins qu'ils n'aient été rendu sourds par les joyeux pétards allumés par milliers. La journée suivante, le 24 juin donc, est remarquablement silencieuse en contraste. Je prends un lit à l'auberge de jeunesse pour les deux dernières nuits. Je la met au premier rang de toutes celles que j'ai fréquenté au Canada, par l'accueil, l'ambiance, le confort, la situation, la clarté, l'espace, etc...
Le samedi 26 juin j'effectue le dernier trajet de mon railpass : QUEBEC-MONTREAL. J'avais lu peu avant que le premier ministre du Québec, en déplacement à Bordeaux, avait évoqué le projet de construire un TGV au Canada, qui partirait d'ici, bien entendu. Les usagers passeraient alors du tortillard actuel, qui contourne entièrement l'agglomération avant de revenir au sud pour franchir le Saint Laurent, au XXI° siècle ferroviaire !

mercredi 21 juillet 2010

QUEBEC

Mardi 15 juin.
Me voici revenu à Halifax et au confort de l'auberge de jeunesse, gérée par des allemands fiers d'exposer les photos des deux fondateurs de l'association internationale, allemands bien sûr, et faisant régner une discipline et une hygiène toutes teutoniques. Je visite la ville la plus ancienne du Canada brittanique issue d'une place forte destinée à contrôler sinon contrecarrer les entreprises françaises voisines de l'Acadie et de Louisbourg, sur les terres ancestrales des indiens Mic-Mac. Lorsque les Etats-Unis obtinrent leur indépendance, beaucoup de loyalistes anglais vinrent s'établir ici. Le fondateur de la ligne Cunhard est le descendant de l'un d'eux. Le centre de l'agglomération est donc l'immense terrain à la pelouse rase qui enserre la forteresse. Les quais du port très actif sont aménagés en promenade avec marchands de souvenir, d'excursion (en bus, bateau et même amphibie à la fois bus et bateau !) casino, cafés, restaurants... c'est une constante de mon voyage au Canada : les bords des océans, des lacs, du Saint-Laurent sont toujours des lieux consacrés aux activités touristiques, sillonnés de pistes cyclables et pourvus de toilettes gratuites. Un marchand de glace affiche le classement des dix meilleurs glaciers du monde, effectué par le "Reader's Digest". Naturellement, il vient en tête. Le parisien Berthillon n' arrive qu'en huitième position. Les grands navires de croisières amarrés juste derrière la gare sont le pendant atlantique de ceux que j'ai vu à Vancouver, partant pour le Pacifique nord et l'Alaska.
Ayant constaté qu'il me serait difficile de rester trop longtemps dans cette région en campant dans la nature, je me résouds à revenir au Québec : c'est bien le diable si je n'y trouve pas un endroit le long du Saint-Laurent où passer les quinze jours qui me séparent encore de l'envol vers la France à moindre frais. Je n'attendrai donc pas la venue de la reine, prévue pour la fin du mois, à l'occasion du centenaire de la marine canadienne.
Vendredi 18 juin.
