TOUR DU MONDE III Argentine-Chili




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Tour du Monde 1996/1997 sur une carte plus grande

TOUR DU MONDE III : ARGENTINE-CHILI

Jeudi 9 janvier 1997

Cette fois on y est bien, c'est le grand départ. Le TGV part de la gare d' Annecy à 12h46 et arrive à Paris à 16h18. Malheureusement Jenny m'a refilé sa bronchite (elle proteste que ce n'est pas de sa faute !) A peine gare de Lyon je réserve une chambre à l'hôtel Louxor, derrière la Bastille, où je suis déjà descendu en novembre avant mon voyage en Afrique. Puis après avoir acheté de l'efferalgan je me rends à la compagnie des voyages pour retirer ma liasse de billets d'avion et je prends 4 cassettes pour le camescope à la FNAC du forum des halles. Je me couche de bonne heure en espérant que ça ira mieux demain. Dans une certaine mesure je ne ressent pas trop d'excitation puisque j'ai déjà entamé ce tour du monde en passant quarante jours en Ouganda et en Tanzanie et que je suis donc depuis un moment dans l'ambiance de ce grand voyage, mais j'éprouve cependant un peu d'appréhension devant ce saut dans l'inconnu et l'incertitude de ma situation à la fin du périple, dans un an. Gérer le retour, c'est toute la difficulté d'un tour du monde.

Vendredi 10 janvier

Je consacre cette journée à la visite de l'exposition inaugurale de la bibliothèque nationale, la T.G.B.N.D.F. = très grande bibliothèque nationale de France, "Tous les savoirs du monde". C'est véritablement le point d'orgue de mon parcours...intellectuel avec les manuscrits d' Aristote, d' Avicenne, de Maïmonide, d' Averroès et de tant d'autres. Il y a aussi l'édition du chancelier Pierre d' Ailly annotée de la main de Christophe Colomb et le globe terrestre de Martin Behaim où Cipangu se situe à une encablure au large du Portugal. Tous les manuscrits et objets présentés ne proviennent pas du fond propre de la BN, il y a aussi des tablettes cunéiformes et des papyrus venant du Louvre, du British Museum et d'ailleurs. Cette exposition réunit ainsi exceptionnellement des pièces normalement dispersées dans le monde entier. Mais cette ambition qui ponctue le parcours sinuant de l'histoire universelle d'acquérir un savoir total, c'est un peu le portrait du visiteur-badaud que je suis.

Samedi 11 janvier

J'arrive à l'aéroport de Roissy bien en avance, à 10 heures alors que le départ est à 13 h 10. Bien m'en a pris car à l'enregistrement on me refuse le passage. Il ne faut normalement pas de visa pour l' Argentine mais le vol de continuation à partir de Santiago du Chili n'est que le 15 mai alors que la durée du séjour sans visa n'est que de trois mois. J'ai beau expliquer que je compte passer par voie de terre au Brésil et au Pérou, on m'oblige à acquérir un billet de sortie par voie aérienne. Heureusement qu'au comptoir voisin d' Air France je peux acheter un billet modifiable et remboursable Buenos Aires-Santiago du Chili pour pas trop cher, pour le 10 mars, que je m'empresserai de me faire rembourser à peine arrivé là-bas. On me laisse enfin franchir le portillon mais l'avion est en retard. Son arrivée en provenance de Londres est annoncée pour 15h30 et le départ une demi-heure après. J'ai une place dans le DC 10 près d'une fenêtre, mais c'est dans la partie fumeur, en queue, et comme il y a un siège libre à côté tous les fumeurs viennent s'y asseoir à tour de rôle et enchaînent cigarette sur cigarette ce qui n'arrange pas du tout ma bronchite. De toute façon on ne distingue en bas qu'un océan de nuages d'une triste et morne uniformité. Comme on va vers l'ouest le soleil met un temps infini à se coucher. Quand la nuit est enfin tombée je distingue les lumières de quelques îles des Antilles, il n'y a donc plus de nuages. Ces ports brillament illuminés, ça doit être la fête là dessous, on entendrait presque la musique, en fait, on peut l'entendre, il suffit de brancher les écouteurs sur le bon canal. Le film, en espagnol, se passe dans un grand hôtel à New York où un voleur introduit une guenon pour cambrioler les chambres. Mais ses plans sont contrecarrés par les enfants du directeur non sans quelques péripéties et catastrophes.



 L'aéroport de Caracas est au bord de la mer, comme poussé dans l'eau par les collines illuminées : quand on décolle ensuite on s'inquiète de voir ces mêmes collines au bout d'une piste qui paraît bien courte. Nous arrivons à 21 heures locales. L'aérogare est tout en longueur, parallèle à la piste et au pied des collines qui le surplombent comme des balcons, un amphithéatre avec le spectacle permanent des avions et de la mer. La salle d'attente pour le vol de correpondance est inconfortable, les sièges ne permettent pas de dormir. Les bureaux de change sont déjà fermés mais il y a des toilettes et des robinets d'eau potable. Je respire en tout cas mieux que dans la cabine pressurisée et enfumée de l'avion. C'est le même DC 10 qui effectue le vol vers Buenos Aires, décollage à 23h45 locales.

Dimanche 12 janvier

Cette fois-ci je suis à l'avant et je peux dormir en callant mes pieds sur la cloison d'en face. Au matin nous survolons sans doute le Paraguay. Il y a un grand fleuve boueux puis des étendues cultivées, des canaux, des routes. Dommage que le survol de l' Amazonie se soit fait de nuit. J'ai à peine distingué les lumières de Caracas au départ, en fait deux groupes de lumières assez écartés et séparés de la mer par un massif montagneux.



 La région de Buenos Aires est verdoyante. A l'immigration, longue file pour les "turistas", ce n'est qu'au dernier moment que les services se décident à dédoubler la queue, qu'aucun panneau n'indiquait d'ailleurs, car toutes les pancartes portaient l'inscription "resident" et personne ne vous montre la bonne queue, j'ai dû errer une bonne demi-heure avant d'être sûr de ne pas me tromper de file. J'ai également parcourru tout le hall avant de trouver le bureau de change puis j'ai pris un billet de la cie de bus "Tienda Leon" pour le centre = 14 $. Le symbole du peso est presqu'identique à celui du dollar car il vaut exactement la même chose. Les autoroutes qui traversent d'immenses parcs verdoyants font qu'on se croirait en Angleterre (heureusement, on ne roule pas à gauche, ici) ou en Allemagne. Puis on traverse une zone de HLM et on passe devant le port. Santa Fe, c'est les Champs-élysées : magasins de luxe, arbres superbes de la place San Martin, somptueuses façades du XIX° siècle.
De là je me dirige vers le centre en quête d'un hôtel. Tout est calme, c'est dimanche matin. Les rues étroites se coupant à angle droit et bordées de gratte-ciels ont un faux air de New-York. L'hôtel "Maipu" est complet ainsi que le "Frossard" (sic...!) Je trouve une chambre à l'hôtel "O' Rei", sans lavabo, douche à l'étage, pour 45 $ les trois nuits soit 15 $ la nuit : c'est dans mon budget. Je ressens la fatigue du voyage plus la bronchite et le manque de sommeil mais le repos est de courte durée car il faut que j'aille à San Telmo dont le marché au puces se tient le dimanche matin. La rue Lavalle est piétonne, animée. L'avenida "9 de Julio" est la plus large du monde (125 m) Je fais le tour du "Teatro Colon" qui, bien que déclaré "monument national", me paraît avoir un urgent besoin de restauration. La place derrière ressemble à un terrain vague. Je remonte Rivadavia pour jeter un coup d'oeil à l'hôtel "Sportsman" et sur le palais du Congresso Nacional, puis je descend l'avenida de Mayo jusqu'à la place de Mai, théatre de l'épisode des "folles de Mai". Là je trouve enfin ce fameux "Barcace" dont le guide du routard indique qu'il faut le remonter sur sept blocs pour arriver à Telmo. Il fait 33° mais des nuages noirs commencent à s'amonceler tandis que j'atteins la plaza coronel Dorrego où se situe le marché aux puces, très animé. Un couple de danseur font une démonstration de tango. Je continue jusqu'au parque Lezama archibondé de populo à la recherche de fraîcheur et horriblement crasseux. Dans un coin, près du musée, une clocharde nourrit une ville de chats. Et le bassin ressemble à un égoût à l'air libre : un parapluie déchiré surnage sur les eaux noires croupissantes. De là je me rend à Boca, tout près, puis revient par le paseo Colon, relevant au passage les adresses données par le guide du routard. Ensuite, après avoir admiré les soldats en uniforme du XIX° siècle qui montent la garde devant le palais rose, siège du gouvernement place de Mai, une place remplie d'enfants en colonies de vacances, je parcours la via Florida piétonne jusqu'à la place San Martin où je suis descendu ce matin et passe devant la gare du Retiro pour aller me renseigner sur les bus pour Rio Gallego, dans l'intention de partir pour Ushuaïa, puisqu'aucune compagnie de bus ne descend plus loin que Rio Gallego. Le prix est de 109 $ et de là il faut encore aller à Ushuaïa. Je décide de prendre l'avion, même si c'est plus cher et c'est au retour que je remonterai en plusieurs étapes le long de la Patagonie.
Je rentre éreinté et m'allonge aussitôt.

