CHINE 2001






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Chine 2001 sur une carte plus grande



CHINE 2001

Pays le plus peuplé de la terre, dernière estimation : 1 338 000 000 d' habitants, et troisième pays du monde par la superficie : 9 641 144 km2, la Chine est récemment devenue la seconde économie du globe et continue de progresser à un rythme infernal, dévorée par l' ambition de reprendre la place qui était la sienne juste avant le décollage de l' expansion européenne à la Renaissance : la première.





Ce voyage est le deuxième que je fais en Chine. Je m'y suis rendu en 2001 pour effectuer une "ultime croisière" avant que les superbes défilés des Trois Gorges soient inondés par la mise en eaux du plus grand barrage du monde

PEKIN
 běijīng



Installation dans un hôtel du quartier nord-est, près du zoo.




Nous arrivons dans une ville en pleine frénésie de construction en préparation pour les jeux olympiques dans sept ans, à notre grand dépit de parisiens qui ont vu s'échapper la timbale il y a quelques semaines.









Première visite : l'allée des tombeaux Ming  Míng shísān líng  明十三陵  .



Porte à l'entrée de la "voie des esprits"  Shéndào 

C'est une longue allée bordée de sculptures d'animaux mythiques ou réels, représentés par paires de chaque côté de la voie, dabord assis ou couchés, ensuite debout, puis de hauts dignitaires par rang croissant, à quelques kilomètres des tombeaux des empereurs Ming.





               Lion (shī zi  )



bìxié  辟邪





Le chameau (luò tuo )







L'éléphant (dà xiàng )




                                          Un qílín 麒麟 (animal mythique)








Cheval (mǎ )





Après les animaux, les ministres, en commençant par les moins cotés : les militaires.


Puis les civils.




Plus au nord, à Changling   长陵  les tombes elles-même.


De là nous partons pour l'incontournable visite à la Grande Muraille de dix mille li : Wànlǐ Chángchéng  (万里长城)  sur le site le plus proche, la passe au sud de Bādálǐng  (八達嶺) 
 Jūyōng Guān ( 居庸關 )














Autre incontournable de toute visite à Pékin : la Cité Interdite  Zǐjinchéng  (  ) devenue le "musée de l'ancien palais"  Gùgōng Bówùyùan (  )



Les photos d'intérieur sont rendues très difficiles par la bousculade aux barrières et par l'absence d'éclairage nécessaire à la protection des meubles et peintures.

















Plus agréable est la visite au Palais d' été  Yíhé Yuán     grâce à la fraîcheur de ses plans d'eau.


















L'impératrice Tseu-hi (Cíxǐ 慈禧 ) utilisa le budget que ses ministres avaient voulu consacrer à créer une marine militaire chinoise pour construire ce navire de marbre, peut-être beau mais tout à fait inutile pour combattre les occidentaux !







XIAN
Xī'ān
 西



La ville ancienne était entourée par une muraille de plan carré.





Au centre de ce carré se situe la tour de la cloche de Xian ( 西安钟楼 ) Toute ville chinoise d'importance possédait en effet un couple de monuments destinés à procurer l'heure aux sujets de l'empereur , une tour de la cloche : zhōng  lóu  ( 钟楼 ) et une tour du tambour gǔ lóu  ( 鼓楼 )


La petite pagode de l'oie ( Xiǎoyàn Tǎ  小雁塔 ) fut construite en 707-709 comme sa soeur la grande pagode de l'oie pour recueillir les manuscrits bouddhistes que le moine Xuánzàng     (596-664) était allé chercher en Inde lors d'un périple fameux qui inspira l'un des plus célèbres récits de la littérature chinoise, le "Voyage en occident" Xī Yóu Jì (西記)




Ce sont les moines bouddhistes qui sont responsables du développement des arts martiaux traditionnels en Chine.







Le musée de la forêt des stèles  Bēilín ( 碑林 )






L'une des stèles (pas celle-ci) décrit l'introduction en Chine du christianisme nestorien. Elle est datée du 07/01/781.




Une autre des grandes religions très anciennement présentes dans la capitale des Tangs ( táng  唐)...