En effet. Si la ligne Montréal-Halifax est directe, ainsi que Montréal-Québec, en revanche il n'y a pas de ligne Halifax-Québec. On prend le train de retour pour Montréal et on descend au petit matin à la gare de Charny, sur la rive sud en face de Québec que l'on gagne ensuite en taxi, traversant le fleuve par un pont qui sert également pour la voie de chemin de fer Québec-Montréal que je prendrais pour repartir ! C'est apparement trop compliqué pour la logistique de Via Rail de prévoir une correspondance en gare de Charny. Je ne suis pourtant pas le seul passager pour Québec, ce matin-là ! Bon, je râle surtout à cause du supplément de 13 $ demandé pour le taxi collectif qui nous conduit à la gare du centre-ville. Je profite du parcours pour répérer des endroits où le camping sauvage serait possible. Et je suis servi : Tout le site appelé "Plaines d'Abraham" également aménagé en parc public dit "Parc des champs de bataille" domine la ville et la rive du Saint-Laurent sur plusieurs kilomètres. C'est là que je passerais les six nuits suivantes en divers lieux de bivouac, car le camping est officiellement interdit et je ne dois pas attirer l'attention des innombrables jardiniers et gardiens. Mais ce sera tâche facile car tous sont mobilisés par la préparation de la fête nationale du Québec, le 24 juin, pour laquelle une scène géante est en cours de montage, et l'endroit est sillonné par une foultitude de touristes venant de tous les horizons de la planète. De plus j'avais rêvé de découvrir ce site depuis ma première scolarité. Les livres d'histoire étaient alors illustrés de scènes brillament colorées et un chapitre représentant la mort de Montcalm devant les murs de Québec m'avait vivement impressionné. Depuis lors la perte du Canada m'était restée en travers de la gorge, comme une sorte d'injustice de l'Histoire. Presque tous les cent mètres, des panneaux explicatifs narrent les moindres péripéties de ce conflit et de ses suites. Le belvédère qui domine le Saint-Laurent est le point d'arrêt obligé de tous les autobus de touristes et j'entends les longs développements historiques des guides, en toutes les langues. L'un d'entre eux rappelle, pour des touristes français, que la province française de cette époque s'étendait bien au délà des frontières actuelles du Québec. L'Amérique française descendait jusqu'à la Louisiane et c'est justement parce qu'elle étoufait les treize colonies anglaises, à l'étroit dans la bande cotière limitée par la chaîne des Appalaches à l'ouest que la rivalité avait finit par prendre les proportions d'une guerre. C'est donc autant aux Etats-Unis d'aujourd'hui qu'au Québec qu'on peut trouver des descendants des premiers colons. Et de citer un nom de voiture bien connu : Cadillac. Hélas, contrairement aux anglais, personne à l'époque ne se souciait de défendre ces "quelques arpents de neige" comme le disait Voltaire. Et lorsque Bougainville (oui, celui du tour du monde) fût envoyé à Versailles plaider la cause des canadiens et demander des renforts, le ministre lui répondit qu'on ne s'occupait pas de l'écurie quand la maison brûlait, sur quoi le futur explorateur s'exclamât : "Monsieur, me prenez-vous pour un cheval ?"

