TOUR DU MONDE IV Brésil


       

             IGUAZU-BRESIL-AMAZONE


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Tour du Monde 1996/1997 in a larger map





Mercredi 12 février 1997

Je prends un forfait pour les chutes (25 $) plus le billet de bus aller-retour (4 $) et l'entrée du parc (5 $). Le Routard dit "assez cher", ils ne se mouillent jamais, ceux-là ! Le bus est bondé, je suis debout, mais je n'allais pas attendre le suivant, il est déjà 9 heures. On arrive devant l'hôtel "International" qui n'est finalement pas si moche que je le craignais, avec ses étages décalés : si je reviens un jour....! Mais pour l'instant je me dirige vers le mirador d'où l'on aperçoit les chutes dans leur ensemble, les hélicoptères sur la rive brésilienne et l'hôtel "Cataratas" qui a effectivement plus de cachet que son concurrent argentin.

 
 
 
 
Puis je descend vers le sentier du bas qui plonge dans la forêt tropicale et serpente au milieu des "petites" chutes (je dis petites car on est à Iguazu, la moindre d'entre elles serait une attraction mémorable, située ailleurs !) A un moment une magnifique trouée donne sur le fleuve Iguazu en bas et au fond la partie brésilienne des chutes avec une impressionnante cataracte au début de la "Garganta del Diablo" et d'immenses nuages de vapeur qui provoquent de somptueuses irisations.
 
 
 
 
 
Puis on débouche en face de l'isla San Martin et en bas de la partie argentine des chutes. On surplombe même l'incessant ballet des bateaux qui foncent vers l'eau tombante. Impressionant ! Finalement on s'approche des cascades où l'on est tout de suite trempé par la vapeur. Difficile de prendre des photos ou de la vidéo sans risquer de mouiller l'appareil. Quelle puissance se dégage de ces centaines de mètres de torrents parallèles et parfois des maelstroms qui hypnotisent le regard !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Plus bas un sentier longe la falaise et mène au départ des bateaux aperçus tout à l'heure. Je voudrais aborder l'isla San Martin pour me baigner et déjeuner mais l'accès est interdit pour je ne sais quelle raison. Je prends donc un des bateaux qui s'approchent des falaises et des chutes mais j'aurai dû me mettre en maillot de bain car si on ne passe pas carrément sous les chutes on n'en est pas loin et c'est tout comme ! Naturellement le batelier remet ça trois fois ! Inutile de lui expliquer que j'ai déjà pris une douche avant de partir et que tout habillé ce n'est pas pratique. Retourné sur la rive il me reste à constater les dégats. Le passeport a bien résisté dans sa pochette mais les billets sont trempés. Il me faut les étaler au soleil avec ma chemise pour laisser sécher le tout. Un américain a eu la bonne idée d'utiliser un appareil photo de plongée, car autrement il n'est pas question de prendre la moindre photo depuis le bateau. En remontant je remarque la multitude de papillons de toutes sortes qui fréquentent les lieux, attirés paraît-il par la sueur des touristes. Puis je filme des coatis qui viennent quémander de la nourriture dans les bistrots comme les zorros de la péninsule de Valdès. Le sentier du haut passe sur l'eau par une succession de passerelles au travers de la jungle. Mais la muraille des chutes est longue de plus d'un kilomètre et le sentier ne va pas jusqu'au bout. Là aussi plein de papillons que je photographie avec moins de peine qu'à Santa Anna car ceux d'ici ont la bonté de stationner ailes ouvertes pendant assez longtemps malgré la présence de leur prédateur, le lézard.
 
 
 
 
 
 



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
On est étourdi à force de possibilités de clichés magnifiques, on ne sait plus où donner de la caméra. Le spectacle d'ici vaut amplement le voyage, et je n'ai pas encore tout vu ! Je retourne sur mes pas afin de prendre le 4/4 jusqu'à Puerto Canoas. Juste derrière le bureau se promène un iguane. Je dois racheter de la pellicule et je retourne sur la passerelle car le 4/4 ne part qu'à 3 h 30 et il n'est que 3 heures. De Puerto Canoas partent les "botes" qui nous débarquent sur une autre passerelle devant la "Garganta del Diablo" : c'est la "vraie" chute d' Iguazu, l'essentiel du fleuve se déverse dans ce gigantesque entonnoir. Le reste, ce reste qui m'avait déjà époustouflé par sa dimension et sa puissance n'est pourtant que broutilles à côté de ce gouffre titanesque, très difficile à filmer car constamment recouvert d'un champignon atomique de vapeur. Mais le peu qu'on en discerne est écrasant. Je me plaignais de la pluie au Perito Moreno et dans la péninsule de Valdez, cette pluie insistante qui menace en permanence de mouiller les appareils, mais ici il ne pleut pas. L'eau ne vient pas d'en haut, elle vient d'en bas ! C'est l'écume produite par l'hallucinante force du fracas des masses liquides. C'est ici qu'a été tournée la scène de "Mission" dans laquelle les pirogues des guaranis et de leurs poursuivants portugais sont entraînées par le courant et s'abîment dans le néant vaporeux avant de se fracasser en bas des chutes. Voila l'image terrestre la plus proche possible de l'enfer en effet, cette toufeur aqueuse où les contours s'estompent, où tout devient indistinct. Et cela à quelques mètres du paradis, ce foisonnement coloré de plantes et d'animaux, cette richesse, cette exhubérance. Et cette cassure qui oblige le fleuve à cette prouesse, n'est-elle pas mystérieuse elle aussi ? Ce que la nature produit ici c'est tout simplement de la beauté pure, inimitable par aucun artiste.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le retour de Puerto Canoas s'effectue en bateau pneumatique, c'est le safari nautique. Le bateau n'a qu'un rameur pour le conduire le long du courant et nous sommes en amont des chutes ! S'il avait une crise cardiaque, qui dirigerait le lourd radeau avec une dizaine de personnes à bord et lui éviterait de nous mener droit vers les chutes ? Encore que l'eau ne soit pas très profonde dans ces parages, je ne voudrais pas avoir à tenter l'expérience. Le bruit des cataractes à quelques dizaines de mètres ne nous rassure pas. mais la navigation est paisible à part quelques rapides dérisoires. Et l'on a tout son temps pour observer la végétation et les oiseaux magnifiques qui peuplent cette forêt. Je retourne contempler les chutes une dernière fois avant de me décider à rentrer à regret car je crains que le bus ne soit encore bondé.
 
 
 
 
Mais curieusement presque tout le monde est assis. Etonnant ? Je comprends en arrivant à Puerto Iguazu : il y a un match de football entre l' Argentine et un autre pays, un match de la coupe du monde. Tous les argentins sont rivés à leur poste de télévision et même dans les magasins les vendeurs écoutent la radio ou regardent la télévision et ne s'occupent que distraitement du client !
 
 Jeudi 13 février
 
Ce matin, départ pour le Brésil. Je crains un peu de franchir la frontière en bus avec tout mon bagage. Je me renseigne sur les prix des taxis et j'en prends un pour 15 $. Nous franchissons le pont Tancredo Neves et arrivons au Brésil. Je m'inquiète car je n'ai pas le tampon de sortie de l' Argentine mais le chauffeur me rassure : les deux postes frontières sont intégrés au même endroit, à l'intérieur du Brésil. L'avantage de prendre un taxi c'est que le chauffeur m'explique les formalités et me montre les guichets. Comme je sais que les bus n'attendent pas, eux....
 
 
 


Foz de Iguassu est une ville de 200 000 habitants, assez étendue donc. Le taxi me laisse à un hôtel, le "Dany Palace Hotel" où je ne tenais pas à descendre mais qui m'a fait un prix : 22 $, petit déjeuner compris. C'est quand même cher pour mon budget et je m'inquiète de la monnaie brésilienne. Je change 2 travellers de 100 $ et je reçois en échange....200 reais. Donc comme le peso argentin le real est indexé sur le dollar. Ce qui veut dire que l'hyper-inflation va peut-être être jugulée, mais aussi que le Brésil comme l' Argentine va devenir un pays cher. Je constate que les prix, par rapport au guide "Lonely Planet", ont plus que doublés. Je cherche l'office du tourisme, il n'est plus à l'adresse indiquée. La rodovia (gare des bus longue distance) aussi a quitté le centre et se trouve maintenant à 2 km ! Je répère l'arrêt de bus pour aller aux chutes demain, achète des cartes postales et les rédige pour tout le monde. Les jus d'orange sont meilleurs qu'en Argentine et il y a plein de fruits dont je ne connaissais pas l'existence ni le nom. Je teste les goûts des glaces pour essayer d'en reconnaître quelques uns. Pendant que j'étais en Argentine je mêlais mon espagnol d'italien et maintenant que je me mets au portugais, je n'arrête pas de le truffer de mots espagnols ! Ce n'est pas trop grave ici où les deux pays voisinent mais il va falloir que je fasse des progrès au fur et à mesure de ma pénétration dans l'intérieur. En fin de journée il commence à faire très chaud et je fais presque toute la ville avant de trouver où acheter une grande bouteille d'eau fraîche. Je remarque qu'il y a plein de commerces libanais dans ce quartier. J'avais d'ailleurs été surpris en voyant sur le plan de la ville donné à l'office du tourisme qu'il y avait une mosquée : ces femmes voilées, ça fait plutôt étouffant au pays de la samba et du string façon fil dentaire ! La douche fonctionne avec l'inquiétant système brésilien qui grésille quand on le branche et qui n'est pas pratique en plus car l'eau est ou bien froide ou bien brûlante, mais pas possible d'avoir de l'eau tiède. En fin de soirée l'orage éclate enfin après avoir été menaçant tout l'après-midi.
 
Vendredi 14 février
 
Le petit déjeuner est une agréable surprise : je croyais n'avoir droit qu'au café du manhã mais il y a un buffet tout comme en Tanzanie avec des tranches d'ananas, de melon, du fromage, du jambon et même des oeufs brouillés. Hélas je suis pressé car il ne faut pas que je rate le bus des cataratas à 8 heures. Ici, c'est un bus toutes les deux heures seulement et du côté brésilien la lumière est meilleure le matin et je veux en profiter. Il y a des touristes japonais et je constate que j'ai du mal à me souvenir même de mots très simples comme hier, aujourd'hui, demain : ils me reviennent, mais après quelques minutes seulement. Arrivés au parc dont l'entrée est plus chère que du côté argentin (6 $) le bus nous laisse sur le parking devant l'hôtel "Cataratas" d'où part un chemin qui longe la falaise et surplombe le fleuve, donnant ainsi une vue générale sur les chutes qui se situent presque toutes en face, sur la rive argentine.
 