C'est l'islam : la grande mosquée de Xian  Xī’ān Dà Qīngzhēnsì  西安大清真寺.

                                      Dàzú Shíkè

 大足石刻


Excursion aux grottes bouddhiques de    (près de Chong Qing) dont les sculptures ont été réalisées entre le VII° et le XIV° siècle de notre ère. en chinois signifie : grand pied . Il y a cinq sites différents aux environs de la ville. Nous ne visiterons que les deux principaux :

                                      bǎo dǐng  shān    寶 頂 山
























                                                                              


Et l'autre site : běi shān   北山.










Chóngqìng

重慶


Après la visite à Dazu nous regagnons Chong Qing pour nous embarquer sur la croisière sur le Yang zi Jiang.

La ville est située au confluent du Yángzǐ Jiāng   扬子江  plus communément appelé   Chángjiāng  長江 (le Long Fleuve) et de son affluent, le Jīalíng Jiāng  嘉陵江.
 Cette situation caractéristique facilita grandement la tâche des pilotes japonais de bombardement alors que la cité était devenue le refuge du gouvernement nationaliste de Chiang Kaï-chek (Jiǎng Jièshí  蔣介石) lors de la deuxième guerre mondiale au cours de laquelle la ville subit beaucoup de destructions.



C'est une ville extrêmement pluvieuse et qui a la réputation d'être un des trois "fours" de la Chine, en été.

C'est donc notre point de départ pour cette croisière sur le troisième plus long fleuve du monde après l' Amazone et le Nil.









CROISIERE DES TROIS GORGES

Sānxiá  三峽



Première halte à la cité des fantômes Fēngdū (豐都) avec son temple taoïste suprêmement kitsch.




La ville basse sera totalement engloutie par la montée des eaux du barrage.



Première série de gorges, celles de Qū​táng​xiá​ 瞿塘峡. Après la ville de Baidicheng (bái chéng)  (白帝城) on entre par la porte de Kuimen (kuí mén)  (夔门) dans un étroit défilé entre les montagnes de Chijia ( chì jiá ) (赤甲山) au nord et celles de Baiyan (bái yán )  (白盐山) au sud. Ce passage est le plus court des trois (8 km) mais le plus spectaculaire.
 
 
 
                                                                  






































A la sortie du défilé et avant d'entrer dans la série de gorges suivante, celle de Wū Xiá (巫峽), nous faisons une halte dans la ville de Wūshān ( 巫山) pour une minicroisière dans le site des trois petites gorges, xiǎo sān xiá (小三峡 ) creusées par un affluent du grand fleuve, la rivière Daning (  níng hé )   大宁河  :

Des petites gorges à l' intérieur des grandes.








Ces images appartiennent désormais à un passé révolu puisque ces petites gorges sont aujourd'hui entièrement submergées sous les eaux de la retenue du grand barrage, obligeant les haleurs qui tiraient nos barques et les petits vendeurs qui attendaient les clients au bout de la promenade à une reconversion forcée en plus d'un déménagement obligatoire.




La croisière continue ensuite par les gorges   xiá  (巫峡) longues de 45 km et moins spectaculaires que les précédentes...




Quoique...




Et après la traversée de la troisième série, les gorges de  Xīlíng  (西 陵 峽 ) les plus longues avec 66 km, nous atteignons enfin au coucher de soleil le site de construction du plus grand barrage du monde à Sāndòupíng  (三鬥坪)






Le lendemain matin arrivée au terminus de la croisière (pour nous seulement, car le fleuve continue sa longue marche sur encore plusieurs milliers de kilomètres) la ville de  Yíchāng ( 宜昌) en passant sous l'immense pont presqu'achevé à l'exception d'une seule travée :




                                                 Wǔhàn    ( 武漢 )

                            Wu Han, coeur de la Chine, ville industrielle (usines Peugeot) et point de départ de l' agitation républicaine en 1911, est constituée par la réunion (en 1927) de trois villes distinctes : Wǔchāng  (武昌) Hànkǒu  (漢口) et Hànyáng   (漢陽) établies de part et d'autre du fleuve.



Vue de la chambre de mon hôtel...



Une ville industrielle, je vous ai dit !