mardi 20 juillet 2010

HALIFAX







Photos sur site Wikimédia ( Halifax : Thorfinn Stainforth, Peggy's Cove : Aconcagua, le phare : Bob Jagendorf)
















Parti le 10 juin au soir, ce n'est que le lendemain après-midi que le train s'arrête au terminus oriental des voies de chemin de fer de la compagnie VIA RAIL. HALIFAX, capitale de la Nouvelle Ecosse, l'ancienne Acadie Française, prise aux indiens Mic-Mac qui la peuplaient à l'origine, est une assez belle ville, le grand port sur l'Atlantique le plus proche de l'Europe et le point de débarquement des survivants du Titanic en 1912. Ce fût aussi le port de chargement pour le transport des munitions durant les deux guerres mondiales ce qui lui valût d'être presque entièrement rasée en 1917 par la plus grosse explosion de type non nucléaire de tous les temps lorsqu'un convoi entier prit feu. Un symbole frappant de cette vocation maritîme est que ce fût la ville natale du fondateur de la ligne de paquebots Cunhard.
J'ai choisi de venir ici faute d'un budget suffisant pour Terre Neuve, mais même de cette façon je dois réserver plusieurs jours au camping sauvage. La première nuit se déroule dans des conditions parfaites, au sud de la ville sur l'agréable promontoire de Pleasant Point Park, très boisé, avec une vue magnifique sur l'Océan, parsemé des ruines d'anciens ouvrages fortifiés, les tours "Martello" du nom d'une localité corse qui donna du fil à retordre aux soldats de sa grâcieuse majesté, après quoi ils furent convaincu de l'efficacité de ce type de construction au point de l'implanter pour la défense du Canada (Il y en a trois autres dans le parc des batailles à Quebec) et convenablement équipé de toilettes publiques dotées de l'eau chaude, comme toutes celles que je trouverais partout dans les parcs et jardins du Canada. Mais ensuite il n'en va plus de même lorsque je m'éloigne de l'agglomération, espérant camper sur le rivage. Je me dirige vers Peggy's cove dont Benoît m'a parlé en termes dythirambiques, mais la route qui y conduit est bordée de forêts aux arbres extrêmement serrés qui ne permettent aucune halte. Dès que je perçois une zone découverte, je m'aperçois à ma grande déconvenue qu'il s'agit d'un terrain où la rocaille alterne avec des marécages. Pas question de pouvoir y planter une tente. Et le long de la route, pas le moindre parking, les entrées de propriétés privées se succèdent sans répit avec leur panneaux inhospitaliers : "private"-"no trespassing". Le rivage n'est pas la longue plage tranquille que j'avais espéré, c'est une succession de fjords effilés entièrement occupée par des résidences de villégiature et les rares fois où la route longe la mer, le bord est escarpé et je ne peux pas poser mes fesses même pour un casse-croûte rapide. Je n'ai d'ailleurs pas intérêt à consommer trop vite : il n'y a pas la moindre épicerie en vue, même dans les (toutes..) petites localités que je traverse. Par bonheur je découvrirais par trois fois de grandes pelouses ombragées pourvues de bancs pour une halte reposante, mais où je ne souhaite pas vraiment passer la nuit : ce sont les cimetières. En flânant parmi les tombes je remarque la grande fréquence de noms français. Tous les acadiens ne furent pas chassés lorsque cette terre tomba aux mains des anglais, certains purent rester et d'autres y revinrent plus tard, ici en Nouvelle Ecosse et dans le Nouveau Brunswick voisin comme je le constaterai en voyant le drapeau tricolore bleu-blanc-rouge flotter devant certaines gares aux noms indubitablement d'origine française. Le soir venu j'arrive enfin à Peggy's Cove et je dresse ma tente derrière le parking. Le paysage de rochers est magnifique, mais j'ai le ventre vide. Il n'y a qu'un distributeur de boisson, c'est bien suffisant pour les touristes venus ici en car, voiture ou bien à la rigueur en vélo, mais aucun n'a l'idée saugrenue de venir à pied ! Et pour manger, il y a l'unique restaurant dont la spécialité, le homard, n'est pas particulièrement bon marché !
Le lendemain matin le gardien du parking s'inquiète de mes intentions, il espère que je ne compte pas rester une nuit de plus ! Je le rassure, il est visiblement ennuyé d'avoir à me dire de déguerpir, et il faut que je trouve un endroit plus convenable. Il m'indique que les campings se trouvent en fait sur l'autre route en provenance d'Halifax, par le nord, alors que j'avais suivi la route du sud. Je passe la nuit suivante dans le premier d'entre eux, cher : 23 $, presqu'autant qu'une nuit en auberge de jeunesse. Et toujours pas d'épicerie en vue en dehors de celle située à deux kilomètres de Peggy's Cove où j'ai pu me ravitailler ce matin. Ce n'est pas un problème pour les autres résidents qui ont tous un camping car. Il y a même un gigantesque autobus transformé dont les propriétaires regardent "Jurassic Parc" sur l'écran géant de leur salon, dos à l'océan. Le temps est plutôt grisâtre et je finis par me décider à rentrer à Halifax par la route du nord. A partir de Tantallon, il y a effectivement une belle piste cyclable parallèle à la route, mais entourée par la forêt, beaucoup plus agréable que celle que j'avais prise à l'aller. Si elle ne longe pas la mer, elle passe néanmoins devant plusieurs lacs dont l'eau à l'aspect noirâtre ne décourage pas les baigneurs.

lundi 19 juillet 2010

MONTREAL 1




















Photos sur site Wikimédia (Pont : Siqbal, vue panoramique : G. Baranski, port : Jacquie Atamanuk, dôme : Eberhard von Nellenburg)