 
 
 
 Je me renseigne sur le prix de l'hélicoptère qui est juste à côté : 50 $, le prix est le même que celui indiqué par le routard. Je me positionne de façon à être le premier de la file d'attente afin d'être sûr de m'asseoir à une fenêtre, mais ce n'était finalement pas nécessaire car nous sommes trois passagers et chacun est assis à une fenêtre, moi devant. Le décollage est rapide, je n'avais encore pas branché ma caméra. Le vol dure 7 minutes et l'on est tout de suite au dessus des chutes. Je filme sans remarquer immédiatement que la partie inférieure de la portière est ouverte. On passe et on repasse au dessus de la Garganta del Diablo.
 
 
 
 
 
Au retour je mets le capuchon de mon appareil photo sur l'objectif de la vidéo : quand je m'en aperçois, je crains d'avoir filmé avec le capuchon sur l'objectif, crainte vaine puisque dans ce cas je n'aurais rien pu voir dans le viseur, mais je vérifie tout de même ma prise ! Si j'avais fait ce tour et payé 50 $ pour une vidéo toute noire ! Enfin je prends le chemin qui longe les chutes. Au début il y a un restaurant et là toute une tribu de coatis sont en train de faire les poubelles et d'attendrir les badauds. Je prends quelques photos mais ces animaux sont pris d'une agitation frénétique et ne veulent pas poser complaisament. C'est plus facile à la vidéo ! Mais ce long museau effilé, ces petites pattes griffues, cette queue à rayures, c'est trop mignon. Et à voir leur panse ventrue on se dit qu'ils ne crèvent assurément pas de faim malgré qu'ils quémandent sans cesse. On ne résiste pas à la tentation de carresser ces boules poilues, bien plus abordables que le fameux toucan, invisible celui-là.
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
Je vais jusqu'au bout du chemin, à l'entrée de la Garganta del Diablo. Et là, l'ascenseur se situe à côté de la chute brésilienne, le mur d'eau est à deux mètres de la plateforme. Il y a une passerelle qui conduit en avant des chutes qui sont ici à deux étages, sur le palier du milieu en somme, où l'on loue des impers roses pour les touristes qui ne veulent pas se faire mouiller (mais j'ai le mien, qui est bleu) Et je monte au sommet de la tour de l'ascenseur pour une vue panoramique.
 
 
 
 
Puis je longe la rive du cours supérieur de l' Iguazu jusqu'à un endroit où se trouve une multitude de papillons. De nouveau, photos et retour.
 
 
 
 
 
 
 
 

Il est midi passé. je vais au restaurant dont la terrasse se situe juste en face des chutes et j'y mange du poisson pour 10,5 $, avec une "vitamina". C'est cher, mais on paye le site privilégié. Et bientôt c'est la pluie, j'ai eu de la chance ce matin. Il ne reste qu'à rentrer. j'en profite pour poster les cartes et je demande de l'eau chaude pour ma gourde afin d'essayer le maté que j'ai acheté : sans sucre, je trouve que ça a un goût de foin, tout simplement. Hier j'avais goûté du maté froid et sucré, mais je ne retrouve pas le goût. Et ça ne me fait pas trop d'effet, je ne crois pas qu'il me sera nécessaire dans le futur d'en importer des wagons !
 
Samedi 15 février
 
Je laisse mes bagages à l'hôtel et prends le bus pour Itaipu. J'ai quelques difficultés à comprendre quel est le bon : il s'avère qu'il faut prendre le 110 ou le 120. Hélas j'arrive trop tard pour la dernière visite du matin, à 10 heures. Il me faut attendre la première de l'après-midi à 14 heures soit plus de 3 heures à poireauter car je suis trop loin de Foz pour y retourner entretemps. Je ne remarque la lanchonette de l'autre côté du parking que quelques minutes avant 14 heures ! La visite commence par un film mais je n'y vois pas les fameuses chutes de "Sete Quedas" qui furent submergées. Ce film est avant tout une propagande en faveur du barrage, bien évidemment on n'allait pas y montrer ce que sa construction a détruit ! On insiste lourdement sur les efforts pour préserver l'écologie. Puis les visiteurs sont répartis dans sept ou huit autobus et on nous emmène faire le tour du barrage. Il s'agit d'un ouvrage impressionant, le plus grand du monde à l'époque (1997), avant l'édification du barrage des Trois Gorges en Chine (2005) mais bien qu'on connaisse les chiffres on n'arrive pas en le voyant à se persuader que sa hauteur totale est de plus de 200 m et qu'il a plus de 8 km de large. Sans doute à cause de ses proportions très étalées on ne ressent jamais d'écrasement, sauf en voyant l'eau qui s'échappe du déversoir car le débit est ici trente fois celui des chutes d' Iguazu et le spectacle au bas de la rampe est titanesque. Et toute cette puissance n'est même pas utilisée puisque ce déversoir ne sert qu'à réguler le niveau du lac de retenue. Les poissons qui n'ont pas la bonne idée d'emprunter l'ascenseur écologique spécialement construit à leur intention doivent être broyés, pulvérisés, atomisés par cette pression colossale.
 
 
J'espère que dans leurs calculs les ingénieurs ont prévu l'hypothèse d'un tremblement de terre très violent car la ville de Foz de Iguassu est en dessous du niveau du lac de retenue ! C'est sans doute ici qu'ont été filmées les scènes de chantier du film "La forêt d'émeraude" avec son cataclysme final. Au retour je prends un billet de bus pour Curitiba à 19 heures (31 R$ et quelques) puis je passe chercher mes bagages à l'hôtel et demande le prix d'un taxi. On me dit 8 R$ et j'hésite car j'étais prêt à payer 5 ou 6 R$. Mais il s'agit en fait du véhicule de l'établissement. Finalement je me décide à éviter de marcher avec mes sacs encombrants mais si je continue à dépenser comme ça...! Le bus s'arrête dans toutes les villes le long de la route. A un endroit il y a un contrôle de douane qui ralentit considérablement le trafic au point que les vendeurs de boissons s'installent sur plus d'un kilomètre avant le barrage. C'est que beaucoup de brésiliens vont à Ciudad del Este au Paraguay pour y faire des affaires dans le port franc. Ils reviennent avec d'énormes sacs et des montagnes de cartons dont ils encombrent la rodoviara et les bus.
 
Dimanche 16 février
 
Arrivée au petit matin à Curitiba où l'heure est curieusement en retard d'une heure. J'apprends qu'il y a eu un changement justement cette nuit. Je cherche la gare à côté de la rodoviara et je vois des panneaux qui indiquent que le train normal, moins cher que la "Litorina" climatisée (5 R$ au lieu de 15 R$) ne circule que le samedi et le dimanche et est déjà complet. Comme on est dimanche il faut attendre le samedi suivant, ce que je ne peux pas faire. Prendre la litorina qui, elle, circule tous les jours ? Oui, mais alors plutôt demain, elle sera moins bondée. Mais je n'ai guère envie de rester à Curitiba et il est trop tôt pour chercher un hôtel. Je décide d'attendre l'ouverture de la gare pour me renseigner. Avant 7 heures une queue se forme pour le "trem" de 7 heures trente et des agents de voyage vendent leurs surplus de billets. C'est une aubaine et j'en profite et monte dans le train où j'entends un habitué conseiller à sa famille et à ses amis de s'asseoir à gauche ce que je m'empresse de faire. Le train est bondé de familles et de marmaille en excursion du dimanche matin. Peu après le départ je me crois revenu en France : les magasins "Carrefour" ont des succursales au Brésil. Notre tortillard passe à travers de nombreux tunnels qui font brailler les gamins. La voie serpente en descendant le long des pentes de la montagne couverte de jungle et franchit des ponts vertigineux. Mais le temps est gris. Nous arrivons à Paranagua vers 11 heures trente après avoir laissé les gros bataillons d'excursionnistes à Morretes, dès qu'on atteint la plaine, au niveau de la mer. A Paranagua il fait chaud et orageux. C'est un port encombré de bâtiments d'usines assez délabrés et sans grand intérêt mais je prends quand même une chambre pour deux jours (à 10 $ la nuit) car il me faut changer de l'argent et comme on est dimanche tout est fermé. Je mange un menu "comercial" au restaurant "Bela Vista" (5,5 R$) qui comprend poisson et viande et plusieurs plats de légumes : moules, riz, feijoa, un légume que je ne connais pas et qui ressemble à de la mie de pain (manioc ?) des pâtes, des pommes de terre et de la salade (tomates+oignons) Bref, on mange pour la semaine ! Mais cette ville a vraiment l'air endormi, encore plus sous la pluie fine et incessante de l'après-midi.
 
Lundi 17 février
 
En attendant l'ouverture de la banque je visite l'île en face, "Ilha dos Valadares", où il y a surtout des masures de pêcheurs et pas de plage. Je ne peux entrer à la banque avec mon sac car il y a un détecteur de métal : les gens doivent même laisser leurs clés avant de franchir le portillon. Je retourne à l'hôtel poser mon sac et reviens pour m'entendre dire que la banque prend une commission de 20 $ sur les travellers ! Je décide de changer 200 $ chez un changeur à côté. Je passe le restant de la journée à flâner sur le quai et à regarder des gamins se baigner dans une eau noire à frémir.
 