Bon, il y a quand même deux ou trois monuments anciens parmi lesquels le "Guiyuan Si"  ( guī  歸 yuán sì ) ( 归元寺)




Hángzhōu    (杭州)

Il ne reste plus rien de l'ancienne capitale des Sòng ( 宋) du sud visitée par Marco Polo qui en fait une description extatique, sauf bien sûr le fameux "Lac de l' ouest" (xī hú 西湖 ) chanté par les poètes.















Le temple Língyǐn Sì ( 靈 隐 寺 ) fondé en 328 a été reconstruit (au moins) 16 fois depuis. Ce fut un des principaux centres de la secte Chán  禪 (ou Zen en japonais )






Nous nous rendons ensuite aux plantations voisines de thé de  lóng  jǐng 龍 井 (le puits du dragon) les plus réputées de Chine.








flânerie



Entrée dans la forêt de bambou : zhú   lín   林.


Sūzhōu  蘇州 



上有天堂,下有苏杭

shàng yǒu tiāntáng, xià yǒu sū háng

« au ciel il y a le paradis, sur terre il y a Suzhou et Hangzhou ».


La ville est réputée pour l'industrie de la soie et ses magnifiques résidences et jardins typiques.
Nous visitons dabord la villa du "Maître aux filets"

 Wǎngshī Yuán  網師園 .

















Puis après une promenade sur les ponts...










Nous entamons la visite du jardin "de la politique des simples", en anglais "humble administrator" sans doute par antithèse car c'est le plus grand (5 hectares) alors si celui-là était simple que devaient être les jardins des prétentieux ?

  Zhuōzhèng Yuán  拙政園.




















Embarquement pour silloner les canaux de la Venise de l' Orient.











Le voyage s'achève à

                     Shànghǎi  上海
  
                                          





 
 






                                                      ULTIME CROISIERE



Le trafic extrêmement dense d'une mutitude de jonques, sampans, péniches, ferries, hydroglisseurs, vedettes rapides, yachts de luxe et cargos de haute mer ne s'est pas brusquement interrompu dans les jours qui ont suivis cette « ultime croisière » sur le Chang Jiang (Long Fleuve en chinois) autrement nommé en Occident : Yang Tsé Kiang, le troisième plus long cours d'eau de la planète après le Nil et l'Amazone. Non. Mais la navigation s'effectue désormais en toute tranquillité sur les eaux calmes et plates de lacs endormis au fond desquels gisent engloutis à jamais les paysages à la célébrité millénaire d'une succession de percées étroites par lesquelles s'engouffraient les flots tumultueux forçant le passage au travers d'immenses et vertigineuses falaises. Le plus grand barrage du monde, celui des « Trois Gorges », venait d'être achevé et la lente et inexorable montée des eaux signifiait la chronique d'une mort annoncée, la fin d'une époque, sacrifiée sur l'autel des froides nécéssités économiques et de l'avenir radieux de la nouvelle Chine. Il me fallait être le témoin de l'agonie d'un univers condamné, puisque je le pouvais encore.

Le point de départ est la ville de Chong Qing, connue autrefois pour avoir été le siège de la résistance à l'avancée japonaise au cours de la seconde guerre mondiale, dernier refuge de la Chine nationaliste de Chang Kai Tchek. Elle fût intensément bombardée car son site à la jonction de deux rivières était aisément repérable par les nuits de pleine lune. On y trouve un petit musée du mariage au décor d' « épouses et concubines », qui dévoile un des ressorts secrets à l'origine de bien des bouleversements historiques. C'est en effet pour échapper au mariage arrangé (et forcé) que toute une génération de jeunes hommes issus de familles campagnardes aisées s'exilèrent dans les grandes villes où ils furent séduits par les idées nouvelles et révolutionnaires. Parmi les convertis : Mao Ze Dong et Zhou En Lai, petites causes, grands effets.