Lundi 7 juin
Me voici en terre de langue française. A l'auberge de jeunesse, lorsque je réserve la nuit du 1° juillet en prévision de mon départ le 2 et que je précise que ce jour est la fête nationale du Canada, on me fait bien comprendre qu'ici, le Canada, on s'en fout et qu'il ne se passera rien de spécial à Montréal. Ca n'est pas exact, il y aura un défilé, mais ça me met tout de suite dans l'ambiance. On insiste : la fête nationale du Québec, c'est le 24 juin et quand je réponds que, justement, ce jour là je serais à Québec, je remonte un peu dans l'estime de la jeune femme qui me garantit que là alors, ce sera la fête. Je profite d'être ici pour revoir Benoît Tousignant que j'avais rencontré il y a deux ans, à Khiva en Ouzbékistan. J'avais remarqué un type avec un vélo plein de sacoches et j'en avais inféré qu'il devait s'agir d'un gars en tour du monde. Je l'avais donc abordé et ma supposition s'est révélée exacte. Depuis j'avais suivi sa progression sur son beau site : http://www.cstrois-lacs.qc.ca/cyclonomade et je ne pouvais manquer de le recontacter en passant si près de chez lui. Mais ce fût de justesse car trois jours plus tard il repartait pour de nouvelles aventures, toujours à vélo, toujours préoccupé par des questions environnementales et de pédagogie, mais exclusivement en Afrique francophone cette fois-ci. Je ne pouvais que le remercier chaleureusement de me consacrer quelques heures arrachées à un emploi du temps plutôt frénétique. Pour ce voyage, on peut le suivre à partir du site précédent, mais il a créé un nouveau site bien à lui : http://benoit-tousignant.com/aventures-africaines/ou-est-cyclonomade.asp car sa profession consiste précisément à enseigner l'informatique. Je m'informe auprès de lui de la situation politique et économique du Québec, cette dernière très dépendante de l'approvisionnement énergétique. Et je me renseigne sur la suite de mon itinéraire : j'avais envisagé de me rendre à la pointe extrême orientale du Canada, la localité de Saint John sur l'île de Terre Neuve, mais je me rends compte à présent que j'ai largement sous estimé les distances, le coût des transports et la rigueur du climat encore quasi hivernal en cette fin du mois de juin. Je me contenterai de la Nouvelle Ecosse, l'ancienne Acadie, terre d'origine des cajuns de Louisiane.
Montréal me semble un petit New York bien que j'estime le nombre des grattes-ciel guère supérieur à celui de la Défense, mais étirés en longueur parallèlement au Saint-Laurent ils dessinent une perspective typique des grandes villes de l'Amérique du Nord. La partie sud-occidentale surtout est majoritairement anglophone tandis que la zone nord-orientale est la vieille ville, limitée à une unique artère parallèle au vieux port, petite donc, mais charmante grâce à son air "vieille France". Tout le long du Saint Laurent s'entrelacent les pistes cyclables bordées de gazon, jusque de l'autre côté du pont Jacques Cartier, sur l'île Drapeau, où le stabile de Calder est l'un des rares monuments (avec l'ancien pavillon des Etats-Unis devenu la Biosphère et l'ancien pavillon de la France devenu...le casino de Montréal !) permettant de se souvenir qu'à Montréal aussi il y a eu une exposition universelle en 1967. A propos d'île, Montréal en est une dailleurs, un bras du fleuve la contourne par le nord. Ce qui empêche de s'en rendre compte, c'est la colline, pompeusement baptisée "Mont Royal", aménagée en parc et d'où la vue, depuis le belvédère, est effectivement ravissante. Ce parc est peuplé de myriades d'écureuils et en redescendant par le versant nord-est j'ai même pu observer un ragondin près d'un marchand de glace chez qui il était venu se rafraîchir.

vendredi 16 juillet 2010

OTTAWA

Photos publiques (sur site Wikimédia : La reine : cliché de Fishhead64, le parlement : Steven W. Dengler)
Samedi 5 juin.

Pour gagner Ottawa à partir de Niagara, il faut repasser par Toronto. Mais l'arrêt dans cette gare est moins long qu'à l'aller, tout juste suffisant pour confirmer qu'en ce samedi après-midi le centre ville est désert, la plupart des commerces fermés. Il est presque minuit lorsque j'arrive à la gare d'Ottawa, très éloignée du centre, séparé par de vastes espaces verts où j'envisage de camper. Mais il fait froid et le ciel est couvert. Ce n'est qu'après une longue errance le long des pelouses qui bordent la rivière locale, le "Rideau", que je finis par trouver un endroit abrité pour passer le restant de la nuit et bientôt il se met à pleuvoir. Au matin je m'aperçois que j'ai dérivé très au sud et je remonte en croisant les joggers du dimanche encapuchonnés. Je suis heureux de prendre un lit au sec dans une cellule du "Ottawa Jail Hostel", une ancienne prison reconvertie en auberge de jeunesse, où l'on paye 30 $ pour dormir derrière des barreaux !
Je profite d'une accalmie l'après-midi pour visiter la capitale du Canada et ses bâtiments massifs et pompeux de style néo-gothique : c'est justement aujourd'hui la journée du patrimoine. Cette ville a été construite sur la rive sud du fleuve des Outtaouais, que l'on domine depuis le site de Parlement Hill. De l'autre côté, c'est le Quebec. Si celui-ci finit par obtenir son indépendance un jour futur, la capitale du Canada sera alors à sa frontière ! En attendant cette éventualité, la reine Elizabeth dont la statue à cheval trône à côté du parlement, est toujours le chef d'état en titre et s'apprête à rendre visite à ses sujets loyaux à la fin du mois, après le sommet du G8.

