TOUR DU MONDE V Bolivie



Suite de la page IV : Iguazu-Brésil-Amazone

                            
                                 BOLIVIE





View
Tour du Monde 1996/1997 in a larger map


Jeudi 3 avril 1997

L'avion de Lloyd Aero Boliviano (LAB) semble venir de Miami si j'ai bien compris et va directement à La Paz où nous aterrissons vers 6 heures locales, même heure qu'à Manaus. En partant nous étions pratiquement au niveau de la mer, ici l'aéroport est à 4000 mètres d'altitude ! Nous avons survolé les sommets enneigés des Andes avant d'arriver. Je suis saisi par le froid et l'altitude. Je marche lentement, prends un second café au bar de l'aéroport (ils n'ont pas de lait !) puis après avoir changé 10 $ je monte dans le minibus qui descend en ville (descend au sens propre puisque la ville est en bas !) Il y a une voie rapide avec péage. Arrivé au centre je remonte vers l'église San Francisco et là j'escalade (c'est le mot !) la rue Sagarnaga jusqu'à l'hôtel "Alem" où je trouve une chambre à 30 bolivianos, sans bain.

 
 

 


 

L'après-midi je me mets en quête d'un bureau de change qui accepte les travellers chèques et je fouille le centre ville. Je descends l'avenue 6 de Agosto jusqu'à un virage où la route commence à plonger vers Calacoto : il y a une statue de Confucius ? ou d'un autre chinois qui définit la cité idéale avec un texte en caractères chinois et une traduction espagnole sans mention du nom de l'auteur. Tout près il y a une résidence sans nom également mais sévèrement gardée puisque le soldat me fait signe de changer de trottoir. S'agit-il de la résidence du président ou bien des bureaux des services secrets ? Je cherche en vain l'hôtel "La Paz" mentionné par le guide du routard. Puis je passe devant le musée national avec les trouvailles de Tihuanaco. Puis je finis par trouver les agents de change devant l'hôtel de ville dont l'architecture fait penser à celui de Paris.



Je change 200 $. Je remonte les ruelles en cherchant le marché et trouve un beau point de vue sur la ville puis note l' "Hostal Republica", calle Comercio et passe devant la place Murillo et les palais du gouvernement. Il y a un car de la télévision bolivienne. Autour de l'église San Francisco il y a d'innombrables boutiques d'artisanat.

Vendredi 4 avril

Après avoir visité le musée des antiquités de Tihuanaco je mange chez Eli's. Plus tard je franchis un pont vertigineux et rejoint le quartier de Miraflores et la place où l'on a reconstitué quelques stèles de Tihuanaco. Pour finir je visite les musées près de la Casa Murillo, la Casa elle même étant fermée pour travaux. Je trouve enfin le chemin de la station des autobus que j'avais vainement cherché la veille, ayant toutefois atteint la gare, mais elle était fermée. Je prends un billet pour Sucre pour le lendemain en car-couchette (80 bs) départ à 19 h 15. Je vais manger au restaurant "Naira", du poisson, et je termine avec une infusion de feuilles de coca.

Samedi 5 avril

Je laisse mes affaires à l'hôtel et visite le marché qui se tient dans les rues des environs. J'achète un petit sac de feuilles de coca et un bonnet indien en alpaga (15 bs) Je descends à Calacoto, un quartier qui ne casse vraiment rien mais les montagnes qui l'entourent sont intéressantes, ravinées par l'érosion et la terre a parfois une couleur rouge vif. Je remonte et cherche en vain le restaurant "El Horno", il n'existe plus. Puis je marche jusqu'à la gare routière. Le bus cama est moins bien qu'en Argentine, 4 sièges par rang au lieu de 3 et pas de service à bord. Mon voisin est assez large et en plus il a une petite fille qui ne tient pas en place. Je me sens assez fatigué : est-ce l'effort d'avoir marché avec mes sacs ? En arrivant à la gare il y a eu une averse de grêle. Mais plus loin sur la route le ciel est dégagé et l'on aperçoit les étoiles de l'hémisphère sud.