Lundi 13 janvier

Je mets une demi-heure pour trouver un endroit convenable pour le petit-déjeuner. Je me renseigne à Aerolinas Argentinas, le billet pour Ushuaïa coûte 225 $ et il y a un vol quotidien. Puis je gagne le siège de la cie Lade sur "Peru". En fait, il s'agit de la cie de l'armée et ils n'ont pas de vol direct depuis Buenos Aires. Je suis tout près de Telmo, je décide de visiter Boca qui est à côté. Tout au bout de la rue Necoches des ponts délabrés franchissent un fleuve. C'est là qu' Aristote Onassis a commencé de gagner sa vie en faisant le passeur. Tout ce quartier de bateaux et de ponts rouillés évoque parfaitement la faillite de l' Argentine à une certaine époque. C'est vraiment un décor de films et de romans noirs. Le restaurant "La Barca" n'existe plus. Je reviens en prenant le bus 64 jusqu'à plaza de Mayo. Il faut avoir de la monnaie (60 c) à introduire dans une machine commandée par le chauffeur. Je m'arrête à Aerolinas Argentinas et prend un billet pour mercredi : il ne restait qu'une seule place ! mais la vendeuse me dit que l'avion se prend à Aeroparque (près du centre) alors que le code (EZE) correspond à l'aéroport international. Je me le fais confirmer à l'accueil où personne ne semble parler anglais ! Je remonte la rue Reconquista : le retaurant "El Suizo" n'existe plus non plus. J'achète des timbres à la poste centrale, encore un bâtiment d'une taille impressionante, puis des cartes postales et des T-shirts, après avoir constaté qu'une troisième adresse de restaurant avait changé d'enseigne, "La Posta Del Gaucho", Carlos Pellegrini, 625, décidément les adresses du guide du routard semblent aussi éphémères à Buenos Aires que celles du Lonely Planet à Dar-es-Salaam !

Mardi 14 janvier

Après le petit-déjeuner au centre commercial Pacifico je vais poster mes cartes à la poste centrale puis changer 400 $ en travellers chèques chez American Express, tout mon budget jusqu'à la fin du mois et du séjour en Argentine. Je remonte Santa Fe puis visite le quartier de la Recoleta en commençant par le cimetière du même nom, juste devant un centre commercial-restaurant kitsch dont la façade tente d'imiter Petra, on dirait une caverne en papier mâché. Je m'arrête devant la tombe d' Eva Peron, assez difficile à trouver. Peut-être Borges est-il aussi enterré dans ce lieu mais je n'ai pas le temps de vérifier. Je passe devant l'église Nuestra Señora del Pilar puis le centre culturel de Buenos Aires agrémenté d'une galerie commerciale (encore une !) et de restaurants chics, longe l'immense parc devant le musée des beaux-arts et je remonte l'avenida del Libertador pendant un bon moment avant d'arriver enfin en vue du parc de Palermo : il est déjà 16 heures. Je visite le jardin japonais, nourrit les énormes carpes de l'étang puis essaie de trouver la plaza Italia et le zoo. J'atteins dabord le monument à Sarmiento et le planétarium qui est fermé. Puis je traverse et découvre un petit lac comme au bois de Boulogne et de l'autre côté un jardin avec des tonnelles et des roseraies et le fameux mais un peu décevant patio andalou. Enfin encore plus loin l'entrée du zoo, à l'opposé de la plaza Italia qui est en fait sur Santa Fe et non sur l'avenida del Libertador comme marqué dans le guide du routard. De toutes façons, ces deux avenues sont en sens unique descendant et il n'est donc pas possible de les remonter en taxi comme c'est écrit. Le zoo recèle de nombreuses espèces locales : un condor fatigué dans une cage immense pour nous mais ridiculement petite pour lui, un jaguar, plusieurs pumas (à peine de gros chats !) des lamas et des alpagas (que je ne saurais différencier) des armadillos (en français on dit comment ?) des petits faons à peine plus grands qu'un gros lapin, en liberté, en Tanzanie j'aurais dit : des dik-dik. Toutes sortes d'oies et de canards courants sur le goudron au milieu des visiteurs, une pancarte devant une cage mentionne la présence d'un fourmilier que je ne suis pas parvenu à voir, des alligators (au Brésil : jacaré, ici on écrit : yacaré) tous types de singes, lémur, oiseaux, de superbes toucans et aras dont un rarissime ara bleu. Après la visite j'ai pris le métro pour rentrer (50 c) Le soir j'ai été goûter le bife de lomo tant vanté du restaurant "Los Troncos" sur Suipacha 732, accueuilli par une vache empaillée noire. Menu "ejecutivo" à 16 $ + 1 $ de couvert. La viande est effectivement délicieuse et le demi bife de lomo passerait en Europe pour une portion entière de très bonne taille !

Mercredi 15 janvier

A 9 heures j'arrive devant le point de départ des bus Tienda Leon, sur Santa Fe. A dix heures vingt le bus s'arrête dans la première partie de l'aéroport, celle réservée à Aerolinas Argentinas. Après enregistrement je rejoins la deuxième partie, internationale, pour demander l'adresse d' Air France qui n'est plus à Santa Fe 800 comme l'écrit le guide du routard. Elle est désormais sur Paraguay 660 et quelques. Il faudra que j'y passe au retour. Le boeing 747 d' Aerolinas, rempli d'américains (je devrais écrire de yankees, on est en Amérique ici aussi !) atterri à Rio Gallegos, au bout de la Patagonie : c'est tout plat et très venteux. Pas d'arbres. Là, il faut sortir de l'avion et repasser à l'embarquement. Mon numéro de siège est modifié, mais dans le DC 9, il y a des argentines assises à ma place et je dois attendre qu'on me redonne mon siège initial : dommage, j'aurais pû avoir un hublot. Mais le début du voyage se passe dans le coton : on ne voit que du blanc. Puis finalement on distingue le paysage de montagnes aux sommets enneigés de la Terre de Feu. L'approche se fait en traversant le canal de Beagle (du nom du bateau sur lequel Darwin est venu explorer ces lieux) Le nouveau bâtiment de l'aéroport est en construction, des bus nous emmènent à l'ancien où je récupère mon bagage et me fais indiquer des adresses d'hébergement bon marché. Mais tout est occupé, je suis obligé de me rabattre sur celles du guide du routard, la plupart complètes également. Finalement la pluie commence à tomber très fort lorsque je trouve une chambre (éventuellement à partager) chez Hilda Sanchez et Pedro Sieczkowsky sur Deloqui 395 pour 12 $. Je suis content de m'installer au chaud à bon compte car il fait nettement plus froid qu'à Buenos Aires ici. Plus question de suer au bout de cent mètres. Je fais mes courses au super du coin (Surty-Sur) où je trouve le jus d'orange pas beaucoup plus cher que dans la capitale argentine. Puis j'explore les rues d' Ushuaïa jusque vers 22 heures, l'heure du coucher de soleil en cette saison. Le restaurant "El viejo Marino" n'existe plus et "Tia Elvira" est sur Maipu, non plus sur San Martin 232. Je règle mon altimètre sur la plage et relève les publicités et les prix des bateaux pour l'excursion sur le canal Beagle.

Jeudi 16 janvier

Grasse matinée jusque vers midi, après une nuit de rêves agités. Après un cafe con leche (cher : 3 $) je me renseigne à l'office de tourisme sur les possibilités d'aller à Puerto Williams, sur la rive chilienne au sud du canal de Beagle : inexistantes à moins de louer un bateau pour ça ou d'aller en croisière vers le cap Horn et l' Antarctique (2000 $, 15 jours) et sur le départ par terre vers le continent en passant par le Chili, ce qui correspond aux indications du routard, mais en plus ici j'ai les prix : 48 $ pour Punta Arenas et de là il faut encore rejoindre Calafate en passant par Puerto Natales soit 6 $ + 25 $. Puis je prends la route du glacier Martial mais je vais trop loin à l'ouest et monte par une piste de ski au pied de laquelle se trouve un camping, derrière un superbe paysage de tourbières absolument désert.






Puis je rejoins le départ du télésiège. Après un chocolat chaud (encore 3 $) au chalet, je monte (à pied, le télésiège coûte 5 $) A l'arrivée du télésiège le sentier longe la rivière s'écoulant du glacier. Le sol est partout spongieux, on risque à tout instant de mettre le pied dans de l'eau. Puis une pente rocailleuse, un sentier de graviers et de caillasse monte jusqu'à la neige (850 m) De là-haut on contemple la baie d' Ushuaïa et le canal de Beagle qui s'étend au loin presque jusqu'à l' Atlantique !







En redescendant la route traverse la forêt typique de la Terre de Feu qui couvre les pentes, une forêt dense de petits arbres à l'écorce blanche, très serrés, noueux et je crois me souvenir que Darwin a éprouvé beaucoup de difficultés à marcher au milieu de cette jungle touffue pour escalader les montagnes environnantes.


J'arrive en ville juste à temps pour faire mes courses : 20 h 45, le magasin ferme à 21 heure !

Vendredi 17 janvier

Je réserve ma place pour le bus de lundi matin au bureau de la cie Los Carlos (Licatur Turismo) sur San Martin 880, puis je prends le bus de Pasarela (10 $ + 5 $ d'entrée au parc) pour le Parque Nacional Tierra del Fuego. J'avais dabord payé 20 $ mais je me suis aperçu que la vendeuse m'avait donné un billet pour deux personnes ! Après l'entrée du parc on longe la voie ferrée du "tren del fin del mundo", puis on arrive à un carrefour de routes, l'une descendant vers la bahia Ensenada et l'autre montant vers la cascada "Rio Pipo". Un peu plus loin un sentier accède au punto panoramico de Pampa Alta. Je n'aurai pas le temps de faire toutes ces excursions, il faudra revenir avec le train qui s'arrête justement près de là.