jeudi 15 juillet 2010

NIAGARA







Photos de Pascal Reusch et S. Bittante (sur site Wikimédia)

Vendredi 4 juin. Je découvre ce matin un des sites les plus connus de la terre et un de ceux que j'ai le plus longtemps attendu, puisque le désir de le voir date de mon enfance. Arrivé hier soir et installé à l'auberge de jeunesse toute proche de la gare, je suis aussi tout près des Etats-Unis, de l'autre côté de la rivière Niagara et au bout du pont qui la franchit, mais où je ne me rendrais pas faute d'un passeport biométrique, le mien datant d'il y a dix ans étant encore valable de ce côté de la frontière. Les chutes sont de toutes façons bien mieux visibles du rivage canadien. Depuis l'auberge le chemin longe la rivière qui a creusé un profond ravin, aux falaises à pic, parfois effondrées, usées par le courant. Plus bas en direction du lac Ontario, les touristes peuvent se donner des frissons en chevauchant les eaux écumantes du "Whirlpool". J'aperçois bientôt une tache blanche en dessous de l'arche du pont qui permet de franchir la rivière, juste en aval des chutes. Une promenade aménagée permet de surplomber le site et de contempler cette merveille de la nature d'en-haut. Ayant déja vu les chutes d'Iguazu, au Brésil, j'avais peur d'être un peu déçu, mais non, ici aussi la fureur des eaux offre un spectacle d'une beauté à couper le souffle et si les environs présentent à la vue plus de béton que de palmiers, je n'en ai cure puisqu'ils sont dans mon dos et que je suis trop fasciné par ce que je vois devant moi pour me retourner inutilement. Je continue jusqu'au site d'une bataille anglo-américaine de 1815 où s'élevait autrefois un fort : aujourd'hui c'est un parking environné d'immenses pelouses et de coins à pique-niques aménagés avec tables et jeux pour enfants. Un moment je crains l'arrivée de sombres nuages, mais en fin d'après-midi c'est un brillant arc-en-ciel multicolore qui se dessine sur la bruine vaporeuse qui émerge du gouffre, au bord duquel des milliers de mouettes attendent patiemment que ce broyeur géant leur fournisse leur ration quotidienne de poisson hâché. Je m'en retourne par la même route, évitant le capharnaüm du centre et ses attractions artificielles et coûteuses, vaines rivales de celles données gratuitement par la nature. Je n'aurais pas le temps, à mon grand regret, d'effectuer la tournée des nombreux vignobles aperçus depuis le train, mais j'ai déja eu l'occasion en France de goûter leur production, étonné d'apprendre l'existence de la viticulture dans cette région, la plus méridionnale du Canada, of course, mais aux hivers néanmoins aussi rigoureux qu'ailleurs dans ce pays.

Platitude


Toronto.Photo de Dave Minogue (Sur site Wikimédia)
Aujourd'hui 1° juin, nous finissons de traverser les plaines du Saskatchewan, avec un court arrêt à Saskatoon, avant d'attaquer les plaines du Manitoba, puis demain celles de l'Ontario. En dehors des champs qui tapissent la platitude infinie avec par ci par là quelques bâtiments typiques des fermes américaines, l'hôtesse ne peut signaler à notre attention faiblissante et engourdie qu'un puit de mine de potasse, cet état en serait le plus grand producteur du monde, en mentionnant également l'autre ressource minière, l'uranium, et quelque part le long de cet interminable parcours, une petite agglomération se distingue par la présence de la plus grande bouteille de coca-cola de la planète, mais j'en ai déja oublié le nom. Voilà tout l'intérêt de ces états du centre du Canada dont chacun a pourtant une superficie plus étendue que celle de la France !

Un peu avant la tombée de la nuit nous parvenons à Winnipeg qui vient de subir des pluies torrentielles cinq jours consécutifs. A sept heures du soir le centre ville où je m'aventure pour renouveller mon stock de vivre est déserté. Je constaterai rapidement qu'au Canada, on se couche tôt. Inutile de se présenter dans la plupart des restaurants après huit heures du soir !