Mardi 18 février
 
Impossible de trouver un café correct ouvert avant 8 heures du matin : quel trou ! Je prends le bus pour Pontal do Sul. La plage sur l' Atlantique est dépourvue d'arbres, pas un coin d'ombre sur des dizaines de kilomètres. Mais à Pontal do Sul le bus s'arrête juste à l'embarcadère pour l' Isla do Mehl et non pas 3 km avant comme c'est écrit dans le guide Lonely Planet. Il y a un bureau à l'embarquement où on demande de remplir une fiche sur la durée du séjour et le type d'hébergement. Je prends le bateau pour Nova Brasilia (2,5 R$) L'île a heureusement l'air d'être boisée. Elle fourmille de posadas nichées dans la verdure et quelques campings. J'ai cependant choisi de m'installer dans la posada "Estalagem Ancoradura" marquée dans le guide comme étant la meilleure de l'île. Elle est surtout la plus éloignée du port, presqu'au pied du "Farol". Le chemin serpente dans la verdure et j'ai parfois du mal à trouver la bonne direction. Enfin j'arrive et l'endroit a l'air fort agréable, pas trop loin de la plage (mais c'est le cas partout dans l'île) Je pose mon barda et prends une chambrette étroite pour 25 R$ mais non seulement le café da manhã est compris mais également le "jantar" à 8 heures du soir (horaire à respecter strictement !) Je repars vers Nova Brasilia, cette fois en longeant la plage où des fous se rôtissent en plein soleil. Après un tour au bistro je prends mes jumelles et monte au "Farol" d'où l'on a une vue superbe sur l'île et la baie de Paranagua. Sur les marches je rencontre un iguane. Au loin une foule de bateaux mouille au large. Il semble y avoir des récifs car je vois des lignes d'écume blanche. Et une curieuse île pointue au nord émerge de l'océan avec des parois à pic : je ferais bien un tour si j'avais un bateau. Il y a d'ailleurs une foultitude d'îles dans la baie. Je redescends du Farol et longe les magnifiques plages de la façade est sur l' Atlantique, avec des vagues pour surfeurs. Je rencontre encore un iguane en chemin. Pour passer de praia grande à praia do Miguel il y a une zone de gros rochers à franchir. La paroi des collines couvertes de forêt vierge fournit de l'ombre. J'aimerai m'arrêter et me baigner mais il faut dabord que j'atteigne la pointe sud de l'île et je ne sais trop combien de temps ça me prendra. Au bout de la plage de Miguel il y a une pointe à franchir, défigurée par des poteaux électriques. Et en contrebas, la praia da fora, au pied d'une haute colline couverte d'une végétation dense avec des éboulements de rochers mais aussi des ferrailles qui rouillent. Et un point où coule de l'eau douce. C'est vraiment la plus belle plage. Plus loin se trouve la grotte, la "Gruta Encantada", avec des bassins, des baignoires creusées dans la roche. C'est à praia dos Encantados qu'il aurait fallu aller, juste derrière, bien plus près. Nova Brasilia est trop plat et les plages trop découvertes, bien qu'en position plus centrale, permettant davantage les excursions. Ici la végétation a brulé sur les pentes de la colline où se trouve la gruta. Mais il est déjà 5 heures et je dois retourner. J'hésite à me baigner car il y a encore trop de monde et je ne suis pas rassuré de laisser des affaires sur la plage. Je décide de me baigner dans les rochers au bout de la praia do Miguel mais à peine suis-je dans l'eau jusqu'au ventre que surgit un couple qui grimpe derrière un rocher. Je suis furieux. Et un peu plus loin toute une troupe de chiens se met à aboyer quand je passe. Non, ce n'est pas l'endroit idéal. Je rentre à ma pousada et vais me baigner sur la plage : il fait nuit à présent, je ne crains plus le soleil !
 
Mercredi 19 février
 
Je vais le long de la plage jusqu'à Fortaleza, le vieux fort, que je dépasse et je me baigne, profitant en sortant de l'eau du seul cocotier qui puisse me procurer un peu d'ombre à des kilomètres à la ronde. Derrière le fort il y a un chemin qui mène au sommet de la colline couverte de forêt tropicale où rouillent quelques canons de la seconde guerre mondiale. Je reprends le bateau vers 17 heures pour le continent, puis l'autobus de Pontal do Sul à Paranagua (1 R$) Un jeune garçon aux beaux yeux verts me dévisage, intrigué. Au terminal, alors que nous descendons, il me demande : where are you from ? déçu d'apprendre que je ne suis pas américain (du nord ! = gringo, yankee) pour pratiquer son anglais tout frais de l'école. Je prends le bus de nuit direct pour São Paulo (20 R$)
 
Jeudi 20 février
 
Au terminal de São Paulo je laisse mon sac à dos à la consigne avant d'aller chercher un hôtel. C'est quand même cher : 4 R$. Je prends le métro jusqu'au centre et descends à l'hôtel "Britania" (25 R$) Il y a la télévision, mais en noir et blanc et l'image n'est pas nette ! De toutes façons il n'y a que des chaînes brésiliennes. Je sirote un délicieux "coco gelado", récupère mon bagage, puis visite le centre-ville de São Paulo, une ville sans grand intérêt à part le fait qu'avec 17 millions d'habitants c'est la plus grande d' Amérique du sud. Je ne trouve pas le bureau de l' American Express à l'endroit indiqué par le guide. Tant pis, je changerai mes travellers à Rio. La foule est très dense dans le centre. Il y a des miséreux partout et les vendeurs encombrent les trottoirs, les passages, le moindre espace libre. Je gagne "Liberdade", le quartier japonais (il y a des librairies japonaises) puis l'avenida Paulista, la seule rue en ligne droite dans cette gigantesque agglomération. Je passe un temps fou à chercher le quartier italien, espérant en vain y trouver un café frappé. C'est fou, au Brésil, le pays du café, pas moyen de trouver un café gelado ! Bientôt la nuit tombe et les gratte-ciel de l'avenida Paulista s'illuminent ainsi que les écrans vidéo géants.
 
Vendredi 21 février
 
J'ai réservé le bus pour Rio à 14 heures 15 (20 R$) En attendant je flâne dans le centre. Pas assez de temps pour visiter le M.A.S.P (Museo de Arte) ni le zoo, loin au sud. Je traîne dans les rues d'une ville grise, couverte de nuages, décevante. A l'entrée du bus on passe au détecteur d'armes ! La pluie nous accompagne pendant tout le voyage jusqu'à Rio. Passage intéressant : la descente de la montagne, mais il fait déjà nuit. Dans les faubourgs de Rio une multitude de "Motels" brillamment illuminés cherchent à attirer les couples occasionnels et même les réguliers trop à l'étroit dans leur cage à poule. La route passe près de l'aéroport. A la rodoviara la consigne coûte moins cher qu'à São Paulo : 3,3 R$. Mais je constate que le métro est loin d'ici et la nuit est tombée : je dois traverser un quartier portuaire désert et inquiétant. Finalement j'arrive à la gare centrale où je prends le métro jusqu'à Gloria et je tombe tout de suite sur l'hôtel "Benjamin Constant" où je prends une "chambre" (je devrais plutôt dire : une cellule) pour 7 R$, enfin un prix dans mon budget ! Il est trop tard pour retourner à la Rodoviara récupérer mon bagage. Je vais voir le quartier voisin de Cinelandia en traversant une zone pleine de travestis attendant le client, pas très loin de l'ancien acqueduc sur lequel passe le "Bondinho".
 
Samedi 22 février
 
Je reprends le métro, cette fois-ci jusqu'à la station São Cristoval, pour aller récupérer mon sac à dos à la rodoviara. Mais même cette station est encore assez éloignée de la rodoviara. Puis je repasse à Lapa et Cinelandia et je vois enfin le Pain de Sucre et longe la plage de Flamengo. Arrivé à Botafogo je commence à être fatigué et je prends le bus pour Copacabana. Bien entendu, pas d'agence American Express à l'endroit indiqué par le Lonely Planet. Pas moyen de trouver un bureau de change ouvert, pas davantage de café frappé malgré les innombrables marchands de "sorvette" ! Comme je n'ai pratiquement plus un sou brésilien je décide d'aller à l'aéroport où il doit bien se trouver un changeur, même le samedi après-midi !Mais les bus indiqués par le guide s'arrêtent à la rodoviara. Et là, personne ne parle anglais et ne saurait me renseigner pour aller à l'aéroport. Il y a bien le "frescão" mais c'est trop cher pour mes fonds qui baissent comme glace au soleil. Il me faut revenir au centre. Le bus passe devant une place "Florida" où je vois de nombreux cinémas pornos. J'utilise mes deux derniers reais pour acheter un litre de yogurt, ça va être dur de tenir jusqu'à lundi matin !
 
Dimanche 23 février
 
Je me promène dans le centre à la recherche d'un distributeur de billet qui accepte la mastercard mais à la fin de la journée je suis toujours bredouille. Tout est fermé et je répère quelques endroits comme le café "Luis" ou le "Colombo". Je rentre en passant par la place "Tiradente".
 
Lundi 24 février
 
J'utilise les 55 centavos qui me restent pour aller à Copacabana où j'ai répéré la nouvelle adresse d' American Express mais je me trompe de bus, prend celui de Leblon et descends à plusieurs kilomètres de ma destination. Je longe le grand lac derrière Ipanema et arrive enfin à Copacabana qu'il me faut traverser presqu'en entier. Je change 700 $ de travellers. Enfin je peux prendre un café : depuis presque deux jours je n'avais pû boire que l'eau du robinet ! Je vais jusqu'au rocher au bout de la plage puis je la longe jusqu'à Arpoador, ensuite je marche le long d' Ipanema et Leblon. Quand j'arrive au bout, je suis la route en corniche jusqu'à l'hôtel Sheraton. Il est tard, je prends un bus pour rentrer en espérant, mais en vain, que son itinéraire longe les plages. Je débarque à Castelo d'où je rejoins la rue Rio Branco et de là mon gourbi.
 