Nous continuons après une halte à un belvédère en direction du camping de Lago Roca qui est le terminus du bus. De là je vais à pied le long du rio Lapataia jusqu'au lieu-dit du même nom, fin de la route nationale n° 3 à 3063 km de Buenos Aires.


Il y a des espèces d'oies blanches et grises (des bernaches ?) mais je ne vois pas de pic-vert de Patagonie à la tête rouge.





Beaucoup de lapins dans l'herbe. Des troncs d'arbres gris, morts, des marécages, des tourbières, des monticules de coquillages, relief des repas des fuégiens, sur le rivage, au loin, s'ouvre le canal Murray, vers le cap Horn, et en arrière plan se dresse le Cerro Condor.




Quand il n'y a pas trop de touristes braillards on se sent vraiment au bout du monde. Au retour j'ai quelques difficultés à répérer le passage du sentier "a los castores" qui n'est pas du tout évident. La Laguna Negra, une tourbière en formation, est mieux signalée.










Les voitures soulèvent la poussière sur la piste. Beaucoup de gens viennent ici pour la pêche. Il faudrait pouvoir s'arrêter trois à quatre jours dans ce parc, en camping, tant les possibilités de balades sont nombreuses. Près de la caféteria des chevaux broutent en liberté au milieu des tentes ! Dans le bus du retour un randonneur a le pied en sang, il s'est coupé en marchant sur une pierre dans l'eau. Un couple de français en compagnie d'amis argentins sont dans ce même bus. Je vais manger chez Tia Elvira le fameux "centolla" (spider crab en anglais) plus un bife de chorizo, peut-être un peu trop salé, arrosé de vino de la casa (Santa Ana) En dessert j'essaye de la pastèque confite au sirop que je trouve un peu écoeurante, comme de la patate douce.

Samedi 18 janvier

Après le desayuno à 4 $ du self à côté de Tia Elvira j'achète des timbres puis un T-shirt (remera en espagnol) du phare de la "fin del mundo", plus la carte de la Patagonie et Terre de Feu et dix cartes postales. Puis je prend mon billet pour l'excursion en mer à la hacienda Halberton. Dans le catamaran "Tolkeyen" je retrouve le couple de français d'hier soir. Je leur prête mes jumelles. Ils sont de Pau. Ils iront ensuite à Calafate, peut-être les retrouverais-je au Lago Argentino ? Le bateau de Greenpeace est amaré sur le ponton, dans le port.


La visite (75 $) commence par l'isla de los lobos où voisinent les dits "loup" de mer, en fait des lions de mer, et cormorans.


Puis on passe devant le phare de la fin du monde et ensuite un long trajet dans le canal Beagle le long de la côte de l'île Navarino sur la rive sud, au Chili, nous conduit au large de Puerto Williams, la véritable ville la plus au sud de la planète, mais plus difficile d'accès qu' Ushuaïa et nettement moins peuplée, ce n'est qu'une petite base militaire chilienne.



Ensuite, après avoir franchi le passage le plus étroit du canal Beagle où celui-ci ne fait plus qu'un petit kilomètre de large, et après avoir découvert l'entrée de ce canal sur l' Atlantique sud et la route qui conduit au cap Horn et à l' Antarctique, le navire s'arrête dans la baie de l'estancia Halberton où nous sommes accueuillis et guidés par les membres de la famille, descendants de Thomas Bridge, le missionaire des fuégiens et premier colon en Terre de Feu (le nom "Halberton" est celui de la ville natale de son épouse) Curiosités locales : deux condors empaillés dans le hangar de la baleinière, un antique atelier pour la tonte des moutons, une petite réserve forestière avec des espèces indigènes préservées, des exemples de champignons parasites de la forêt, Llao Llao ou pan de indio, car il est comestible, à l'origine d'énormes excroissances sur le bois. Nous rembarquons et passons devant la pinguiñera, l'île où se reproduisent des centaines de pingouins à la démarche chaplinesque, un spectacle toujours amusant à contempler.



Et au retour nous nous immobilisons presque contre le flanc d'un bateau de pêche en train de remonter des paniers remplis de ces excellents crabes géants de la région.
Pendant toute l'excursion le temps a été gris avec à peine quelques clins d'oeil du soleil par ci par là, et le vent souffle continuellement et violemment. Nous sommes pourtant au coeur de l'été austral ! Je n'ose imaginer la rigueur de l'hiver sous ces latitudes ! Il faut être vêtu chaudement pour s'aventurer dans ces parages. Le soir venu, pour me réconforter je commande la "Milanese" complète au retaurant "Don Juan" : elle est plus large que l'assiette. Le dessert (de la glace avec des fruits) est tout aussi gigantesque que la pizza, les champignons ou les crabes : est-ce un effet du climat ?

Dimanche 19 janvier

Le temps aujourd'hui est encore plus maussade qu'hier : pas une seule trouée de soleil et de longues averses, parfois de la grêle. Je me promène le long de la rue Leandro N. Alem tout au nord, en haut d' Ushuaïa, dabord vers la sortie de la N 3 en direction de Rio Grande (j'essaie de trouver l'endroit où ont été tournées les scènes d'un film argentin que j'ai vu à Fréjus avant de partir, mais en vain) puis dans l'autre sens, vers l'ouest, jusqu'au camping du club Andino au pied de la piste de ski. Je ne trouve pas trace de la cerveceria "Inselburg" sur Alem 966. Il n'y a rien à cet endroit, est-ce une plaisanterie du Routard ? Je vais manger au restaurante-cafetin Volver sur Maipu 37 pour reprendre de cet incroyable centolla, cette fois chaud, à la "Alakalufe" (une tribu de fuégiens) c'est à dire avec des champignons et du poivron. En dessert la mûre locale "calafate", en glace.

Lundi 20 janvier

Départ à trois heures du matin pour Punta Arenas via Rio Grande. Je comptais sur ce départ nocturne pour enfin avoir un aperçu du ciel austral sous cette latitude extrême mais je suis déçu : la couverture nuageuse est bien trop épaisse. Le bus est complet. Le ciel commence à s'éclaircir à l'ouest avant quatre heures du matin, mais on ne distingue rien du paysage jusqu'à la hauteur de Rio Grande où l'on ne s'arrête même pas pour le petit-déjeuner comme je l'espérais ! La côte ici est plate et uniforme.




On passe la frontière chilienne à San Sebastian, à la queue dans l'ordre de la liste des passagers du bus. Puis nous traversons les étendues plates du nord de la Terre de Feu jusqu'à l'entrée du détroit de Magellan à Punta Delgada (côté continent) Le vent est très fort, encore plus qu'à Ushuaïa, le détroit se resserre à ce niveau en un goulet large de guère plus quatre ou cinq kilomètres et de temps en temps les vagues projettent de l'écume jusqu'en haut du bastingage. Le bus s'est arrêté devant le restaurant sur la rive patagonienne mais je n'ai pas de pesos chiliens et je ne veux pas changer les gros billets (20 $ ou 100 pesos argentins) pour juste prendre un café. Le change est de 400 pesos chiliens pour un argentin, ou un $. Je regarde les autres manger puis je sors et vois des dauphins noirs et blancs, un couple qui folâtre juste devant la plage. Mais je suis déjà au bout de ma cassette vidéo, dommage. Nous reprenons la route et longeons le détroit de Magellan qui s'élargit vers l'ouest. Je somnole à moitié. Arrivé à Punta Arenas je suis bien embêté car je n'ai pas de plan de la ville. Le guide du routard est bien inférieur sur ce....plan (sic !) aux guides du Lonely Planet. Mais comme dans presque toutes ces cités coloniales, les rues se coupant à angle droit, on peut prendre une direction au hasard et on finit par croiser la rue qu'on cherche, surtout quand le bus s'est arrêté au centre. Je trouve le comptoir de change où je change 150 $ puis descend la même rue ( Roca ) jusqu'au residencial Roca où je m'installe pour 4000 pesos, donc 10 $ si vous m'avez bien suivi (voir 10 lignes plus haut) Je vais prendre un billet de bus pour Puerto Natales le lendemain à 14 heures car Punta Arenas ne présente pratiquement aucun intérêt : il y a bien la pinguiñera mais j'ai déjà vu celle d' Ushuaïa. Je ne suis pas emballé par les restaurants qui n'affichent ni les menus ni les prix.

Mardi 21 janvier

En attendant le départ du bus je vais visiter le musée salésien avec ses oiseaux empaillés, des exemples de la faune et de la géologie locales et des évocations des peuplades fuégiennes disparues désormais avec des reconstitutions de scènes genre musée Grévin, tout cela un peu poussiéreux avec de la naphtaline et du talc. Je voulais surtout répérer les espèces d'oiseaux mais les noms espagnols ne m'aident guère quand je ne les connais pas. Je vais déjeuner et prend mon temps; croyant que le départ du bus est à 14 heures trente. J'arrive à l'agence à 14 h 05 et vois le bus partir juste à cet instant ! Le prochain est à 18 heures seulement, je me vois mal attendre encore quatre heures dans ce trou. Heureusement le bus est relié par radiotéléphone au bureau. Il n'a pas encore quitté l'agglomération et une personne se propose de me conduire jusqu'à la zone franche pour le rattraper, c'est vraiment inespéré ! Ce n'est pas tant d'avoir à repayer ma place (2500 pesos) qui m'ennuyait que d'arriver au milieu de la nuit dans un patelin inconnu. La route traverse les étendues plates, à part quelques monticules, de la Patagonie chilienne parsemée de rares estancias. Un veau se promène sur le chemin qui n'est bétonné sur une seule des deux voies. A mesure qu'on s'approche de Puerto Natale le terrain devient plus vallonné et se couvre de forêts aux arbres penchés par le vent avec des troncs morts eparpillés comme en Terre de Feu. Le temps est toujours nuageux. A Puerto Natale je dois encore parcourir les rues au hasard jusqu'à l'hospedaje "Los Immigrantes" sur Ignacio Carrera Pinto, 480. Il y a une chambre à 4000 pesos que je prends pour trois jours. Demain j'irais en excursion aux glaciers Balmacera et Serrano. La patronne me prend le billet. Le départ est à 8 h 15. La balade coûte tout de même 18 000 pesos mais c'est relativement moins cher qu'à Ushuaïa puisqu'elle dure toute la journée.