La journée entière du 2 juin se déroule dans une succession de forêts et de lacs sans autre trace d'agglomération que quelques cabanes de vacances sur les rivages. Nous sommes dans l'Ontario à présent et nous atteignons sa capitale , Toronto, le matin suivant, 3 juin. Comme le départ du train pour Niagara Falls n'est qu'à 17h45, j'ai tout mon temps pour visiter la plus grande ville du Canada qui sera le siège du sommet des huits, puis des vingts puissances les plus riches du monde à la fin du mois et qui s'inquiète à l'avance de l'arrivée inéluctable des casseurs et des mesures de sécurité assorties, dont la fermeture totale du centre-ville. Je longe la rive du lac Ontario : ici comme à Vancouver, une piste cyclable a été aménagée, traversant une série de quais, jardins et parcs fleuris. Dans l'eau du port baigne un couple de cygnes avec 3 petits, monopolisant l'attention des photographes. Je termine la visite irrésistiblement attiré par le quartier de Chinatown, décidément incapable de résoudre mon esprit à quitter la Chine pour de bon ! J'y suis rejoint par une averse qui me force à gagner la gare malgré tout.

lundi 12 juillet 2010

Tchouk Tchouk Tchouk



















Photos publiques (site Wikimédia)



Départ ce dimanche 30 mai à 20h30. L'embarquement se fait selon le rituel des aéroports, avec enregistrement et procession réglée vers les wagons où nous sommes accueillis par des stewards et des hôtesses bien plus que par des contrôleurs. Toutes les communications se font en deux temps : anglais et français. Depuis que je suis arrivé au Canada, j'apprécie de pouvoir à nouveau parler ma langue, bien que je n'éprouve aucune difficulté avec la langue de Shakespeare.En même temps,un peu de l'exotisme du voyage s'efface, sauf en ce qui concerne le sympathique accent local ! Et le vocabulaire d'ici nécessite parfois un petit apprentissage, comme lorsqu'un garçon de café me demande de prendre un "cabaret" : je ne saisis pas tout de suite qu'il s'agit d'un plateau ! La voie ferrée longe la rivière Fraser et s'enfonce à l'intérieur de la Colombie Britanique, vers les sommets des Rocheuses que nous n'atteindrons que le lendemain dans la journée. Le train s'ébranle et prend sa vitesse de croisière, celle d'un tortillard et sa progression est entrecoupée de nombreux arrêts. Il n'y a généralement aucune barrière aux passages à niveau et la locomotive s' annonce en émettant de longs et stridents sifflements avant de franchir la route presqu'au pas. Et puis il y a ce pour quoi le chemin de fer a réellement été construit : nous croisons d'immenses convois de 120 à 150 wagons de marchandises qui ont la priorité sur nous. Ce croisement ne peut se faire partout car sur de longs trajets la voie est unique et il faut en conséquence stationner là ou elle a été dédoublée à cet effet pour permettre de laisser passer les trains en sens inverse, dont je ne verrais pas un seul de passagers comme le nôtre, rien que des marchandises, le plus souvent containers, minerais et charbon, en direction du port de Vancouver.
Au petit matin suivant, encore mal réveillé après une nuit recroquevillé dans le fauteuil, je distingue des silhouettes qui se dirigent vers le salon panoramique dans l'intention d'assister au lever du soleil. Je les rejoins, mais nous longeons toujours la Fraser au centre d'une vallée entre deux rangées de collines caillouteuses à l'herbe rase. De temps en temps on aperçoit le nid d'un aigle des rocheuses au sommet d'un vieux poteau télégraphique ou d'un arbre et bientôt l'aigle lui-même. A part ça, pas grand-chose de remarquable jusqu'en fin de matinée. Après que la Fraser ait dessiné une succession de lacs assez étendus, nous arrivons enfin au centre des Rocheuses canadiennes. Pour qui a vécu, comme moi, plus de vingt ans dans les Alpes, les Rocheuses ne sont guères impressionantes. Mais leur intérêt n'est pas dans leur puissance : ce qui les rend uniques, c'est l'absence quasi-totale d' artéfacts humain. Sur des centaines de kilomètres, on distingue à peine une dizaine de cabanes en bois pourrissant. On ne perçoit que des sommets enneigés et d'immenses forêts qu'on jugerait primordiales. C'est cette sensation de virginité, à l'écart de la moindre trace de présence humaine, habilement entretenue par l'administration des parcs naturels canadiens qui furent parmi les premiers créés au monde, qui donne toute sa valeur à ce parcours soigneusement aménagé par Via Rail pour ses clients.