Mardi 25 février
 
Je sors ce matin en ayant l'intention de prendre le bus pour le Corcovado mais je passe des heures dans le centre à chercher en vain les arrêts de bus pour Cosme Velho ou bien ceux pour Urca (et le Pain de Sucre) Je porte mes photos à développer. Je traîne jusqu'à l'après-midi et me décide à téléphoner à maman (20 R$) Puis je continue mon exploration des arrêts de bus jusqu'à la gare centrale, sans remarquer le 107 pour Urca ! Je repasse par le parc où batifolent plein de rongeurs du genre capibara,
 
 
 
 De la place Tiradent je téléphone à Jimmy qui a fait le nécessaire pour les papiers de la voiture et m'a envoyé la déclaration d'impôts....à Manaus car il a bien sûr respecté le planing de mes coordonnées que j'avais préparé avant de quitter la France et par rapport auquel je suis en retard de quinze jours ! Tant pis, on verra plus tard. J'ai attendu plus d'une heure à la poste restante pour ne rien trouver finalement car les guichets sont les mêmes que ceux d'une administration brésilienne ordinaire et il y avait une queue de gens avec des formulaires à remplir et le seul guichetier ouvert prenait dix minutes par personne ! Je décide d'aller à Botafogo en métro et de là chercher le départ du téléphérique pour le Pain de Sucre. Il est près de sept heures du soir quand j'arrive, il fait déjà nuit, le soleil est couché depuis longtemps. Finalement, puisque je suis là, autant prendre un billet (9 R$) et monter voir Rio la nuit. C'est beau, une ville, la nuit. Rio n'est évidemment pas une exception, mais pour la qualité de la vidéo et des photos j'aurais dû venir une autre fois plus tôt, vers 17 h 30, 18 h. Maintenant c'est fait. J'admire les avions qui aterrissent à Santos Dumont. Dans la cabine je me souviens des scènes de cascade du James Bond tourné ici, mais il fait trop sombre pour distinguer la végétation en bas. Je remarque un restaurant "Maxim's" sur le toit d'un gratte-ciel à Botafogo. En redescendant je vais jusqu'à la plage éclairée où des pêcheurs se détendent puis je prends le bus 107 jusqu'au bout, à la gare centrale, afin de connaître son circuit et retour. Je trouve aussi plusieurs bus pour aller à Cosme Velho : ça sera pour demain.
 
Mercredi 26 février
 
Je prends un bus (422 ?) pour Cosme Velho. Le départ du funiculaire est tout près de la place où s'arrêtent les bus. Le prix du ticket est de 15 R$. La montée se fait presqu'entièrement dans la forêt. Mais en haut, surprise, je vois....rien du tout ou plutôt un tapis blanc de nuages recouvre la ville en bas : on distingue seulement quelques quartiers dans la grisaille. J'ai à peine le temps de photographier le Christ (du sculpteur français Landowski) que celui-ci disparait dans le brouillard. J'envisage en attendant le retour du beau temps d'aller faire un tour dans le parc mais ici aussi la route disparait dans le gris uniforme et je ne sais pas bien où aller. Je reste jusqu'à près de seize heures avant que le soleil revienne et que la vue sur Rio ne redevienne un tant soit peu nette.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 Pas le temps de faire autre chose aujourd'hui : je dois repasser par le centre afin de retirer les photos que j'ai fait développer (43 R$) et j'ai acheté 10 cartes postales. Il faut à présent les rédiger et les envoyer.
 
Jeudi 27 février
 
Je vais jusqu'à Botafogo à pied en cherchant un bureau de correos puis je prends le bus qui passe devant le jardin botanique. Il pleut à verse quand j'arrive. L'entrée est payante (1,2 R$) Il y a de beaux arbres qui permettent d'être à l'ombre....quand il y a du soleil. Et les fameux nénuphars de l' Amazonie ne sont pas dans la section amazonienne comme écrit dans le guide, mais dans le lac central. Je retourne à pied en traversant Leblon, Ipanema et Copacabana.
 
Vendredi 28 février
 
Je prends le métro jusqu'à Maracaña puis vais à pied jusqu'à la "Quinta de Boa Vista". Dans le lac, une bande d'enfants se baignent. Deux autres arrivent et j'ai l'impression que la bande les force à se déshabiller et entrer dans l'eau, mais je ne saisis pas vraiment ce qui se passe jusqu'à ce que le plus petit des deux vienne vers moi et s'agrippe à mon bras comme à une bouée ! Il y a du grabuge. L'ennui, c'est que je ne sais pas comment intervenir. Heureusement, d'autres adultes s'approchent et les méchants garnements décampent. S'agissait-il de racket ? Difficile de comprendre. Je vais au zoo où se trouve une remarquable collection de perroquets et aras de toutes les couleurs, surtout le rarissime ara bleu en voie de disparition. Quelques jacarés chétifs et indolents au milieu des tortues, un tapir qui projette un liquide par l'anus, ce qui me fait reculer vivement. Et l'animal que j'ai vu à Iguaçu sans connaitre son nom alors, je découvre qu'il s'appelle coati. Des pumas, des jaguars, des singes enfin, atèles noirs à visage rouge, très remarquables par leur expression quasi humaine. Et de nombreuses espèces de singes très petits. Un couple de paresseux avec une guérite de forteresse à côté : sont-ils donc si rares ? Toutes sortes de serpents, de tortues, d'oiseaux : autruches, un casoar, les fameux toucans restés invisibles pour moi à Iguaçu, un condor, des aigles, des urubus. Je ne parle pas des animaux africains, uniquement des américains dont beaucoup de pensionnaires ici sont les derniers représentants de leur espèce, en tout cas les seuls que je verrai sûrement de tout mon voyage. Je finis la visite à 16 heures trente passées. Il n'est plus temps pour le musée national qui ne semble d'ailleurs pas très brillant si j'en juge par l'extérieur. Je gagne la gare "Estacion" où je cherche en vain le métro puis je rejoins la rodoviara où j'achète un billet pour Parati (13,3 R$) pour lundi à 12 h 30.
 
Samedi 1° mars
 
Hier j'ai répéré le départ des bus 233 et 234 qui partent de la rodoviara pour Barra de Tijuca et qui passent par Alto de Boa Vista. Cette fois-ci je descends au métro Estacion que j'aurais eu du mal à trouver d'une autre façon car il est caché derrière un chantier, sans signalisation. Je fais le chemin jusqu'à la rodoviara et prends le 234. Je visite le parc de Tijuca, sorte de bois de Boulogne local : on y accède en voiture, il y a des restaurants pleins de familles et de marmaille braillante. Heureusement, il y a un chemin qui mène à un belvédère et dont l'accès est barré aux véhicules. Ce qui me permet de voir un petit singe gris sur le chemin du retour. La végétation est dense mais il fait toujours gris. Je fais tout le circuit. Cette forêt a été reconstruite car au début du XIX° siècle il y avait là des plantations de café et beaucoup de....français qui ont donné leur nom à beaucoup d'endroits. C'est la réserve d'eau de Rio de Janeiro. On n'a pas le droit de s'y baigner sous peine de prison, ce qui n'empêche pas les brésiliens de laisser des détritus partout, sauf dans les poubelles qui, elles, sont bien propres. En revenant le bus va jusqu'au centre commercial de Barra de Tijuca (il y a un "carrefour") et de là je prends un autre bus en espérant longer les plages mais le 175 passe par les rues du centre et le tunnel Niemeyer. Je descends au centre commercial "Rio Sul" avec 4 étages de boutiques et restaurants, surpeuplé évidemment, un samedi soir ! De toutes façons, c'est cher.
 
Dimanche 2 mars
 
Il y a un marché à Gloria le dimanche matin et j'en profite pour répérer les fruits qui servent à préparer les innombrables jus de fruit. En fait, je n'en répère que quatre ou cinq sur la vingtaine qui me sont inconnus. Je m'embarque pour l'île de Paqueta dans la baie de Guanabara (2 R$ le samedi et le dimanche, 1 R$ en semaine) Le ferry passe sous le pont de Niteroi. L'eau de la baie est sale, huileuse. Un peu plus loin on voit quand même des dauphins avant une raffinerie de pétrole. L'île de Paqueta est couverte de végétation tropicale, il y a des superbes demeures coloniales, mais les plages sont horriblement sales, couvertes de détritus qui n'ont pas l'air de déranger les résidents puisqu'ils ne se fatiguent pas à les nettoyer. Il est vrai qu'il s'agit d'un travail d' Hercule mais cette pollution diminue la valeur de leurs biens. Je n'ai pas le temps de faire le tour complet de l'île car je veux rentrer à Rio avant la nuit et le trajet est assez long (1 h, 1 h 30) Dans le bateau du retour une batterie de quartier joue la samba. Je n'en ai pas entendu beaucoup depuis que je suis à Rio et pourtant Dieu sait que les brésiliens font hurler les haut parleurs de leurs radios !
 
Lundi 3 mars
 
Je prends le métro jusqu'à Estacion mais la rue qui en part ne va pas dans le bon sens et je fais plusieurs centaines de mètres pour rien, chargé comme une bourrique. Le bus ne longe pas la côte au départ, il fait un détour vers l'intérieur, une morne route à travers une banlieue sans charme. Puis il atteint le rivage vers Mangaratiba, une côte incroyablement échancrée, la route tourne et retourne dans un paysage de montagnes tombant à pic dans l'océan, couvertes d'une végétation touffue : la Côte d' Azur au début du XIX° siècle. Hélas, le béton refait bientôt son apparition (si près de Rio, c'eût été utopique que la côte soit restée vierge !) et pire, des terminaux de pétroliers, un chantier naval et, horreur des horreurs, une centrale nucléaire viennent défigurer ce tableau idyllique. Le Club Méditérranée s'est installé au beau milieu des trois. Et les promoteurs font marcher les bétonneuses, ça se calme après Angra dos Reis et quand on arrive à Parati on ne voit plus que le bleu de l'océan, le vert de la jungle, l'or des plages....et le gris des nuages car le temps est souvent à la pluie. La ville est dans une plaine entre des montagnes. Il n'y a que des bâtiments bas, rez de chaussée et un étage au plus, sauf les églises. Et dans le centre ce sont tous des maisons anciennes, à l'architecture brésilienne originale. En arrivant j'essaye la pousada "Familiar" mais elle est pleine. Je me dirige alors vers le camping de la plage de Jabaquara mais les emplacements sont à la semaine. De plus, si je cherchais le calme en m'éloignant de la ville, c'est rapé : la sono du voisin est branchée à fond. Je rebrousse chemin sous une pluie battante, un déluge. A l'office du tourisme on m'indique une pousada bon marché mais la porte est fermée. Je tourne en rond, trempé jusqu'aux os, et je trouve enfin la pousada "Matriz" où je prends une chambre à 15 R$ pour trois nuits. Et je profite d'une douche chaude, la première depuis mon arrivée à Rio.
 