Dimanche 6 avril

Le bus est passé par Potosi en pleine nuit. La route pour arriver à Sucre traverse une région superbe avec des ravins. L'autobus contourne la ville par des chemins bordés de falaises érodées qui semblent prêtes à s'effondrer sur nous. La gare routière étant loin du centre je prends un taxi collectif : je comprends le prix comme étant 12 bs et je tends un billet de 20 au chauffeur qui me demande si vraiment je n'ai pas 2 bs sur moi. Je les lui donne et il me rend mon billet : le prix était de 2 bs ! (je ferais souvent la confusion entre dos (deux) et doce (douze)) Je n'en reviens pas : guère plus de deux francs. Je descends au "Residencial Charcas" où j'ai une chambre avec bain pour 55 bs. Mais bien que Sucre soit bien plus bas que La Paz en altitude, j'ai encore froid. Après une sieste je me promène dans les rues de la ville et répère les adresses du "Routard" pour manger. Le "Bibliocafé" et "Andy Capp" sont fermés, la confiteria "Leblon" n'est pas à l'adresse indiquée. Il y a un magasin de bonbons un peu plus haut qui porte ce nom mais on n'y sert pas de consommations. La "Taverne" aussi est fermée, il ne reste que le snack "Paulista", décoré d'affiches brésiliennes, mais plutôt miteux et à la carte sans intérêt, quelques sandwiches. Cependant il est juste en face de la superbe cathédrale. Je monte jusqu'à la "Recoleta" d'où l'on bénéficie d'une vue splendide. Je suis intrigué par un espèce de labyrinthe en bas du portique mais on n'y a pas accès.

Lundi 7 avril

Je visite la "Recoleta" et son fameux "cèdre" millénaire, mais je suis surpris par les feuilles : je croyais le cèdre un résineux, un conifère ! De toutes façons c'est un arbre précolombien. Je visite aussi le musée universitaire et ses antiquités impressionnantes, momies à demi décharnées au rictus digne des "7 boules de cristal" et nombreux crânes déformés. Le matin j'avais visité la "Casa de la Libertad" avec ses souvenirs de la révolution et de l'indépendance, et de la guerre (perdue) du Pacifique. J'ai mangé du lama au restaurant de l'alliance française "La Taverne". Le soir je me dépêche de remonter à la Recoleta pour photographier la ville mais la lumière est déjà beaucoup tombée.
 
 

J'ai pris un billet de bus pour Potosi pour le lendemain matin, 9 heures (15 bs) La veille au soir j'avais mangé un excellent bifteck au "Las Vegas". Ce soir j'essaie "Las Bajos" mais si le chorizo local est bon, si les chromos sont toujours au mur avec leurs devises "à méditer" (suivant le "routard") je suis l'unique client et j'ai fortement l'impression de déranger.

Mardi 8 avril

La route de Potosi est magnifique avec de superbes montées. Un panneau signale que les trente prochains kilomètres sont une zone "géologiquement instable" ! En haut de la montée le bus s'arrête car une roue a crevé et j'en profite pour faire une photo de la vallée.



Mais je m'étonne de ne pas encore avoir vu un seul lama (sauf sous la forme d'un beefsteack) depuis mon arrivée en Bolivie. Il y a des moutons, des ânes, des boeufs, mais aucun animal domestique "indigène". La gare routière de Potosi étant tout en bas de la ville je prends un taxi jusqu'à l' "Hostal El Turista", chambre avec bain pour 45 bs. Mais la salle de bain donne sur les bâtiments voisins et la peinture blanche des carreaux est écaillée ce qui fait que les habitants ont une vue directe sur la toilette et l'académie des touristes ! Je vais manger un poulet au restaurant "Sumaj Orcko" (la montagne d'argent) et visite la Casa de la Moneda.