Mercredi 22 janvier

Je fais ma toilette à 7 heure trente mais il n'y a déjà plus d'eau chaude car les autres locataires sont partis de bonne heure. Après le petit-déjeuner je gagne le port sous une pluie légère. Les bateaux (il y en a deux) ressemblent à de vieux chalutiers. Ici, les places sont numérotées ce qui est un avantage quand on est seul car à Ushuaïa je ne pouvais pas m'asseoir, toutes les tables étant occupées par des groupes ou des familles. Les navires remontent le fjord dont les rives sont dabord basses puis après un passage étroit deviennent montagneuses avec de la glace sur les sommets. La route est quand même assez monotone jusqu'à ce qu'on arrive à la colonie de cormorans. Mais je ne verrais ensuite ni lions de mer, ni condors, ni dauphins (j'en avais encore vu à Punta Arenas au bord de la mer, entièrement noirs ceux-là) Le glacier Balmaceda apparait de loin, bleuté et finalement pas trop éloigné du rivage malgré qu'il ait effectivement rétréci depuis 1958.



Loin derrière la rive est du fjord on distingue les pics élancés caractéristiques des "Torres del Paine" couverts de brume. La pluie s'est arrêtée mais le vent est très fort, le bateau traverse des paquets d'eau. On aborde enfin pour aller au glacier Serrano mais l'équipage impatient à cause du vent ne nous laissant pas aller jusqu'à la glace, nous devons nous contenter de contempler le glacier depuis la moraine.




La couleur bleue est-elle plus prononcée à l'intérieur ? Le capitaine donne de la corne pour éviter que les touristes ne s'attardent.


Le long retour se fait par le même chemin mais avec le soleil cette fois et un vent qui pousse les vagues presqu'à la même vitesse que le navire ! J'observe en vain les parois des falaises à la recherche d'un condor mythique. Il y a toutefois de jolies cascades qui parsèment les forêts vertes de stries blanches. A 16 heures nous avons rejoint le port. Je m'informe à l'office du tourisme pour la balade à la Cueva del Milodon que je compte faire demain, sur les départs pour El Calafate, en Argentine et sur le parc de Torres del Paine dont j'achète un plan.

Jeudi 23 janvier

Ce matin, grasse matinée jusqu'à dix heures. Hier soir j'ai diné au retaurant "Los Pioneros", saumon et frites arrosés de vin blanc (gato blanco) copieux, mais le saumon était un peu sec. A 15 heures, départ de l'excursion à la "Cueva del Milodon". La grotte est impressionante par sa taille, quoiqu'en dise le routard. Et il y a un superbe rocher : la "Silla del Diablo".





Au retour on longe les pêcheries installées sur la rive du fjord "Ultima Esperanza". L'eau est aujourd'hui calme, un miroir pour les cygnes à col noir que j'ai photographié hier dans les vagues.







Du retaurant j'ai aussi observé les mouettes qui semblaient s'amuser sur la plage à flotter dans le vent et à laisser tomber leur proie (ou leur jouet ?) du haut des airs pour la reprendre ensuite au ras du sol. Pour en revenir au milodon, cette histoire a défrayé la chronique paléontologique à la fin du XIX° siècle et a été le motif du voyage de Bruce Chatwin en Patagonie, sur les traces de son grand père qui avait fait cette découverte. Il y a deux autres grottes bien plus petites. Nous en avons visité une après la "Chaise du Diable" et comme il faisait très sombre au fond, notre guide a allumé un flambeau et nous a fait ramasser les ordures jetées là par les touristes négligents ! Comme cette grotte est très étroite il y fait aussi très frais. En revenant j'ai acheté des tonnes de vivres pour l'excursion des jours suivants au parc de Torres del Paine ; ça va être lourd à porter tout ça ! Et j'ai eu un mal fou à trouver un ouvre-boîte dans ce patelin, ils n'en vendent pas dans les superettes ici, j'ai fini par en dénicher un dans une quincaillerie. Le couteau de poche que j'avais acheté à cet effet (pas bien cher, il est vrai) s'est lamentablement plié quand j'ai essayé d'ouvrir une boîte avec. Quant au tire-bouchon, je n'ose pas imaginer dans quel état je le mettrais si j'essayait de le faire fonctionner. Ce soir je dîne d'une "paila marina" au restaurant "La Burbuja" avec une schopp et des bananes cuites en dessert.

Vendredi 24 janvier

Départ à 7 heures trente pour le parque Torres del Paine. L'eau pour la toilette est toujours froide. Au début nous prenons la même route que pour la Cueva del Milodon en passant devant l'aéroport. Puis on s'arrête à l'embranchement de la route qui mène à la frontière avec l' Argentine. Les bus en repartant oublient toujours quelque passager attardé dans l'un des deux bistrots. Le vent est très fort. Il y avait sur la route un groupe de grands oiseaux près des moutons : étaient-ce des condors ? Je n'ai pas sorti mes jumelles et je n'en sais rien mais ce serait vraisemblable. Bientôt nous arrivons à l'entrée du parc où il faut payer 5500 pesos et se faire enregistrer avec le numéro du passeport et la durée du séjour : la sécurité est bien prise en compte. Tout le long de la route jusqu'au refuge Pudeto broutent des guanacos. J'ai même l'occasion d'en photographier un de près car l'autobus tombe en panne dans la montée après le portail et nous attendons une heure que les chauffeurs rafistolent la roue.




 Après le refuge Pudeto et l'embarcadère du lac Pehoe nous longeons la rive de ce dernier et voyons successivement le "Salto Grande", l'hosteria Pehoe, le camping du même nom, le départ du chemin qui mène à l'hôtel Explora et au Salto Chico et nous arrivons enfin à l'administration où je mange un morceau car il est quatorze heures et je n'ai rien pris depuis ce matin de bonne heure : je meurs de faim. Mais je suis inquiet d'avoir à faire une longue route jusqu'au lago Grey sur une piste plate caillouteuse en terrain découvert alors qu'il pleut légèrement et surtout qu'il fait un vent terrible de face. Je suis un peu rassuré de voir un couple s'engager sur le même chemin derrière moi mais la progression est pénible : je suis chargé de tout mon bagage plus les vivres, cela fait vraiment beaucoup. Heureusement, après un kilomètre environ, un véhicule s'arrête et nous prend tous trois à son bord. Ce sont semble-t-il des employés de l'hôtel du lago Grey (ils nous déposerons d'ailleurs un peu avant) C'est une route monotone de 18 km 5 presque jusqu'à la fin : nous serions arrivés tard le soir pour camper ! Mais un peu avant la fin il y a une gorge magnifique et de la route on aperçoit une énorme île de glace bleue flottant sur le lac. Je m'engage en direction de la piste des refuges Pingo et Zapata mais le gardien me fait signe de passer le voir et m'enregistre ( encore une fois le numéro du passeport ) Il s'inquiète de savoir où je vais et combien de temps je compte rester. Je lui dis que je vais au refuge Zapata. Il me demande si j'ai une tente car le refuge est plein ce soir. Je lui réponds que je comptais justement camper. Le temps de marche indiqué est de quatre heures mais c'est le temps moyen, mis par des gens qui ne sont pas chargés comme des bourriques. Le sentier est très étroit, bordé de buissons qui déchirent les sacs en plastique qui contiennent mon ravitaillement et freinent mon avance. Je mets trois quarts d'heure pour atteindre le refuge Pingo (temps normal : une demi heure) Bien sûr le vent continue de souffler contre moi et il y a une pluie intermittente. Le sentier traverse d'innombrables ruisseaux et parfois même des rivières et il faut s'aventurer en équilibre instable avec tous mes paquets sur des cailloux glissants ou sur des ponts de branches. Je m'aperçois bientôt qu'il y a de sacrées montées suivies de descentes tout aussi raides et partout du crotin frais : des cavaliers sont passés il y a peu de temps. Tout le long de la route dans un paysage splendide de forêts et de bruyères je ne rencontre pas âme qui vive et me demande si je ne vais pas me trouver nez à nez avec un puma. Si j'avais su ce qui m'attendait jamais je n'aurais pris ce chemin tout seul et aussi lourdement chargé ! Je m'arrête toutes les vingt minutes pour souffler. Je désespère de voir la fin du chemin avant la nuit. Enfin vers 7 heures trente j'arrive à la cascade où je me repose. En fait je ne vais pas au bout du sentier et prends les rapides du début pour la cascade elle même. Il faut que je me décide à repartir si je tiens à monter ma tente avant la tombée de l'obscurité. Je continue mon avancée en titubant et en pestant car mes sacs plastiques se déchirent l'un après l'autre et il me faut ramasser leur contenu. Je pense avoir perdu une boîte de fruits. Enfin du haut d'une crête j'aperçois le refuge en contrebas mais avant d'y parvenir il me faut encore effectuer un crochet vers l'intérieur avec l'inévitable montée suivie d'une descente et cette fois un véritable marécage s'étend au pied de la colline, dans lequel les chevaux ont largement pataugé et défoncé le terrain, ce qui n'arrange rien. J'arrive au but à neuf heures du soir, parti à trois heures j'ai donc mis six heures au lieu des quatre annoncées. J'engloutis un litre de lait puis je monte la tente. Je n'ai pas trop faim mais je meurs de soif !