Nous atteignons le mont Robson, point culminant (3954m) de la région, mais pas des Rocheuses, contrairement à ce qu'affirme l'hôtesse dans son micro. En revanche, ce qui paraît exact, c'est que son sommet est enveloppé de nuages d'une façon permanente et qu'il ne serait visible qu'environ 14 jours par an. Nous arrivons finalement à Jasper pour une halte de deux heures dont je profite pour me ravitailler au supermarché. Nous ne sommes plus dans la Colombie britanique, mais dans l'Alberta. Ici la moindre relique datant du temps des pionniers fait l'objet d'un culte. Tout les cent mètres, un panneau signale un endroit marquant de la conquête de l'ouest et détaille l'histoire des péripéties de cette lente progression. Une nation neuve comme le Canada fait preuve de beaucoup d'intérêt pour sa courte histoire et je trouverai de semblables panneaux informatifs jusqu'à Halifax. Jasper marque la fin des Rocheuses. Je verrai encore la forme sombre d'un ours brun traverser la voie juste devant notre locomotive durant notre traversée des dernières collines, mais lorsque nous atteignons Edmonton, le soir venu, nous sommes désormais dans les plaines de l'Alberta.

mercredi 7 juillet 2010

VANCOUVER




Photos publiques dans Wikimédia






Aujourd'hui, vendredi 28 mai, il est 15 heures 40 lorsque l'avion de Hong-Kong atterrit à Vancouver. Pourtant nous avions décollé ce même jour à 18 heures 10. Arriver avant d'être parti, voilà le miracle de la ligne de changement de date et de la technologie moderne conjugués. Un article d'une revue scientifique le souligne, d'ailleurs, "le temps n'existe pas". A propos de temps, ici la grisaille s'ingénie à ne pas vouloir démentir le surnom de "Wet coast" donné par dérision à la Colombie britannique, un jeu de mots pour ce qui est en fait la "West coast". La Vancouver des jeux olympiques d'hiver était bien plus ensoleillée. Ce n'est que le 3° jour de mon séjour que je pourrais enfin distinguer les contours des montagnes environnantes et du site de Whistler. L'accueil est cependant chaleureux. Le policier des frontières me demande s'il doit "me servir" en français. Je reste cois, incertain d'avoir bien compris. L'homme s'inquiète à son tour : a-t-il parlé français correctement ? Le moment d'ébahissement passé, je le rassure : non, il parle excellement français, mais je ne m'attendais pas à un tel language venant d'un fonctionnaire (je ne précise pas : encore moins venant d'un policier !) ce serait tout à fait inattendu dans la vieille Europe. Plus tard, au moment du sommet de Toronto, les policiers canadiens montreront qu'ils sont capables de brutalité autant que les notres, mais pour l'heure je baigne dans l'euphorie des moeurs de ce nouveau continent. Je gagne le centre ville et après avoir pris ma chambre je me rends à la gare pour échanger le voucher contre le railpass d'une durée de un mois que je vais bientôt utiliser pour traverser tout le Canada. Dans ce pays, le train est un moyen de transport archaïque et folklorique, car quand on ne peut pas prendre sa voiture on prend l'avion et, si l'on n'a que des petits moyens, le bus est plus avantageux. La plupart des voyageurs sont des retraités qui ont tout leur temps pour faire du tourisme à l'ancienne. Le guichet et les employés me font l'impression de revivre un vieux film d'avant-guerre, même s'ils utilisent à présent un ordinateur, dont l'écran est caché dans les boiseries. Un unique train de quelques wagons s'ennuie sur l'unique quai. Nous sommes loin de la gare de Lyon au moment des départs en vacances !


Pour regagner le centre, je passe par Chinatown et je mange encore une fois dans un restaurant chinois, à peine plus cher qu'à Hong-Kong. C'est ce qui existe de moins onéreux, en plus d'être bon ! Il va falloir que je m'habitue à des prix 3 à 10 fois plus élevés qu'en Chine. Il ne suffit pas de lire l'étiquette pour les connaître : les taxes et le service ne sont pas inclus. Durant mon voyage l'euro a connu une grave crise. Il est tombé au plus bas tandis que le dollar canadien ne s'est jamais aussi bien porté, il vaut maintenant autant que le dollar tout court, le billet vert. Je vais avoir du mal à tenir 35 jours à ce tarif, mais je ne peux pas changer la date de mon vol de retour, sinon en payant plus qu'il n'en vaut la peine.