Mardi 4 mars
 
Je marche vers le port, sur la jetée ou plutôt un ponton en bois d'où partent des goélettes chargées de touristes qui me font envie, mais mon budget est de plus en plus limité. Je remarque la grande saleté des lieux : il y a un marécage couvert de détritus. L'eau du port est nauséabonde. La fameuse "Pousada de Oro", tout à côté, ne ressemble guère à l'idée qu'on se fait d'un établissement luxueux. Je longe la plage de Pontal puis prends le chemin de l'ancien fort où rouillent de vieux canons. Les rochers qui tombent dans la mer forment un endroit magnifique pour se baigner et il y a de l'ombre sous la verdure. Mais je suis enrhumé et j'attends trop longtemps pour entrer dans l'eau car bientôt le ressac apporte des détritus (même un poisson mort) et je n'ai plus envie de me baigner là. L'après-midi, après avoir été à la laverie automatique en face de la rodoviara, j'y prends le billet de retour pour Rio jeudi matin à 10 h 30.
 
Mercredi 5 mars
 
J'avais prévu d'aller à Parati Mirim aujourd'hui mais j'ai trop traîné sur la plage du fort, toujours sans me baigner. Hier j'avais laissé sécher mon chapeau et j'ai attrapé un coup de soleil sur le crâne, j'ai même des croûtes. Cette ville est belle mais trop chère et il faudrait pouvoir trouver une plage isolée, et pour cela disposer d'une embarcation. Les plages ne sont pourtant pas surpeuplées, hors saison, mais il suffit d'une personne et mon rêve de jouer les Robinson Crusoe s'évanouit. De plus l'eau n'est pas propre quand on est trop près de la cité. De toutes façons je n'ai pas le temps de rester suffisament longtemps par ici pour explorer toutes les possibilités. Ce sera pour un autre voyage.
 
Jeudi 6 mars
 
Retour à Rio, je revois à nouveau cette côte magnifique, avec au loin le profil de l' "Ilha Grande" où il faudrait aussi que je puisse accoster un jour (mais pas comme prisonnier du pénitencier !) Je prends un billet pour Ouro Preto, départ à 23 h 30, environ 21 R$. En attendant je retourne à la Quinta de Boa Vista mais c'est trop tard pour le musée. Je me repose un peu dans le parc puis je vais au centre ville pour déguster des jus de fruit, fameux et glacés. Le bus prend la route de Belo Horizonte qui est la même que celle de Petropolis. Il fait nuit mais la route de montagne est fort belle.
 
Vendredi 7 mars
 
Arrivé à Ouro Preto : surprise. Le bus nous laisse à l'entrée de la ville, assez loin de la rodoviara. J'ai bientôt l'explication : un pont a été coupé. Heureusement, à pied on peut rejoindre l'autre partie de la route. Mais ce n'est apparemment pas une inondation qui a emporté le pont car les maisons en amont sont intactes. Je continue sur cette route qui domine la ville et arrive à la rodoviara, désertée par les bus mais où l'on prend toujours les billets. Puis de là je gagne la place Tiradente, au centre, et enfin je parviens à la pousada "Panorama Barroco" où je prends une chambre (10 R$ + 4 R$ pour le petit-déjeuner) Je visite l'après-midi les églises si fameuses (pas toutes !) et à l'entrée de chacune on taxe le visiteur de 1,5 R$ pour l'entretien, naturellement, ce qui ne les empêche pas de tomber en poussière. Dans la plus riche, Matriz do N S do Pilar, il faut même laisser sacs et appareils dans une consigne à l'entrée, de petits coffres en bois dont on garde la clé. Mais je ne suis pas resté "bouche bée" comme s'exclame le Lonely Planet, devant ces amoncellements d'angelots couverts de dorure. C'est du baroque, bien sûr, mais c'est du baroque "nouveau riche" du XVIII° siècle. C'est l'art de gens qui croient que l'or peut tout acheter ou tout racheter....et comme ils avaient vraiment beaucoup à se faire pardonner....! La ville dans son ensemble est quand même très belle à voir, avec ces collines, ces ruelles pavées en pente raide, ces petites maisons basses aux fenêtres sculptées et peintes, et les églises, à l'extérieur, sont plus simples, donc plus belles, qu'à l'intérieur. On a du mal à s'imaginer ce que devait être le site avant qu'on y découvre de l'or. Et l'activité que cette découverte a produite. Tant de richesses dans ce petit ruisseau....aujourd'hui il coule encastré au fond de la vallée, entouré de murs de végétation, mais il y a souvent des éboulements sur ces pentes raides et meubles. Sans doute la terre a été tournée et retournée des milliers de fois. D'ailleurs Ouro Preto est une ville minière encore aujourd'hui, c'est le siège de l'école des mines.
 
 
 
 
Samedi 8 mars
 
J'ai visité ce matin la chapelle du padre Faria et l'église Santa Efigênia, l'église des noirs. J'ai appris que le pont s'était effondré parce qu'à la suite de pluies importantes il y a deux mois, l'eau s'était accumulée car les détritus l'empêchaient de passer et quand on a voulu le désobstruer, tout est parti d'un coup et deux citernes en contrebas ont été aussi emportées. J'ai visité ensuite le musée de minéralogie de l'école des mines. Puis je suis allé à Mariana sans m'arrêter à la mine d'or de Passagem en route. Malgré les exclamations du Lonely Planet je trouve que la ville de Mariana, en comparaison d' Ouro Preto, ne casse rien. Elle est plus basse en altitude et cela se sent dans la végétation : bambous et palmiers. Si je pouvais rester un ou deux jours de plus, j'aurais volontiers escaladé le pic d' Itacolomy et me serais promené sur les collines alentour à la recherche de pépites miraculeusement restée (ou égarées) depuis le XVIII° siècle, ou de pierres précieuses, mais brutes elles ressemblent à de vulgaires cailloux !
 
Dimanche 9 mars
 
Je refais ce matin le chemin inverse en direction de l'arrêt des autobus. Belo Horizonte n'est qu'à un peu plus de 90 km. Le pays est montagneux et raviné : le bord de la route est parfois mangé par l'érosion. Il y a un beau paysage de collines boisées avant d'arriver à BH. J'aurais pû prendre un bus direct pour Salvador, encore que je ne sais pas s'il y en a un tous les jours, mais j'ai voulu connaître Belo Horizonte qui est une ville toute en gratte-ciels et larges boulevards. Je laisse mon sac à dos à la consigne que j'ai eu un peu de mal à trouver, en dehors de la rodoviara et je m'aventure au centre pour constater que le musée de minéralogie a disparu (ou changé d'adresse) car le bâtiment qui le renfermait est en travaux, sans aucune indication sur ce qu'est devenu son contenu. Et l'office du tourisme est fermé le dimanche. Je reste quelques heures dans le parc du centre ville, archibondé de flâneurs et de couples d'amoureux, plus nombreux que les plantes, et jonché de détritus comme partout au Brésil.
 
Lundi 10 mars
 
La route de Belo Horizonte à Salvador est longue : 22 heures. Le bus est plein de femmes avec leur marmaille, difficile de dormir. Le paysage du sertão commence à devenir plus marqué par l'aridité (sisal et cactus) même s'il est encore très vert en ce moment de la saison des pluies. Des nuages nous accompagnent tout le long de la route et parfois de violentes pluies nous arrosent. Avant Salvador il commence à faire beau, il y a des champs de canne à sucre. A la rodoviara je fais réserver une chambre à l'hôtel Pelhourino par l'office du tourisme et je prends un taxi. La vieille ville de Bahia est agréable et très animée le soir. La vue depuis les toits de l'hôtel Pelhourino sur la ville et la baie vaut le détour et je ne regrette pas les 20 R$ que me coûte la chambre, surtout que le petit déjeuner est compris. Je fais le tour du quartier et satisfait ma fringale en prenant un bifteck à la provençale au restaurant "Le Poivre" tenu par un français devant l'église Saint François à la sompteuse façade plateresque. Il n'est ouvert que depuis un mois, le proprio auparavant faisait dans la production et le commerce du poivre. Il est au Brésil depuis 22 ans. Je lui ai raconté ma déception du restaurant français à Zanzibar. Ici, l'endroit est très touristique, truffé de magasins de fringues et instruments de musique traditionnels, bondé de restaurants et de bars avec des musiciens partout et tard le soir. Je suis étonné que l'hôtel Pelhourino ne soit pas plus cher car c'est un lieu historique : Jorge Amado y a vécu et en a fait le cadre d'un de ses romans. Mais il est vrai que si l'installation est propre et confortable, elle est néanmoins assez sommaire et bruyante : pas de volets aux fenêtres.
 
Mardi 11 mars
 
Je visite la cathédrale où je me suis réfugié du déluge qui inonde les rues et que fréquente une foule de "guides" désoeuvrés. Puis je vais à l'église Saint François en complète contradiction avec le voeu de pauvreté du fondateur des franciscains : c'est l'église la plus riche du Brésil, tout disparait sous les dorures et les têtes d'angelots. Le cloître est tapissé d'admirables azulejos. Mais l'église et le cloître sont bondés de groupes de touristes encadrés de leurs guides, c'est une véritable Babel, on entend les exclamations et réflexions idiotes dans toutes les langues de la planète. Je déteste ces exercices de décortication qui ne laissent aucune place au hasard de la découverte, à l'imprévu. Mais il faut que ces gens soient rassurés d'avoir bien vu tout ce qu'il fallait voir. La pluie ayant cessé je vais jusqu'au bout du Pelhourino où traîne un vieux fort occupé semble-t-il par des squatters et d'où l'on a une belle vue sur le port et la baie, puis revient dans l'autre sens et descends dans la ville basse par une rue bordée de bordels. Je cherche en vain l' American Express à l'adresse indiquée par le Lonely Planet comme chacune des fois précédentes, mais cette fois-ci je m'y attendais. L'office du tourisme installé dans le marché artisanal me renseigne : ils sont à présent au centre commercial Iguatemi, à côté de la rodoviara, ça tombe bien, il faut que j'aille acheter mon billet pour Recife. Je remonte à la ville haute par l'ascenseur puis je prends le bus qui fait presque tout le tour de la ville pour aller à Iguatemi. L'agence American Express ne fait pas le change, mais il y a une autre boutique à côté qui le fait, où je change 500 $ en travellers. Les horaires sont curieux : de 17 h 30 à 18 h 30. Arrivé à 17 h 15, j'ai dû attendre 15 minutes. Puis je vais à la rodoviara acheter un billet pour le lendemain. Cette fois-ci je décide d'essayer l' "executivo" (42 R$) Il part à vingt heures. Un déluge tombe sur la rodoviara et je dois patienter avant de reprendre le bus pour le centre qui passe par le même itinéraire mais maintenant c'est bien plus long à cause des embouteillages. Je prendrais bien volontiers une cuite avec tous ces bars et cette musique omniprésente mais ça serait dangereux. Pour le rappeler à l'esprit il suffit de noter la présence de plusieurs escouades de policiers à chaque carrefour. Ici le touriste et ses précieux dollars sont très convoités ! Le rabattage est à peine moins pesant qu'en Tanzanie. Le moindre signe d'intérêt entraîne aussitôt les invites pressantes et décourageantes d'une multitude de vendeurs aux aguets. Impossible de simplement flâner dans ces endroits hyper touristiques.
 