Samedi 25 janvier

Je me lève tard, vers neuf dix heures et démonte ma tente. Les chiliens aux chevaux (ils sont quatre, ont un cheval pour les bagages qu'ils laissent au refuge et il y a trois poulains !) partent au mirador Zapata. Je les suis vers dix heures trente, les croise lorsqu'ils reviennent et monte jusqu'à l'endroit appelé Mirador Zapata en pleine nature vierge, face à l'immense glacier continental de Patagonie, le troisième du monde après l' Antarctique et le Groenland. On voit aussi le Lago Pingo d'où sort le Rio Pingo. Il y a toujours du vent, il pluviote et ma jambe droite me fait mal. Mais cette fois je ne traîne pas tout mon bagage, j'ai mis moins d'une heure pour un trajet annoncé d'une durée d' une heure et demie. J'avais fait tout ce chemin en pensant avoir une vue latérale sur les Torres del Paine qu'en fait on distingue assez mal car nous en sommes séparés par une rangée de montagnes. Après le casse-croûte je reprends tout mon barda vers douze heures trente pour un retour que j'appréhende. Peu après je rencontre une américaine qui va au refuge Zapata toute seule : ce sera la seule personne que j'aurai l'occasion de croiser jusqu'au chalet du gardien du Lago Grey. Cette fois je suis le chemin qui conduit à la cascade Pingo jusqu'à son terminus. Mais comme je n'avais pas pensé à prendre ma caméra, je n'ai plus qu'à retourner la chercher car cette cascade vaut vraiment que je l'immortalise et je ne suis pas sûr de jamais revenir par ici une autre fois ! Puis je répère sur mon plan les étapes du retour, un peu plus facile que l'aller : j'ai mangé et bu la plus grosse partie des provisions et mieux rangé le reste. Mais les sacs continuent de tirer sur mes épaules et je m'arrête pour souffler toutes les demi-heures. Arrivé au refuge Pingo je me débarrasse de tout mon barda mais il me faut quand même aller voir le gardien pour le prévenir que je passe une nuit de plus que prévu car je ne veux pas qu'il s'inquiète et alerte les secours prématurément, cela représente une heure de route en claudiquant. Ce soir j'ai bien faim et j'attaque le poulet que je partage avec une souris. Je ne réussis pas à faire du feu mais il ne fait pas trop froid.

Dimanche 26 janvier

Réveil avec la pluie et grasse matinée jusque vers dix heures, seul dans ma cabane. Pas de nouvelles de l'américaine. A-t-elle passé la nuit au refuge Zapata ? Je reprends ma pénible progression et arrive à la maison du gardien où je dépose mon bagage avant d'aller faire un tour au glacier : il faut quand même que je prenne une photo de cet iceberg bleu avant de quitter cet endroit magnifique, tant pis si j'ai mal au pied. Le pont de câbles ne laisse passer que deux personnes à la fois au dessus des eaux grondantes du rio Pingo gonflé par la pluie. Il y a ensuite un petit bois puis une large bande de sable, une moraine, devant le lac lui-même. Au bout de cette plage la glace bleue étincelle....quand il y a du soleil, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Il y a un îlot sur lequel se trouve un mirador d'où l'on peut contempler au loin le glacier Grey qui s'écoule depuis l'océan de glace du glacier continental et vers l'est les parois verticales des Torres del Paine couvertes de nuages. Le bleu des icebergs est vraiment profond, rendra-t-il aussi bien sur les photos ?


Je retourne au parking et me fait un casse-croûte en attendant un bus qui doit passer à trois heures. Je papote avec un allemand qui a du mal à communiquer avec les chiliens. Il est venu en voyage organisé avec sa soeur qui habite Santiago depuis vingt-trois ans. Le bus arrive à 3 h15 et me conduit jusqu'au camping Pehoe pour 1500 pesos. Là j'ai la surprise d'apprendre que la place coûte 7500 pesos. Mais le gérant me fait un prix : 5000 pesos. Je tiens à m'arrêter ici car en dehors de l'agrément du site (pour une fois il fait beau !) il y a les douches chaudes et un peu de ravitaillement (lait, jus de fruit, biscuit) J'installe ma tente et finis le poulet.

Lundi 27 janvier

Après avoir démonté la tente et rangé mes affaires je fais un tour au Salto Chico qui se cache derrière l'hôtel Explora. Très difficile d'aller à son pied pour prendre une photo, le vent encore une fois est violent à me faire tomber. Un bâtiment en béton et à moitié en ruine gâche la perspective. En contrebas, au bord du lac il y a des installations de musculation. Est-ce une piscine pour l'hôtel ?


Je repars à pied le long du rivage du lac Pehoe et m'arrête pour photographier et filmer le Salto Grande mais là aussi je dois lutter contre le vent qui menace ma stabilité et celle de mes appareils.











Le bus Servitur me rejoint à moins d'un kilomètre du refuge Pudeto. Il est archiplein, je suis content d'y avoir une place encore que j'aurai volontiers passé une nuit de plus dans le parc. Nous retournons par la même route, nous arrêtant pour filmer un troupeau de guanacos. Nous voyons des condors de loin. Pause café au même troquet qu'à l'aller. Mon voisin, un hollandais bavard (en espagnol) dit que le chauffeur doit toucher une commission. A Puerto Natale je prends aussitôt arrivé un billet pour El Calafate pour le lendemain neuf heures. L'hospedaje "Los Immigrantes" étant complet j'essaie l'hôtel Bulnes mais personne ne répond à mon coup de sonnette et un gamin me conduit à un autre hospédaje sur la place centrale où un lit en dortoir de six revient à 3000 pesos, petit-déjeuner compris. Je vais manger dans un restaurant sur le port, celui avant "Los Pioneros", du poisson accompagné de vin blanc et une glace "espagnola" à la liqueur. Je donne ma carte de Torres del Paine à mon voisin de dortoir, Tony, un anglais qui s'y rendra dans deux jours. Pour l'instant, il se repose.

Mardi 28 janvier

Le bus pour Calafate (8000 pesos, cie ZAHJ ) reprend le même chemin que celui de Torres del Paine jusqu'à l'embranchement aux deux cafés à Cancha Carrera.



 A la douane argentine on ne me fait pas remplir de fiche d'entrée comme ça avait été le cas à l'aéroport. J'espère qu'on ne me réclamera rien à la sortie et je me le fait confirmer par le gabelou. Nous traversons les étendues plates à perte de vue de la Patagonie, peuplées seulement de nandus (petites autruches grises) et de moutons. Puis nous rejoignons la route goudronnée à 92 km de El Calafate. Enfin nous distinguons au loin la couleur turquoise caractéristique du Lago Argentino, et quelques sommets à l'horizon. A la gare routière bien organisée, avec des quais propres à chaque compagnie, nous attend un minibus de l' "Albergue del Glaciar", l'auberge de jeunesse. Le lit y coûte tout de même 12 $. C'est cher. Je réserve l'excursion du lendemain pour le Perito Moreno (32 $ + 5 $ à prévoir d'entrée au parc) Je visite la ville ou plutôt je parcours l'avenida del Libertador qui en constitue l'échine dorsale et concentre l'essentiel des activités. Tout au bout, une étendue d'eau peu profonde qui rejoint le Lago Argentino, où barbotent des cygnes à col noir et des flamants roses. Pas de trace du "Family House" ni du restaurant "El Refugio". De toutes façons je me contente de manger au restaurant de l'albergue d'excellentes brochettes de mouton accompagnées de salade mixte et un flan. Mes compagnons de chambre reviennent d' El Chaten et du Fitz Roy et vont demain à Puerto Natale. Ils font du remue-ménage fort tard (une heure du matin) C'est un couple de hollandais en voyage en Amérique du sud pour six mois. Il y a aussi un japonais qui ne reste dans la chambre que pour dormir.

Mercredi 29 janvier

Départ à 7 h 30 pour le Perito Moreno. Le minibus comprend tout de même 25 personnes. Nous passons par le ranch "Anita", le second de la province qui ne fait guère que 50 000 hectares. C'est là que s'est achevée une rébellion de la Patagonie en 1921. Le ranch le plus grand de la province de Santa Cruz a été, quant à lui, racheté par Beneton qui produit en Argentine 10 % de la laine nécessaire à ses produits.