Avant de nous embarquer, nous visitons le site proche de Da Zu, beaucoup moins connu que les trois grands : Da Tong, Luo Yang et Dun Huang, plus tardif, mais dont les sculptures polychromes dans les grottes et à flanc de colline évoquent au moyen d'une profusion créative et expressive une véritable encyclopédie de la mythologie bouddhiste, ses enfers et ses paradis, à l'intention d'un public illettré tout comme à la même époque le faisaient les maçons de nos cathédrales à l'usage des masses chrétiennes. Les paysans de cette province avaient sûrement un bon karma puisque c'est avec eux que Zhao Ziyang expérimenta la réforme économique dont les excellents résultats le propulsèrent au sommet du pouvoir où il put donner une impulsion irrésistible au décollage de la Chine grâce à la remise en honneur de la notion de profit.
La région de Chong Qing est l'une des plus arrosées de la terre et ses habitants semblent ne pouvoir se faire une idée du soleil qu'en le regardant à la télévision. Notre navire quitte le quai et s'élance au milieu des eaux boueuses colorées par le limon des vallées himalayennes d'une teinte assez proche de celle des égouts.,sous un ciel gris, lourd et bas. Sur les rives de chaque côté alternent les grandes carcasses délabrées de hangars couverts de suie, les hautes cheminées vomissant des panaches de fumées noires nauséabondes, les entrepôts poussiéreux aux vitres brisées et les cahutes misérables dessinant un paysage de cauchemar industriel que l'on croyait révolu depuis l'Angleterre de Dickens. Nous sommes aux antipodes de l'image riante qui vient à l'esprit lorsqu'on parle de croisière et je m'inquiète pour la suite du voyage. Mais le lendemain nous atteignons la limite de la municipalité autonome, et avec elle celle de l'exploitation à outrance caractéristique des zones de développement spéciales.
A l'arrêt de Feng Du un télésiège permet d'accéder au Ming Shan, le temple du roi des enfers, doté de statues parfois érotiques mais le plus souvent représentant des divinités protectrices grimaçantes et l'on nous explique tous les protocoles censés garantir prospérité et bonheur, par exemple l'endroit où il faut absolument avancer le pied droit et non le gauche. Les 54582 habitants de la ville qui s'étale à nos pieds n'ont pas dû faire preuve de piété puisque les voilà obligés de déménager dans une cité construite à leur intention sur les hauteurs de la rive en face, des bâtiments carrés, uniformes et sans âme à la place de leurs ruelles labyrinthiques et malsaines, peuplées de fantômes et imbibées de la mémoire de leur passé séculaire où un spectacle d'enfants jongleurs et équilibristes sollicite notre attention blasée.

Au milieu des gorges se cache une rivière. Nous abordons et nous laissons transférer dans des barques halées par des bateliers remontant le courant entre deux parois de roches verticales. On nous fait observer des cavités haut perchées où l'on disposait on ne sait trop comment les corps des morts de cette tribu. Pas suffisament en hauteur cependant pour leur éviter la prochaîne inondation dont aucun de leurs ancêtres n'aurait pû imaginer qu'elle fût possible. Ces pauvres hères qui nous hissent en chantant, pieds nus sur le gravier, vont perdre d'un coup leur passé et leur avenir avec l'engloutissement de cette rivière qui est tout à la fois leur cimetière et leur gagne-pain.



Au soir du troisième jour, saturés de paysages dantesques et comblés d'admiration pour la maîtrise réclamée par cette navigation périlleuse à l'affut constant des écueuils, nous franchissons les portes d'un ouvrage d'art titanesque hérissé de grues et éclairé à giorno pour permettre le travail ininterrompu d'une armée d'ouvriers. Depuis ses débuts à Sumer, en Egypte et en Chine il y a plus de cinq mille ans, toute l'histoire de la civilisation et de ses progrès a été rythmée par l'effort humain pour maîtriser les forces naturelles et particulièrement l'élément liquide. Grâce à ce colossal barrage, les dirigeants actuels renouent avec la tradition du peuple bâtisseur du grand canal, si longtemps à la pointe technologique de l'humanité. Et je mesure après ce parcours dans l'espace et le temps d'un passé révolu, combien pareille avancée aura nécéssité de sacrifices. Plus loin dans la plaine un pont est en construction, qui traverse le fleuve immense. Il ne manque plus qu'une seule travée pour que soient réunies les deux rives. Sommes-nous à cet instant de l'Histoire ?