Mercredi 12 mars
 
En attendant l'heure de partir je descends à pied vers Barra et le phare. Tout ce quartier est constitué d'immeubles de luxe le long de la crête qui fait face à la baie. Puis tout au bout une plage, sale, et des hôtels pour touristes (le "meilleur" restaurant allemand de Salvador) et encore plus loin une stèle à la mémoire de Stefan Zweig dont j'avais oublié qu'il avait vécu réfugié dans ce pays et qu'il s'y était donné la mort. Curieux de venir se suicider dans un endroit qui pète autant de vie. Il est vrai que "son" Autriche était morte depuis 1938, mais ne pouvait-il s'intéresser à une autre culture ? Arrivé au phare il se met à pleuvoir. Je reviens sur mes pas déguster des camarãos frits avec de la salade (tomates et oignons) et du farofel : farine de manioc, on dirait de la mie de pain. J'aurais bien pris le bus qui longe les plages mais il est trop tard. J'hésite longtemps sur la plage avant de me décider à revenir Praça da Sé et de prendre un taxi pour la rodoviara sous un déluge, ponctuel, à la même heure qu'hier. Le bus "executivo", à part la climatisation qui fonctionne (on se les gèle, d'ailleurs) et le café gratuit, ne vaut vraiment pas la différence de prix.
 
Jeudi 13 mars
 
Arrivé à Recife vers huit heures on se promène interminablement dans la banlieue, très verte, avant de stopper à la rodoviara. Le métro est heureusement à côté, car là aussi la pluie tombe en cataractes. Il ne coûte que 48 centavos. Il y a des plans et des panneaux très bien faits. Mais en sortant de la gare à Recife (où il y a un petit musée avec de vieilles locomotives) je me perds dans le dédale des rues et me retrouve dans la direction opposée à celle que je voulais prendre, sur l'île et non sur le continent. De plus le déluge n'a pas cessé, je n'ai pas dormi de la nuit et j'ai la vessie pleine. Avec tout mon bagage sur le dos, inutile d'insister sur mon état d'énervement. Enfin j'arrive à l'hôtel ("Brasil" et non pas "Suiza" comme écrit dans le guide, Suiza c'est le restaurant) où je prends un "appartamento" minable à 13 R$, moisi, poussiéreux, effrité et eau froide seulement, mais le café da manhã est compris. Et il y a une grande cour avec des cocotiers. Des inconscients ont garé leur voiture sous les noix de coco. Il y en a pourtant quelques unes éclatées par terre. Je reprends le chemin de l'île centrale et visite rapidement les vieux quartiers, bien loin de Salvador et encore plus délabrés. Derrière le Forte das 5 Pontas un bassin d'eau est entouré d'une grille dont les pointes sont inefficaces pour empêcher une bande de gamins nus de s'y baigner. Puis je cherche le bus "Rio Doce" pour me rendre à Olinda. L'executivo y passe mais je tarde à descendre car la route longe le bord de mer. Quand finalement je demande l'arrêt, le bus continue jusqu'à Rio Doce où je descends et me perds dans une banlieue à la route défoncée avant de me rendre compte sur une hauteur que je m'éloigne de l'océan Atlantique. Je refais l'interminable chemin boueux en sens inverse mais ne trouve toujours pas le rivage. Je m'égare dans un bled qui doit être Jardim Atlantico si j'en juge par le nom des bus à l'arrêt. De nouveau la pluie tombe à verse, j'en profite pour acheter de la nourriture et de la boisson dans un supermarché du coin. Puis je marche, je marche, je marche. Je demande mon chemin mais les gens ne comprennent pas ce que je veux : à la fois me diriger vers Olinda et Recife et longer le bord de mer. Finalement j'y parviens mais il fait nuit noire depuis longtemps et je ne vois que les vagues qui déferlent sur la plage ou plutôt les rochers. C'est immanquablement une plage brésilienne : couverte d'immondices. Je marche encore six kilomètres pour arriver à Olinda et là je traîne, désespéré, car je ne sais quel bus prendre pour revenir à Recife. Après une heure d'attente je me décide à demander à un vieux qui me renseigne aimablement en m'indiquant le bon. J'arrive à l'hôtel à 11 heures du soir complètement démoralisé par la difficulté de circuler entre Recife et Olinda, pourtant si proches. Pourquoi n'y a-t-il pas de station de métro "Olinda" ? Ce serait plus simple. Mais ces deux villes se jalousent depuis la nuit des temps.
 
Vendredi 14 mars
 
Ce matin je prends le bus pour Olinda, un des bus possibles, il y en a plein ! Je visite la vieille cité en refusant les services des "guides" improvisés. Le site est splendide, une colline couverte de palmiers. L'architecture a été respectée : pas un seul bâtiment moderne. La ville domine la mer et Recife, dans la plaine, paraît bien plate malgré ses hauts immeubles.
 
 
 
 
 
Si je n'avais pas eu le problème de transporter mon bagage, c'est ici que j'aurais cherché un hôtel. Seul ennui, la plage n'est vraiment pas praticable. Il y a quand même quelques restaurants et je vais y déguster des camarãos. Si je reviens un jour au Brésil, il faudra que ce soit en voiture, ainsi je pourrais explorer les plages loin des villes, du sud au nord, tout le long de la côte. Ou bien mieux : en bateau. Mais là, c'est du rêve. Je gagne ensuite la rodoviara où j'achète un billet pour Natal, demain, ma prochaîne étape (11,3 R$) Je constate que les restaurants "L'atelier" et "Mourisco" signalés par le Lonely Planet n'existent plus.
 
Samedi 15 mars
 
La route de Recife à Natal longe des plantations de canne à sucre qui s'étendent jusqu'à l'horizon, et souvent est bordée de petites forêts. Arrivé à Natal un samedi soir je ne trouve aucun bureau d'information ouvert pour me renseigner : quel bus prendre pour rejoindre le centre ? Heureusement, il y a un hôtel bon marché juste en face de la rodoviara, le "Cidade do Sol" (10 R$ avec salle de bain, carrelage tout récent puisqu'on le pose dans le couloir le jour où j'arrive)
 
Dimanche 16 mars
 
Ne sachant toujours pas quel bus prendre pour rejoindre le centre et m'obstinant à ne pas demander, je décide d'y aller à pied. Mal m'en a pris car avant la fin des six kilomètres mon petit sac à dos s'ouvre, la fermeture éclair n'ayant pas résisté à la tension du poids et des secousses de la marche, et tout son contenu se répand par terre. Bilan : la partie gauche de mes jumelles est floue, je n'ai plus que l'oeil droit, une sorte de longue-vue, quoi ; ça aurait pu être beaucoup plus grave car ma caméra vidéo est elle aussi tombée, et là, mon investissement était de 7000 F ! Je continue à pied en plein soleil, trouve l'ancienne rodoviara et le départ des bus qui vont à la nouvelle ainsi que vers les plages où j'avais l'intention d'aller. Mais finalement j'opte pour la visite du fort des "Rois Mages" car il sera fermé demain. Je poursuis donc ma route en plein cagnard et atteint la plage où pas un seul arbre ne procure de l'ombre à la foule. Un militaire me demande si je suis un touriste puis me dit quelque chose que je ne comprends pas. La plage est séparée de l'océan par une barre rocheuse qui crée une sorte de lagon où pataugent les baigneurs du dimanche. Le fort est sur cette barre, on l'atteint par une digue-passerelle. Il est assez petit. Droit d'entrée : 2 R$. Heureusement il y a une buvette à l'intérieur car je commençais à me déssécher. Un navire semble échoué au milieu de la baie à l'entrée du rio. Je regarde les dunes de l'autre côté, là où doit être Genipabu. Les cocotiers y semblent assez clairsemés. Je longe ensuite la plage de Natal jusqu'au phare, c'est une plage de ville avec des sorties d'égouts et de hauts immeubles en béton derrière, sans charme. Il y a un hôtel avec une piscine juste en bord de mer pour 30 R$, j'y serais bien descendu si j'avais pu arriver ici en voiture. Au bout du chemin, juste avant le phare, un énergumène remonte de la plage et m'accoste d'un air brutal en me demandant je ne sais pas trop quoi, je décide de l'ignorer, mais je suis inquiet car à partir de là il n'y a plus personne sur le trottoir et la nuit va bientôt tomber. J'aperçois au loin les dunes de Ponta Negra où j'aurais bien fait un tour. Il y a de nombreux bus d'agences touristiques d'ailleurs, sur cette route ! Je fais demi-tour et vais prendre l'autobus à l'ancienne gare routière, où les jus de fruits sont très bon marché, en retraversant toute la ville et en passant par une rue avec une jolie corniche sur la plage.
 
Lundi 17 mars
 
Le comptoir de "Progresso" (pour São Luis) est enfin ouvert mais il n'y a pas de bus avant demain soir. Je prends un billet pour Fortaleza par une autre compagnie, l'executivo qui part à 12 h 30 (27 R$) La route traverse un paysage de sertao, des arbustes pas encore trop secs mais clairsemés. On nous passe deux films, un avec Whoopy Goldberg, "Corina", et un film de karaté : "The Best of the Best III" où l'on casse tout et tue plein de gens pour démontrer que le pacifisme et la bonté valent mieux que la violence. Arrivé à Fortaleza je ne trouve pas de place dans le bus pour Sao Luis du jour même. Je prends un billet pour Teresina (23,5 R$) mais le bus est plein, il est difficile de dormir. Il pleut et il y a du brouillard sur la route.
 