Nous apercevons diverses espèces de faucon et d'aigles, puis des condors. Malheureusement le chauffeur-guide n'arrête pas son véhicule assez longtemps pour la photo. Il y a plusieurs français, des suisses, peut-être des italiens, des allemands ou suisses allemands ou autrichiens. Nous arrivons enfin en vue du glacier, certainement plus grand que tous ceux que j'ai vu jusqu'à présent, mais sa couleur bleue n'est pas aussi marquée et profonde qu'au lago Grey. L'excursion débute par une randonnée écologique aux abords du glacier sur un sentier qui me rappelle assez bien celui du refuge Zapata. Le guide nous fait observer plusieurs chênes d'une espèce toujours verte dont certains sont déssèchés. C'est l'effet du trou dans la couche d'ozone : ici, elle a diminué de 66 %. Elle ne représente plus qu'un mm d'épaisseur alors que la normale est de trois. Le taux de cancers dans cette province atteint aussi des records. Puis notre mentor nous fait jouer à un jeu : au détour du sentier il nous fait cheminer 20 minutes les yeux fermés, main dans la main, en tâtant le sol du pied gauche, sous prétexte que les touristes n'utiliseraient pas assez tous leurs sens. En fait il s'agit de nous dévoiler théatralement la vue sur le glacier, qui était assez éloigné avant le coude du chemin mais surgit d'une façon gigantesque à nos yeux lorsque nous les rouvrons à présent. Et pourtant il est encore à plus d'un kilomètre de distance. De temps en temps de monstrueux pans de glace s'effondrent avec un fracas de fin du monde. Après un cours sur la végétation le guide nous explique maintenant la formation du glacier et le processus particulier à celui-ci qui, au cours de sa progression venait se coincer sur la rive où nous sommes, bloquant l'écoulement de l'eau du lac adjacent jusqu'à la rupture cataclysmique et périodique qui se produisait autrefois tous les quatre ans. Mais plus depuis 1988. Est-ce la couche d'ozone rétrécie, le réchauffement de l'atmosphère ? On ne sait pas très bien.






Nous rejoignons la zone du tourisme "normal" et les belvédères sur le glacier. Mais il pleut et vente depuis que nous sommes arrivés et il est difficile de prendre des photos ou de faire de la vidéo et je commence d'en avoir ma claque du climat de la Patagonie. Le bistrot où l'on se réfugie est bien sûr hors de prix et on ne peut même pas s'y asseoir.






Je poiraute sur le belvédère le plus proche du glacier en espérant prendre une chute de séracs, mais lorsqu'elle se produit, le temps de rallumer ma caméra et tout est au fond de l'eau ! Heureusement je peux en filmer une autre plus petite et plus lointaine sur le côté. Si elle s'était produite lorsque nous étions sur le sentier, elle aurait eu lieu juste en face de nous. Mais je ne peux rester toute la journée à attendre la vidéo du siècle ! Je remonte vers le parking à l'heure prévue  et ne retrouve ni le véhicule ni mes compagnons de voyage. Je commence à m'inquiéter sérieusement, on avait rendez-vous à 14 h 45, il est 14 h 50 et je ne vois personne. Si, tout de même, le minibus revient car le chauffeur était parti en avance, croyant que tout le monde était à bord. Décidément, ça doit être une spécialité de ces pays de toujours partir en oubliant un passager. Cette fois-ci, c'était moi et je ne rigolais pas ! Au retour nous assistons au spectacle majestueux du vol du condor avec tout le loisir de le filmer. A El Calafate je descend à la station de bus pour réserver mon passage de demain pour Rio Gallegos à 9 heures (21 $) J'y vais avec un flamand rencontré la veille au restaurant et qui va lui à Puerto Natale et au parc Torres del Paine. Il a été en Australie et trouve que la Patagonie lui ressemble. Je lui fais avouer qu'elle "jouit" d'un climat nettement plus froid, pluvieux et venteux.

Jeudi 30 janvier

Dans le bus pour Rio Gallegos on passe un film américain sous-titré en espagnol : si je ne comprends pas l'un, je peux toujours me rabattre sur l'autre. Mais c'est un film d'action policier-karaté suffisament simple pour tout saisir rien qu'en regardant les images ! La route est vraiment monotone et j'ai surtout envie de dormir. Il y a des trucs bizarres branchés sur les roues, il faudra que je me renseigne pour savoir à quoi ils servent. Rio Gallegos est plat comme la main, suant d'ennui et de vacuité, mais avec un peu moins de vent que le jour où j'ai fait escale en avion. Il y a un bus pour Trelew à 17 heures, pour 48 $. Je prends mon billet et marche vers le centre et retour pour tuer le temps. Le bus Calafate-Rio Gallegos, c'était avec la compagnie Quebeck. Maintenant je prends un bus de la compagnie Andesmar que j'ai choisi surtout parce qu'il part plus tôt que les autres (21 heures) En fait, c'est le bus pour Mendoza. On nous sert le café avec des biscuits. Puis on s'arrête pour manger un morceau à Puerto San Julian après avoir dépassé le Gran Bajo, à moins 105 m sous le niveau de la mer, dont j'ignorais l'existence jusqu'à ce que je suive le tracé de la route sur la carte. Mais il est trop tard pour stopper et vérifier mon altimètre. Le flamand rencontré à Calafate rêvait de s'arrêter à San Julian parce que Magellan et Drake s'y étaient installés pour hiverner avant de franchir le détroit. Mais que reste-t-il de cette époque ? Après San Julian le bus tombe en panne et nous essayons de dormir sur le bord de la route. Pour une fois, on distingue bien les étoiles !

Vendredi 31 janvier

Au petit matin nous arrivons dans un patelin situé avant Comodoro Rivadavia où on nous fait monter dans un bus moins confortable. Puis la route longe l'océan jusqu'à Comodoro Rivadavia et le soleil qui se lève projette l'ombre de l'autocar sur les remblais en terre qui bordent la voie du côté gauche. L' Atlantique sud est une diversion bienvenue dans ce trajet monotone à travers les étendues infiniment plates et mornes de la Patagonie. Comodoro Rivadavia n'est pas une ville plate comme Rio Gallegos, c'est un port avec des collines sablonneuses, mais ce n'est pas encore un lieu où passer ses vacances, vivement le Brésil ! De toutes façons nous ne traînons pas car nous sommes en retard et nous filons vers Trelew. On nous sert le café, cette fois avec du lait. J'attend impatiemment l'arrivée car je n'ai pas envie d'utiliser les toilettes du bord. Mais surprise : dans la banlieue, après avoir franchi le rio Chubut, l'autobus change résolument de direction : c'est qu'il passe dabord à Rawson avant de s'arrêter à Trelew et les passagers pour Cordoba y changent de bus. A l'entrée de la ville il y a un pénitencier fédéral. Enfin nous parvenons au terminal de Trelew, autre cité plate et tristounette. J'espère que les manchots de Punta Tomba et les lions et éléphants de mer de la peñinsula de Valdes vaudront le coup (et le coût !) de me faire descendre dans un trou pareil ! Je choisis l'hôtel residencia Argentina où la single avec douche coûte 15 $, à peine 3 de plus que le lit dans un dortoir à l'albergue Los Glaciares à El Calafate. Le restaurant "La Robla", Rivadavia 453, n'existe pas ou plus. Il y en a un autre au 457 qui s'appelle "La Primera". Je rends visite aux dinosaures du museo de la prehistoria, vraiment très riche en fossiles, aussi d'ammonites et de végétaux tels les araucarias dont certaines espèces existent toujours au Brésil. Si j'avais plus de temps et d'argent j'aurais bien profité des excursions qu'ils organisent sur le terrain. Il y a des arbres pétrifiés. Dans le musée on peut voir plusieurs squelettes de différentes espèces de dinosaures et un seul os, mais colossal, car il s'agissait d'un animal de 35 mètres de long, le record en taille. En sortant je réserve mes billets pour les excursions de demain à Punta Tumba (30 $) et dimanche à la peñinsula de Valdes (35 $) chez "Sur Turismo. Demain matin départ à 8 heures. Mais dimanche c'est à 7 heures !

Samedi 1° février

Dans le bus avant-hier j'avais trouvé une façon originale de m'initier à l'espagnol. J'étais assis à côté d'une petite fille qui lisait Mickey et qui, voyant que je m'y intéressais, m'a prêté son journal, assez facile à comprendre à mon niveau ! Le bus pour l'excursion vient de Puerto Madryn. La route est longue (110 km) jusqu'à Punta Tumba et il n'y a que des étendues plates et désolées parsemées de quelques moutons. Puis on rencontre des guanacos. Enfin à Punta Tumba le bus s'arrête sur un parking au milieu des pinguoins en essayant de ne pas en écraser. Ils sont assez petits, deux d'entre eux goûtent mes chaussures et me mordillent la jambe. Il y en a environ un demi million. Le bruit est remarquable autant que l'odeur car il y a des excréments blancs partout. Dans la baie, de très grands et curieux oiseaux, genre pétrel de Patagonie. Les pinguoins nichent dans des trous parmi les buissons bas (et les touristes !) Ils ont une curieuse manière de tordre le cou pour observer ces étranges envahisseurs de la zone restreinte du rivage qui leur est accessible. Naturellement (nous sommes en Patagonie) il faut qu'il pleuve et qu'il vente chaque fois que je prends des photos ou que j'utilise ma caméra vidéo.


 
 
 
















Nous ne restons qu'une heure, comme avec les gorilles de l'Ouganda ! puis traînons dans les rues de Rawson qui ne présente aucun intérêt, encore moins sous une pluie battante, et regagnons Trelew où l'excursion s'arrête ...devant le musée de la préhistoire que j'ai visité la veille ! C'est une visite en option et je ne tiens pas à repayer les 4 $ d'entrée aussi j'attends dans le minibus. Puis la balade continue à Gaiman, ce village d'origine galloise qui s'est acquis une célébrité grâce à ses maisons de thé et nous nous arrêtons dans l'une d'elles. Pour 12 $ on a le droit de consommer autant de thé et de produits maison que l'on veut : petits sandwiches, pains beurrés, pâtisseries, c'est quand même cher bien qu'on n'ait plus besoin de manger le soir ensuite. Et le temps est toujours aussi typically british !