Le front de mer est prestigieux, d'immenses navires de croisières y sont amarrés. Un gigantesque globe terrestre tournant lentement sur lui-même est suspendu sous le plafond du grand hall du centre de conférences international. Je ne me lasse pas de le contempler et d'y situer mes parcours. Le jour suivant, c'est trempé jusqu'aux os que je parviens jusqu'aux grands totems dans le parc Stanley, de l'autre côté du port. La pluie ne décourage pas les nombreux usagers de la piste cyclable. D'ailleurs, s'ils devaient attendre le beau temps, ils ne sortiraient jamais ! Malgré ce handicap, Je découvre précisément à ce moment un classement des villes les plus agréables du monde, sur internet, et Vancouver y figure en 4° position ! ça doit en tout cas être l'avis des innombrables palmipèdes (bernaches, appelées ici outardes) qui se prélassent sur un gazon d'un vert à faire pâlir ceux d'Angleterre de jalousie, complètement indifférents aux promeneurs. Et il y a aussi des échassiers sur les bateaux du port. Visiblement, les canadiens ont un grand respect pour la nature et vivent en parfaite coexistence avec nos amis à poils ou à plumes.

vendredi 2 juillet 2010

Hong-Kong




Xiānggǎng   香港













Comme New-York, une cité de la verticalité


Et un chantier permanent.





Une des plus belles rades de la planète.













Mais les HLM-clapiers sont encore plus sinistres la nuit.














Heureusement, si on a le portefeuille bien rempli, on peut aller s'amuser dans les bateaux-restaurants, mais l'alcool aidant, on en ressort généralement avec la vue passablement brouillée !









La frontiere entre la Chine continentale et Hong-Kong est un morceau d' histoire figée. Les barbelés, blockhaus et fossés profonds du no-mand s land sont restés intacts comme à l' époque où ils séparaient deux pays complètement différents, démentants la fiction officielle que Hong-Kong est une partie de la Chine. En fait, la barriere vise beaucoup plus a protéger l'interieur d' une éventuelle contagion de la démocratie et de la liberté que d' aucune hypothétique attaque de la part des diables étrangers. C est que Hong-Kong a tout d'une île britannique miniature, on y roule à gauche, les uniformes des policiers sont calqués sur ceux du Royaume Uni, les autobus a impériales ne dépareraient pas à Londres et bien sûr, même si l'immense majorité de la population s'exprime en cantonais, tous les panneaux et toute la signalétique sont rédigés en anglais, ce qui facilite grandement, il faut le reconnaître, la vie des nombreux expatriés qui font vivre cette importante place financière et commerciale. Un autre souvenir de l'époque révolue est l'ancienne forteresse de Mount David, transformée en auberge de jeunesse dotée d'un des plus beaux sites de la terre : près du sommet courronné d'antennes de télécommunications, dans un site largement délaissé bien que jardin public, parce qu'excentré à l'ouest de l'île, elle domine toute la rade et son intense et incessant trafic, un privilège dont ne jouissent certainement pas les touristes qui dépensent une fortune pour habiter les grattes-ciels qui se font mutuellement de l'ombre. Une navette gratuite compense l'éloignement, indispensable pour le ravitaillement. Mais en arrivant, c'est à pied que je gravis la pente couverte d'une forêt tropicale dense : nous sommes ici en-dessous du tropique du Cancer. Une petite équipe de photographes, sans doute pour un roman-photo, travaille dans les ruines du fort. Le lendemain alors que je flâne sur le port d'embarquement pour Macao, un spectacle macabre attire mon attention sur la face cachée derrière la façade rutilante : on repêche le cadavre d'un noyé, balloté par les flots juste devant les hydro-foils et leur clientèle huppée. Je me perds en conjectures sur le sort du malheureux. J'entends dire que parfois les misérables jettent les corps à la mer simplement pour éviter les frais d'enterrement.
Le dernier jour je visite un endroit plus réjouissant, le magnifique parc aux oiseaux, certainement bien plus petit que celui de Singapour, mais gratuit celui-là et tout aussi enchanteur. En parcourant les marchés de la ville, je constate de visu que si les chinois mangent parfois des oeufs pourris, les produits frais ne manquent pas pour autant : Si vous souhaitez acheter un poulet, on lui coupe le cou et le plume devant vous. Quant aux poissons et aux crustacés, ils ne tiennent pas en place dans leurs bassins et atterrissent parfois sur le goudron.