Mardi 18 mars
 
A Teresina je prends un billet pour São Luis (13,5 R$) Il tombe de l'eau à verse tout le long de la route. Après Teresina nous sommes déjà dans l'état du Maranhão. La contrée est couverte de palmiers "babaçu". Il y a aussi des lignes à haute tension et plein d'oiseaux sur les supports. De la rodoviara je prends un taxi (8 R$) jusqu'à l'hôtel Estrella. La chambre simple coûte 15 R$ avec le café da manhã. Je visite la ville ancienne, me renseigne sur les bateaux qui vont à Alcântara au port où rentre précisément l'un d'eux et vais diner au restaurant "Base de Lenoca" d'un crabe assaisonné d'une herbe au goût bizarre, en désespoir de cause car trois autres restaurants indiqués par le Lonely Planet n'existent plus : "La Bohème" et le "Solar da Ribeiro", rua das Barrocas, ainsi que le "Aliança", et je n'ai pas été vérifier les autres adresses !
 
Mercredi 19 mars
 
Je me rends au port avant 9 h 30 pour le bateau d' Alcântara et quelle n'est pas ma surprise de constater qu'on est à marée basse ! Heureusement, le bateau part de la plage et il y a un bus pour le rejoindre. Mais le paysage est tout gris et le bateau traverse une vraie saucée. Je dois sortir mon imper à Alcântara. Je fais le grand tour extérieur et vais jusqu'à la plage où j'aperçois, hélas trop loin, un magnifique ibis rouge. La ville, très délabrée, correspond vraiment à ce que j'attendais du Brésil : des bâtiments anciens un peu décrépis, des ruelles (presque) sans voitures et une végétation tropicale exhubérante. La pluie ne me gêne pas, sauf pour prendre des photos. Il n'y a d'ailleurs pas grand chose à se mettre sous la dent. C'est une cité endormie où les vendeuses hypnotisées par la télévision se résolvent difficilement à bouger pour venir servir le client importun. La ville est petite et la visite assez rapide. J'aurais pu passer plus de temps sur la plage si j'avais bien compris l'horaire du retour : 16 h 30 et non 15 h. J'attends sur le port où une ribambelle de gamins joue au football ou bien plonge à côté du bateau en jouant avec l'amarre de celui-ci, ce qui fait évidemment bondir le capitaine. J'ai bien envie de revenir y passer quelques jours mais pour y faire quoi ? L'eau est grise, boueuse, la plage déserte mais remplie de "barracas" avec restaurant ! Dans les rues déambulent sans gêne des cochons et des vaches qu'une circulation aussi léthargique  que ce cadre de "Belle au bois-dormant" le laisse supposer ne risque pas d'affoler. Au retour la télévision du bord passe la version américaine du "Grand Chemin" ("Paraiso" en brésilien) Je vais à la rodoviara acheter un billet pour Belem pour demain, en executivo (37,5 R$)
 
Jeudi 20 mars
 
En attendant l'heure du bus (20 h) je me promène dans les rues de São Luis. Je cherche la fontaine "das Pedras" puis reviens au centre et finalement je franchis le pont qui va à São Francisco puis prends le bus qui mène à la plage de Calhau. Sur la plage un U.L.M. passe et repasse, sans doute initiation d'un ou d'une pilote. Elle est assez belle, longue, large et bordée d'une série continue de barracas. Vers 16 h 30, 17 h je gagne la rodoviara en bus, passant tous mes sacs par dessus le portillon étroit qui limite l'accès des autobus urbain brésiliens et oblige à préférer le taxi quand on est chargé de bagages. C'est à l'heure d'embarquer que je remarque les pendules que je cherchais depuis un moment sans les trouver car la pile de ma montre donne des signes de faiblesse. Le bus executivo est confortable, il n'y a personne dans le siège à côté de moi. Je prends du café...et ne dors pas. Le bus s'arrête juste à la sortie de la rodoviara et embarque du monde : s'agit-il de passagers clandestins qui payent directement au chauffeur ?
 
Vendredi 21 mars
 
A l'arrivée à Belem il y a un bureau qui vend des billets de bateau, dans la rodoviara. Je me renseigne pour Manaus : il y a des départs tous les jours de la semaine, sauf le week-end. 86 R$ en hamac, 170 R$ en cabine. Je prends le bus pour le centre et descends à l'hôtel "Fortaleza" (11 R$ avec le café da manhã) puis vais changer 200 $ de travellers au Casa do Cruseiro. Je gagne le port à la recherche d'autres agences et billeteries afin de comparer les horaires et les prix mais ne trouve rien de mieux qu'à la rodoviara. Je visite le nauséabond marché de Ver o Peso, le long des rives du bras de l' Amazone. A l'office du tourisme, pas trace des oiseaux et singes mentionnés par le Lonely Planet. Je reprends le bus "Aeroclub" pour la rodoviara afin d'acheter mon billet pour Manaus, lundi, en cabine (150 R$ avec réduction) ceci après avoir mangé une feijoada consistante au restaurant "Inter restaurant"
 
Samedi 22 mars
 
Le Bosque Rodrigues Alves est fermé pour cause de fortes pluies et vent. Je me rabat sur le Museu Emilio Goeldi (3 R$) avec son jardin botanique, son zoo, son exposition permanente sur la géologie, l'écologie, les cultures indiennes, son aquarium (peu intéressant : beaucoup de petits poissons...d'aquarium) A voir : le pirarucu, le peixe boi (lamantin) les jacarés dont un énorme que je n'avais pas remarqué à mon premier passage devant le bassin parce qu'il était caché dans l'eau. Les magnifiques aras se chamaillent dans leur cage. Des loutres, des tortues, des gros serpents : jiboa et anacondas, beaucoup d'oiseaux, urubus, échassiers, un puma et deux jaguars, deux panthères noires. Un couple d'atèles noirs à visage rouge. Le soir à l'hôtel je rencontre un jeune français qui vient de finir sa coopération en Argentine et visite le Brésil avant de rentrer en France. Il a aussi vécu plusieurs années au Canada.
 
Dimanche 23 mars
 
La patronne de l'hôtel croit que le français est parti sans payer. Mais c'est une confusion avec un autre "gringo" qui est parti ce matin. Je vais le long du quai répérer le rafiot dans lequel je vais embarquer demain. La vieille ville est déserte le dimanche. Je retrouve le français sur la praça da Republica, tout étonné d'apprendre qu'on le prend pour un escroc. Nous buvons une bière au café du Parque. Au bout d'un moment des jeunes femmes entreprennent notre conquête, très interessées....mais pas intéressantes. Il y a aussi un français bedonnant, artiste peintre, échoué à Belem depuis des lustres. La patronne de l'hôtel Fortaleza parle français et je songe que nous ne sommes pas très loin de la Guyane. Peu de compatriotes savent d'ailleurs que le pays voisin avec lequel nous avons la frontière la plus longue est...le Brésil, grâce à ce département d'outre-mer.
 
Lundi 24 mars
 
Il pleut à verse toute la nuit et ce matin. J'ai beaucoup parlé de voyage et de science avec Thomas, le jeune français, de Hubert Reeves, de Stephen Hawking et je lui ai signalé le livre "Gödel, Escher, Bach" de Douglas Hofstadter. Deux jeunes femmes arrivent à l'hôtel. L'une est française et habite en Martinique, l'autre est allemande et s'appelle Véra. Quand elle apprend que je pars pour Manaus dans l'après-midi elle prend également un billet. Elle fait aussi le tour du monde, dans l'autre sens, et a bientôt fini, donc. De Manaus elle va rejoindre le Vénézuela. Nous gagnons le bateau qui croule sous la cargaison. Je partagerai la cabine avec un flamand, Michel. Véra accroche son hamac. Il y a aussi un israelien-américain né au Maroc, qui parle donc parfaitement le français et a trouvé sur place un compatriote, juif marocain installé à Belem (c'est celui qui nous a fait monter dans le bateau)
 
 
Mardi 25 mars
 
Je fais la grasse matinée (il fait très chaud dans la cabine) et rate le café da manhã. Le bateau avance le long du bras qui sépare l'île de Marajo du continent. Tout au long de la progression des gamins en pirogue tentent de s'amarrer derrière nous et parfois vendent des fruits ou des légumes.
 
 
Le bateau passe parfois très près de la rive où tous les 300 mètres se dresse une baraque branlante sur pilotis. Sinon, c'est le mur végétal qui nous fait face.
 
 
 Une fois je vois, trop tard pour la photo, un cimetière sur la berge. Et une autre fois un gros animal émerge sur la rive, mais pas assez longtemps pour que je le reconnaisse (crocodile ? dauphin ? lamantin ?) Midi et soir nous avons droit à un repas brésilien : riz, feijoã, pâtes, farofel et le plus souvent du poulet. Si le menu n'est pas terrible, quel pied de manger à l'arrière du bateau, sur l' Amazone ! Le bar est aussi assez limité et le bateau, contrairement au bus, ne s'arrête pas toutes les deux heures dans une lanchonette. Il ne s'arrête d'ailleurs même pas de toute la journée ! et la nuit : je me demande comment le pilote arrive à s'y reconnaître dans le noir ? Il y a bien un projecteur, mais allumé seulement par intermittence. Le soir, le belge me fait voir un article de Newsweek : il y a en ce moment une comète qui serait bien visible dans le ciel d' Amérique du nord. Nous la cherchons en vain, moi avec ma moitié de jumelle valide. Le ciel est couvert par endroits, puis vers 22 heures bien dégagé avec la pleine lune.
 