Dimanche 2 février

Ce matin il faut se lever à six heures pour partir à sept, car cette fois c'est au départ de Trelew que le bus se rend à Puerto Madryn. Surprise : c'est le même minibus que la veille avec la même tripulacion (équipage) c'est à dire le même chauffeur et la même guide. Je m'assure qu'ils ont bien pensé à mettre une roue de secours neuve car hier nous avions crevé sur la route entre Trelew et Gaiman. Je suis tout seul jusqu'à Puerto Madryn où nous prenons quelques touristes mais moins que hier où j'avais fait la connaissance d'un couple italien et nous avions pu parler dans leur langue à la maison de thé avec le serveur et une dame argentine accompagnée de sa fille. Beaucoup de gens en ce pays sont en effet originaires d' Italie de façon éloignée ou récente ce qui me donne l'opportunité de m'exprimer dans une langue que je connais bien mieux que l'espagnol. J'ai la surprise de voir monter aussi dans le minibus un jeune français rencontré au Perito Moreno et à El Calafate, sans qu'il me reconnaisse au premier abord. Une autre française s'assied à côté de moi mais je commence à être terriblement enrhumé. Puerto Madryn ressemble assez à la plage de Rawson en plus grand. C'est visiblement une station estivale mais s'il fait beau aujourd'hui il fait encore bien frais et je ne me vois pas me baigner dans la mer en ce moment. La route est longue jusqu'à la péninsule de Valdes, interminablement plate et monotone. Nous franchissons l'isthme qui donne accès à la péninsule et nous arrêtons à "l' Isla de los Pasaros" ou plutôt sur la rive en face à un kilomètre pour observer les oiseaux à la jumelle mais c'est peu intéressant d'aussi loin. L'accès de l'île est interdit depuis que des vandales y ont fait des ravages en détruisant les oeufs. Il paraît que c'est là, m'a dit la dame argentine hier après-midi, que Saint-Exupéry a eu l'idée d'écrire le "Petit Prince". Puis nous gagnons la plage des éléphants de mer alignés sur le sable comme de vulgaires touristes qui eux, cependant, n'ont pas le droit de s'y aventurer. Mais nous sommes quand même suffisament près, bien que nous ne puissions pas marcher au milieu des animaux comme nous l'avons fait avec les pinguoins. Et leurs masses pesantes sont amplement visibles, ils se déplacent difficilement hors de l'élément liquide et de temps en temps s'arrosent de sable.








En remontant nous avons la surprise de découvrir trois petits renards locaux (zorro) en train de quémander au milieu des touristes.



J'ai vu aussi des guanacos sur la route mais pas de nandus : j'aurai dû les photographier sur la piste à la frontière du Chili car je ne crois pas que j'en reverrai d'autres sinon au zoo. Un peu plus loin nous nous arrêtons pour observer des lions de mer mélangés avec des éléphants de mer du haut d'une falaise de terre assez friable. Puis le chemin passe devant des salinas qui sont en dessous du niveau de la mer mais auxquelles nous ne pouvons pas accéder car comme il a plu les jours précédents elles sont inondées. Enfin nous faisons une halte à Puerto Pyramides, le seul village de toute la péninsule. Le restaurant est comble, je me promène le long de la plage où je trouve deux cadavres de pinguoins. Il y a des argentins qui se baignent mais j'ai mal à la tête avec un rhume, presqu'une grippe. On sent bien qu'ici, malgré le plein été austral, c'est la morte saison car les baleines qui sont la principale attraction sont parties depuis début décembre ; ça doit être magnifique de les observer en bateau, j'espère pouvoir revenir une autre année, en octobre de préférence, mais que la route est longue pour arriver jusqu'ici ! Il faut retourner à Puerto Madryn et à Trelew et je profite de ce qu'il n'y a pas trop de monde pour m'allonger au fond du bus. Le soir je mange dans une churrasqueria une parilla (c'est un menu unique) qui commence par diverses salades à volonté puis deux platées de viandes (boudin, saucisses, boeuf etc...) carbonisées. Heureusement, ce n'est pas cher : 8 $.

Lundi 3 février

J'essaye de faire passer mon rhume en faisant la grasse matinée. Je prends mon petit-déjeuner à la cafétéria du terminal d'autobus et regarde la télévision. Puis j'essaie en vain d'acheter une carte de téléphone de 150 unités. Je fais toute la ville mais les détaillants ne vendent que des cartes de 20 unités ce qui n'est pas suffisant pour appeller en France. Finalement je vais dans une "cabina" où on paye à la minute et j'appelle maman pour 14,50 $ : je suis rassuré, tout le monde va bien. Curieux le nom de la chaîne de supermarchés locale : "La Anonyma" ! Le soir je mange au "Don Quijote" le fameux "lomo al estragon" et un dessert de panqueque, tout cela copieux et cher (25 $) alors que je n'ai bu que de l'eau.

Mardi 4 février

Comme je ne sais pas quoi faire en attendant le bus de ce soir à 19 heures je vais à pied à l'aéroport (5 km) et j'en reviens. Apparement ma jambe va bien mais le vent incessant ne doit pas arranger ma bronchite. Je ne crois pas que cette région présente quelque chose d'intéressant en dehors des baleines. En tout cas, je suis pressé de la quitter. Au retour de l'aéroport que j'ai visité uniquement parce que Saint-Exupéry y a fait escale, je reste sur la place principale, prends un "licuado" au Sugar, enfin me dirige vers le terminal. Que c'est long ! Je suis soulagé de pouvoir monter dans le bus de El Pinguino" mais avec ma crève j'aurais dû prendre un bus couchette (cama) beaucoup plus cher (70 $ au lieu de 35 $) mais où j'aurais moins gêné mes voisins avec ma toux et mon mouchoir archiplein.

Mercredi 5 février

Le bus s'arrête à peine pour les haltes casse-croûte. Nous quittons les paysages plats et venteux de la Patagonie pour les paysages plats (mais avec des arbres) et (un peu moins) venteux de la Pampa. Il y a des péages sur les routes nationales. En somme, en Argentine on fait payer l'autoroute avant qu'il soit construit. Le film dans le bus était "Perfect Alibi", assez intéressant : en le regardant j'ai oublié que j'avais la grippe ! Arrivé au terminal de Buenos Aires vers quatorze heures je me renseigne immédiatement sur les bus pour Posadas : pas question cette fois d'être bloqué un ou deux jours faute d'avoir réservé à temps. Puis je vais à l'hôtel Maipu où il y a maintenant de la place. Je prends une chambre avec bain pour 22 $. Il fait moins chaud qu'en janvier, seulement 25°, on supporte une veste. Je vais changer deux travellers à l' American Express puis j'annule le billet pour Santiago acheté à Roissy à l'agence Air France qui se situe au 14° étage d'un immeuble sur Paraguay 610. Pourquoi la compagnie n'a-t-elle plus de vitrine sur rue ? Est-ce pour faire des économies ? En échange de mon billet j'obtiens un M.C.O. valable pour acheter un autre billet d'avion ou prestation dans n'importe quelle compagnie I.A.T.A.

Jeudi 6 février

Je me lève à 11 heures et me promène sur les quais où se trouvent deux bateaux de la marine à voile, la frégate école "Presidente Sarmiento" et la corvette "Uruguay" que j'avais cherchés vainement à La Boca sur les indications du Routard. Puis en longeant le port je me dirige vers le musée national des beaux-arts. Sur la pelouse devant celui-ci il y a des oeuvres de Bourdelle et je fais le tour d'un plan d'eau où se lavent des pauvres, sans doute des gitans. Un jeune m'aborde et me demande de l'argent puis m'arrache ma sacoche que je lui reprends aussitôt en lui disant qu'elle ne contient que des papiers. Puis il essaie de m'intimider avec un couteau. Comme il semble vraiment désespéré je lui donne quelques pièces. Puis je vais vers l'entrée du musée. Il m'interpelle à nouveau en prétendant me serrer la main et s'excuser de sa conduite mais en profite aussitôt pour m'arracher la sacoche une seconde fois et part en courant. Je le poursuis en essayant d'ameuter les passants indifférents puis le rejoint car heureusement il était seul et cachait son baluchon derrière le musée. Je lui reprends la sacoche qu'il avait ouverte sans voir l'argent (plus de 200 $) par bonheur, mais je ne craignais pas tant pour cette somme que pour le passeport et les billets d'avion. Cette histoire se termine donc relativement bien pour moi et me sert de leçon. Car si je n'avais pas eu affaire à un pauvre idiot mais à une bande organisée, je n'aurais pas récupéré non seulement mon argent mais surtout mes papiers et mes billets d'avion et même si j'avais conservé l'essentiel de mon argent (dollars et travellers) dans une pochette, mon voyage se serait néanmoins terminé ici et j'aurais dû retourner en France au plus vite. Il va falloir que je fasse très attention. Je visite le musée en retrouvant difficilement mon souffle. Il y a beaucoup d'oeuvres intéressantes, plusieurs Rodin, des Goya, un Véronèse, un Rembrandt et des Rubens, des Corot, Courbet, Millet, Rousseau, Renoir, Pissaro, Modigliani, un Picasso, des Degas, des oeuvres allant du Moyen-âge à l'époque actuelle. Et de plus l'entrée est gratuite. Je retourne au centre par les rues chics de Recoleta. Et je trouve enfin les bureaux de l'office de tourisme sur Santa Fe mais il est trop tard pour me renseigner au sujet des vaccinations (ça ferme à 16 heures) Il est trop tard également pour appeler Jimmy ou pour me rendre à l'hôpital français. Je resterai donc un jour de plus.