Mercredi 26 mars
 
Ce matin je me lève à 7 heures, assez tôt pour le café. Le bateau s'arrête vingt minutes dans un port où on vend surtout du fromage, et je peux boire un coco gelado. L' Amazone est maintenant bien plus large, hier au soir nous avons rejoint le cours principal, au nord de l'île de Marajo, et nous ne voyons quasiment plus d'habitations sur les berges. Plus d'enfants acrobates non plus donc. Par endroits la largeur du fleuve atteint celle du lac de Genève. Il y a toujours plein d'îles et maintenant des collines sinon de vraies montagnes. Je ne me lasse pas de fouiller les berges marécageuses en quête d'un hypothétique "jacaré". Un brésilien me dit qu'ils sont là mais ne sortent que la nuit. Sinon j'aperçois pas mal d'oiseaux, échassiers, faucons, urubus, oiseaux pêcheurs surtout. Des végétaux flottent sur l'eau, formant parfois des îles, des jacinthes d'eau comme sur le lac Victoria. Et ici, en plus des troncs d'arbres entiers. Ce fleuve immense aux rives quasi désertes me réconcilie avec le Brésil. On a presque envie de se fondre, de se noyer dans ce maelstrom exhubérant de vie, de formes diverses toujours semblables et toujours différentes. Car si le mur végétal s'étend uniformément au long des 6000 km du parcours, la dentelle inextricable redessine sans trêve les formes, les variétés, les nuances, les teintes, les ombres, les lacis de lianes, les zébrures et les inclinaisons des arbres et des branches. Et parfois la platitude d'un faux gazon nous sépare de l'orée de la forêt, un faux gazon car il s'agit de hautes herbes inondées, paradis des échassiers. Un brésilien me demande s'il y a des paysages pareils en France. Je lui répond que oui....en Guyane.
 
Jeudi 27 mars
 
Arrivés ce matin à Santarem, située sur le rio Tapajos aux eaux noires ce qui fait qu'ici aussi il y a une "rencontre des eaux" spectaculaire avec celles, boueuses, de l' Amazone. Après le repas de midi nous changeons de bateau pour la suite du parcours et je prends la couchette du bas dans la même cabine que Michel, le flamand, une cabine un peu plus grande sur le "São Bartolomeo" que sur le précédent navire, le "Favassu", avec deux ventilateurs. Mais le reste du bateau est plus petit, plus étroit et c'est même un problème de passer à chaque fois à travers la forêt des hamacs car les toilettes sont à l'arrière tandis que les cabines sont à l'avant. La table pour les repas est au dessus des machines. Le bar est plus fourni et diversifié que sur le Favassu. Ytzakh a réussi à accrocher son hamac sur le pont supérieur mais il y a une différence de tarif et Véra reste en bas où la forêt des hamacs est encore plus dense si c'est possible et où la chaleur et le bruit sont insupportables. Dans le port, juste avant le départ, nous voyons un couple de dauphins s'ébattre joyeusement et je me cogne la tête en me précipitant pour chercher ma caméra.
 
 
 
 Vendredi 28 mars
 
Interminable journée sous un ciel éclatant (où sont les pluies de saison ?) et le soir nous tuons le temps à force de bières. Je me laisse entraîner par Véra qui me raconte sa vie et ses rencontres. Elle a eu un accident du travail sur la presse avec laquelle elle travaillait qui lui a coûté plusieurs doigts et c'est avec son indemnité qu'elle voyage. Bien qu'elle se force à paraître joyeuse, j'ai l'impression qu'elle déprime un peu à la fin de son tour du monde. Elle s'anime à la vue des buffles qui paissent le long des rives, toute épatée par ces drôles de vaches et je m'étonne qu'elle n'en ait encore jamais vu alors qu'elle est passée par l' Asie du sud-est. Elle me trouve "perfectionniste" (avec raison) parce que je lui dit qu'il y a moins de lumière à l'avant et qu'on peut ainsi mieux observer les étoiles. Je cherche toujours cette fameuse comète, mais ce sera plus facile dans les Andes, à 4000 m d'altitude.
 
Samedi 29 mars
 
Ce matin il fait un temps de saison, presque froid à force de pluies. La veille je me suis fait renvoyer de la table au moment du café parce que je ne portais pas de chemise, aujourd'hui je ne me suis pas levé à temps, je ne saurais jamais le goût du café sur ce bateau. La journée passe encore plus lentement que la veille et la bière n'a plus aussi bon goût quand il ne fait pas très chaud. Il y a de plus en plus de petites fermes le long du rivage. Vers cinq heures on sert le souper ce qui veut dire qu'on est encore loin d'arriver, mais nous n'avons pas assez faim.
 
 
 
 
Finalement vers 9 h 30, 10 heures, après un coucher de soleil supplémentaire sur l' Amazone, nous commençons de longer le centre industriel de Manaus longtemps avant d'arriver au port du centre ville. Michel, le flamand, s'inquiète même de ne pas trouver les gratte-ciels auxquels il s'attendait et je lui dis de patienter. Nous parvenons après trente minutes de navigation au centre et là mes compagnons décident de passer une nuit supplémentaire sur le bateau avant de débarquer et je les imite car il se fait vraiment tard et ça évite une nuit d'hôtel. Néanmoins Michel s'aventure en ville et revient avec un énorme régime de bananes pour apaiser notre faim. De l'autre côté du quai est amarré un luxueux paquebot de croisière, le "Hanseatic" de Nassau, avec quelques putes et des taxis qui attendent en bas de la passerelle.
 
Dimanche 30 mars
 
Ce matin le paquebot n'est plus là. Aujourd'hui c'est Pâques. Mes compagnons vont chacun dans des directions différentes, Véra pressée de quitter Manaus rejoint la rodoviara avec Ytzakh pour Boa Vista et le Vénézuela. Michel cherche un bateau pour Porto Velho et de là rentrera à Rio. Il était venu au Brésil pour épouser une brésilienne, avait tout lâché pour ça et ça n'avait finalement pas marché. Que va-t-il devenir ? Une fois de plus je constate qu'on peut être malheureux au paradis. Je marche jusqu'à l'hôtel "Jangada" où je prends une chambre à 9 R$ et somnole jusque tard dans l'après-midi. Puis je me douche. Quand je sors, tout est évidemment fermé. Il y a un peu d'animation en haut de l'avenida Ribeiro à hauteur du téatro Amazonas. Un groupe joue des airs assez puérils si j'en juge par l'âge moyen des spectateurs et par leur costume : déguisés en oeufs de Pâques !
 
Lundi 31 mars
 
Je me rends à l'agence de Varig pour apprendre que la liaison avec Iquitos n'existe plus : ils me proposent un vol avec passage par São Paulo et Lima pour plus de 1000 $ ! Mais il existe un vol pour Tabatinga à 208 $ et je pourrais payer avec le M.C.O d' Air France. Je vais changer 100 $ de travellers. Le bateau pour Tabatinga coûte 140 R$ et le voyage dure une semaine. Cependant je me renseigne à l'agence Vasa où l'on m'indique que pour Iquitos il y a peut-être une possibilité avec Lloyd Aero Boliviana qui sont justement à l'étage au dessous. Non, ils n'ont pas de vol pour Iquitos, mais pour Santa Cruz et La Paz pour 170 $. Même s'ils ne prennent pas le M.C.O je réfléchis que c'est extrêmement avantageux et que cela me permettrait de rattraper le retard sur mon planning. Je porte mon linge à laver, visite le marché puis finalement prends mon billet pour La Paz pour jeudi matin (4 heures !) L'agence centrale de téléphone se situe 951 av. Vargas. J'appelle maman et Jimmy. Rien de marquant à signaler, je ne mentionne même pas la visite de Chirac, il y a quelques jours. Je précise quand même que je renonce à remonter l' Amazone jusqu'à Iquitos et que je prends l'avion pour la Bolivie.
 
Mardi 1° avril
 
Après avoir longtemps traîné en ville je prends le bus pour la plage de Punta Negra et l'hôtel "Tropical". Je m'attendais à un dôme ultra-moderne, c'est un bâtiment très grand de deux étages seulement (trois en brésilien qui compte le RDC pour le 1° andar) dont le style ressemble assez à l'hôtel Cataratas de Foz de Iguassu. Mais ici la peinture est grise au lieu de rose. Le gardien à l'entrée du portail m'indique faussement l'entrée du personnel comme entrée de la réception. Je passe donc derrière. La forêt tropicale du jardin est splendide. Il y a un mini shopping center avec beaucoup de babioles plus que des articles de luxe. Je visite le mini zoo, très intéressant et bien tenu. Le jardin d'orchidées semble davantage négligé. Les piscines sont magnifiques. Il faudra que je revienne prendre une chambre : 230 $, avec le petit-déjeuner quand même. Les singles vont jusqu'à 330 $ et les suites jusqu'à 3000 $. L'hôtel a sa plage, son embarcadère et son héliport. Je fais un tour à l'aéroport en bus pour tester le trajet : pas trop bondé malgré l'heure de pointe, je pourrais l'utiliser avec mes encombrants bagages. Quand je reviens au centre, toute la partie "pauvre" de la ville est privée d'électricité, comme déjà hier soir et je renonce à manger du pirarucu bien que j'aie assez faim.
 
Mercredi 2 avril
 
Je "casse" un billet de 100 $ pour faire de la monnaie et change 20 $ chez le changeur au coin de l'avenida Vargas et de la rua 1° de septembre. Je visite le "Teatro Amazonas" pour 4 R$ et comme je m'y attendais, ça ne les vaut pas. Tout juste voit on les peintures et les riches matériaux de l'intérieur. Il aurait fallu rester à Manaus assez longtemps pour assister à un des opéras donnés cette saison. Ensuite je prends le bus 713 qui va jusqu'au ferry au bout de la route BR 319 mais il n'y a pas de ferry régulier pour les voitures, du moins à cette heure là, vers seize heures. Il n'y a que des petits bateaux assez rapides, mais peu intéressants s'il s'agit de seulement observer la fameuse "rencontre" des eaux de l' Amazone avec celles du Rio Negro. Nous sommes passés par là avec le São Bartolomeo samedi dernier mais il faisait nuit noire. Je reviens au centre et prends le bus 306 pour l'aéroport pendant qu'il fait encore jour. Je vais quitter le Brésil et je n'ai pas encore fini le cours Assimil de brésilien ! A midi j'ai voulu manger du pirarucu mais il n'y avait plus que du tucunare au restaurant "Florentina". Mais c'était bon, avec une sauce au camarão. Avant de partir j'engloutis un dernier guaranâ et un dernier mate leoã, un dernier suco de acerola, mais tous ces jus de fruits succulents et plein de vitamines vont me manquer. La veille j'avais regoûté du genipapo et j'étais resté étonné par la remarque du Lonely Planet : "goût d'urine de vache tournée" ! Comme je n'ai jamais essayé ça, je ne sais pas, mais je pense plutôt à la rhubarbe.
 
 
SUITE SUR LA PAGE "TOUR DU MONDE V BOLIVIE/PEROU" 
 
 
 

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