Vendredi 7 février

J'achète un billet pour Posadas en coche-cama (55 $) de la cie Bariloche, départ demain à 20 heures trente. Je me rends à l'office du tourisme pour me renseigner sur les possibilités de vaccination mais ce n'est apparement pas une information "touristique" bien que l'on me donne l'adresse d'un hôpital à Recoleta. Et je demande comment l'on use l'hierba mate : simplement on laisse infuser avec de l'eau chaude. J'attendrais Posada pour la démonstration. Puis je prends le métro jusqu'à Miserere et de là je vais à Rioja pour trouver l'hôpital français. Mais il n'y a pas de service de vaccination à cet endroit. Je reviens à pied et m'arrête devant le palais du Congresso pour regarder les pigeons qui attendent que d'autres pigeons leur achètent à manger et les enfants qui courrent dans l'eau sale du bassin devant la statue, une bien piètre piscine.

Samedi 8 février

Je prends le métro jusqu'au bout de la ligne de Palermo, à Ministro Carranza (des opposants facétieux ont collés des bandeaux "Corrupto" à la place de Carranza) puis de là à pied jusqu'à Belgrano mais je n'ai pas pris le nom exact de la rue où se situe le restaurant "Agnès" (Ciudad de la Paz, 1410) de l'ex-maire d' Angoulême, Jean-Michel Boucheron. Il pleut aujourd'hui. Je reviens en bus jusqu'à la plaza Italia et visite le jardin botanique, jonché de détritus et parsemé de statues de femmes nues. Puis je fais le tour du zoo et retourne au patio andalou : je commence à m'ennuyer à Buenos Aires ! Je repasse à l'hôtel récupérer mon bagage et me rends au terminal avec une heure d'avance. Les bus couchettes sont plus confortables que les normaux mais les sièges ne s'inclinent quand même pas tout à fait à l'horizontale. Les repas sont servis par un steward qui a beaucoup plus de peine à garder l'équilibre que dans un avion. J'en profite pour boire du vin blanc quoique je ne devrais pas prendre d'alcool tant que je ne me suis pas débarrassé de cette mauvaise grippe. Le bus quitte l'agglomération par une interminable autoroute de banlieue qui longe la rive. Nous passons devant l'aéroparque et une litanie de restaurants chics et de supermarchés.

Dimanche 9 février

J'ai encore pu observer les étoiles pendant qu'on roulait. Ce matin la campagne du Nordeste apparaît, verdoyante, vallonnée, avec des bosquets d'un genre de peuplier, très denses. Ici aussi pas mal de bétail. Posadas est une grande ville qui s'annonce par sa banlieue. C'est dimanche matin, il n'y a pas un chat dans les rues. Mais le bus ne s'arrête pas au terminal comme je l'escomptais pour trouver l'hôtel Familiar tout à côté. J'erre dans les rues avec tout mon bagage et la chaleur augmente progressivement. Nous sommes dans une région tropicale à présent. Je me dirige au pif, les rues se croisent à angle droit comme presque partout dans les plaines de l' Amérique et j'aperçois des bâtiments plus élevés vers ce qui doit être le centre. Je finis par dégotter l'office du tourisme  où bien entendu personne ne parle anglais, mais il y a un plan de la ville et des prospectus sur les missions. J'ai l'adresse de l'hôtel Familiar à côté du terminal de bus qui se trouve à l'endroit où je serais parvenu si je n'avais pas changé de direction à la vue des grands immeubles ! Mais la numérotation des rues a changé et je ne trouve toujours pas cet hôtel. Il y en a bien un sur l'avenida Mitre, mais pas de nom. J'entre et constate que les prix affichés sont au dessus de mon budget. Finalement je décide d'opter pour la pension Nagel, un peu plus loin, où je trouve une chambre avec douche pour 22 $ que je prends pour deux jours. Puis je pars en direction du fleuve Parana en espérant trouver des gargottes. Heureusement je m'arrête pour acheter du lait dans un supermarché car les rives sont désolantes et inaccessibles. Il y a bien un parc d'où l'on voit la rive paraguayenne et la ville d' Encarnacion mais même les enfants ont l'air de s'y ennuyer. Quant à la plage et au camping, l'eau est montée jusqu'à la route, c'est n'est plus que de la boue et de la vase. Les bistrots sont dignes de la Tanzanie, il n'y a que des gens pauvres par ici. A l'écart un grand panneau aux couleurs vives signale le "Laos", un campement plus qu'un village d'asiatiques avec de nombreux écriteaux vantant les "masajes" et un parking truffé de routiers. Je remonte vers la ville en longeant des bidonvilles qui risquent constament l'inondation, des masures où croupissent des paraguayens si j'en juge aux plaques minéralogiques des véhicules qui stationnent là. Enfin j'engloutis un demi kilo de crème glacée sur la place centrale puis je retourne m'affaler à l'hôtel. Mais je déchante vite car il fait horriblement chaud à l'intérieur, la télévision donne à fond, il y a des punaises....etc.

Lundi 10 février

Je prends un bus pour Santa Ana. De la route n° 12 un chemin mène aux ruines à 700 mètres. Un gardien me fait payer 1 $. Les ruines sont dans la forêt, il reste des pans de mur dans lesquels se sont incrustés des arbres.




















Le cimetière à côté de l'église était encore en usage récemment, des colons l'ont annexé. Un peu à l'écart, dans l'ancien jardin aujourd'hui en pleine forêt, je reste une heure à tenter de photographier de magnifiques papillons bleus.











Je retourne sur la route et j'attends le passage d'un bus pour rejoindre San Ignacio. Des nuages noirs s'amoncellent, bientôt il pleut à torrents. Finalement je trouve un bus pour les 16 km qui me séparent de la localité. Dès que j'arrive sur le site (2,5 $) tombent à nouveau des cataractes de puie. Mais ici il y a des bâtiments où s'abriter. Il y a même tout un show digne de l'expo de Séville avant d'entrer dans les ruines proprement dites. Le plan est le même qu'à Santa Ana, avec les mêmes fonctions aux mêmes endroits, par exemple le cimetière à droite de l'église, mais les murs ont été restaurés et il y a de jolis porches et fenêtres sculptés.















Les logements des indiens étaient d'une grande uniformité et simplicité, les archéologues n'ont trouvé que des outils pour meubler le musée. Tout cela à l'air bien triste sous la pluie, pour ne pas dire médiocre. Ce sont les ruines d'un peuple vaincu, d'une civilisation exterminée, oubliée.

Mardi 11 février

Je croyais qu'il fallait avancer les montres d'une heure dans la province de Misiones en me basant sur le Routard mais ce n'est pas le cas, l'heure ici est la même qu'à Buenos Aires. Bref, je me suis levé une heure trop tôt. Le temps est encore nuageux et venteux ce matin. J'ai pris un billet pour le bus de 11 heures trente pour Puerto Iguazu (15 $) Le trajet (300 km) est long, nous arrivons à 17 heures trente. Au début la route est celle de San Ignacio. Le paysage ensuite ne varie guère. On traverse successivement Puerto Rico, Monte Carlo, Eldorado et enfin Esperanza ! Deux films pour passer le temps : "Alive" qui raconte l'histoire des rescapés de la Cordillère des Andes qui survivèrent en mangeant de la chair humaine (congelée, tout de même, à cette altitude !) Et on projette ce film à l'heure des repas ! Assez marrant de voir ce film américain sous-titré en espagnol quand on pense que les interprètes yankees jouent le rôle des véritables rescapés qui, eux, parlaient en bon espagnol puisqu'ils étaient uruguayens, c'est à dire les gens d'à côté. Naturellement toute l'histoire est revue et corrigée par les scénaristes d' Hollywood qui ne ratent pas une occasion de triturer la réalité et de mettre Dieu partout : les malheureux se croient plus près de lui parce qu'ils sont en altitude ! L'autre film, plus réjouissant, était "Jumanji" mais comme il était en version espagnole sans sous-titres il faudra que je le revoie car je n'ai pas bien compris l'histoire.
Puerto Iguazu est une assez petite ville. Je prends une chambre dans l'hosteria San Fernando tout à côté du terminal et très bon marché (10 $) en comparaison de Posadas. Est-ce la proximité du Brésil qui fait tomber les prix ? Mais à Posadas celle du Paraguay n'a pas les mêmes effets. Je marche dans les rues et tout ici me ravit : la douceur du climat, la verdure abondante, la terre rouge comme en Afrique et surtout comme en Inde, les bâtiments bas nichés sous les arbres, la joyeuse animation des enfants qui jouent dans les rues. Je vais jusqu'au point appelé "Hito Argentino", une espèce de pyramide géodésique sur la rive à l'endroit où la rivière Iguazu se jette dans le fleuve Parana. En face, au Brésil, il y a une pyramide semblable comme également du côté paraguayen, à l'ouest, se dresse un troisième monument identique.



 La rue qui conduit ici s'appelle l'avenida des trois frontières. J'arrive au moment du coucher du soleil, tout est calme et lumineux, mais je n'ai pas pris mon appareil photo et demain, après avoir vu les chutes, cet endroit me paraîtra peut-être bien ordinaire. Je reviens en longeant l' Iguazu et à un moment, au bout près du port, la route est inondée. Une construction à moitié submergée porte un écriteau "Aventuras Nauticas". Cette aventure là n'était sans doute pas au programme ! Ici aussi il y a une mutitude de papillons. Le soir j'ai envie de manger un dernier "bife de lomo" pendant que je suis encore en Argentine et je vais au restaurant "El Quincho" où jouent deux musiciens guitaristes, dont l'un chante des airs du pays. Avec le cidre et le dessert j'en ai pour 22,5 $ ; il faut vraiment que j'arrête le restaurant.


SUITE SUR LA PAGE TOUR DU MONDE IV : IGUAZU-BRESIL-AMAZONIE

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