Il y fait vraiment très frais et je regrette d'avoir laissé mon pull à l'hôtel. Très belle collection de minéralogie mais comme la visite est guidée on n'a pas le temps de s'attarder. Dans la section des antiquités et ethnologique, encore des momies et des crânes et une carapace de tatou géant. Je demande si l'espèce existe encore et la guide me dit que oui, dans l' Amazonie bolivienne. Je ne m'étonne pas que la région soit déboisée car il a fallu en abattre, des arbres, pour fondre tout cet argent. S'il n'y a plus guère d'argent dans les mines, les espagnols ont laissé leur langue, des églises et des bâtiments magnifiques. Ici comme à Sucre, presque pas d'immeubles modernes, des rues dont les maisons ne dépassent pas un ou deux étages, des vérandas, des porches sculptés, mais les églises ne croulent pas sous les dorures ou argentures comme à Ouro Preto et ailleurs, au Brésil. Seules les sculptures extérieures, baroques, donnent une idée de la grandeur et de la richesse du Potosi d'antan. Et peut-être aussi les tableaux religieux, à présent dans les musées, mais tout de même un peu primitifs en comparaison de l'art européen de la même époque. J'ai acheté à Sucre une paire de rangers que j'étrenne mais qui sont très "dures" et me font mal aux pieds (250 bs)

Mercredi 9 avril

Je me promène dans les rues pour photographier les monuments les plus beaux et essayer de trouver une perspective sur la montagne d'argent, toute balafrée en zig-zags par les chemins des mines, toute rouge, mais je ne trouve pas de rue suffisament photogénique, du moins dans le sens de la montagne.














































Je descends à la gare pour prendre un billet de train pour le lendemain mais j'y apprends par un tableau que les trains passent désormais le mercredi, c'est donc trop tard pour aujourd'hui. En fait j'apprendrais qu'il n'y a pas de train du tout car il y a des travaux sur les voies en ce moment. Je réserve donc une place dans le bus de demain à vingt heures (60 bs) Puis je remonte, toujours à l'affût d'une bonne perspective, mais le temps est de plus en plus maussade. J'arrive en haut de la ville dans les quartiers pauvres des mineurs et je vois des installations boueuses de décantage du minerai d'où sort une eau noirâtre, et des ruines d'installations anciennes. En descendant les rues en pente raide j'ai de plus en plus mal aux pieds : décidément, je ne me fais pas à mes nouvelles chaussures.

Jeudi 10 avril

Je gagne un oratoire situé à l'entrée de Potosi en venant de Sucre et que j'avais remarqué la veille et je prends une photo de la ville avec la montagne en arrière-plan après avoir attendu une éternité que le nuage qui la coiffait veuille bien s'éloigner. A la fin, un groupe de trois personnes arrivées avec un vieil autobus me chassent de ma planque pour se livrer à leurs dévotions (que je suspecte d'être fortement intéressées) Sur ces collines à plus de quatre mille mètres d'altitude il y a des champs de graminées. Derrière, au loin, mais pas trop, il y a des montagnes couvertes de neige. 















 
 


 
Je descends vers la voie de contournement et ironiquement le sommet du Sumaj Orcko est maintenant bien dégagé. Un peu partout des cochons et des ânes mais toujours pas de lamas. J'arrive à la sortie de la ville, au pied de la montagne et je regarde le ciel menaçant et le sommet : il est treize heures, j'aurais le temps de l'escalader , mais pleuvra-t-il avant que je l'atteigne ? Finalement, irrésistiblement attiré par la hauteur je décide de tenter le coup. Mais j'aurais dû prendre mon imper et mon altimètre. Cette montagne est un vrai gruyère, des trous partout et par endroits des zones profondément ravinées et érodées ou des pentes de caillasse. Certains passages, de couleur jaune, sentent le soufre. Des installations et des cahutes jusque sur le sommet. La route n'est pas difficile sauf quand elle s'arrête devant une cabane et qu'il faut grimper sur les éboulis pour rejoindre le niveau supérieur car il est malaisé de répérer le bon itinéraire au milieu de toutes ces variantes. Je me suis arrêté à environ 50 à 100 mètres sous le sommet car il n'y avait plus de route et j'aurais dû gravir des éboulis alors que des nuages noirs se précipitaient sur moi. Il vaut mieux sagement redescendre, je suis tout de même arrivé à 4700 m à peu près ! Il y a encore des plantes qui survivent au milieu des gravats laissés par les mineurs et des oiseaux. La grêle me cueille avant la mi-pente, mais elle n'est pas trop méchante et cesse avant la jonction avec la grande route de Villazon qui mène à la frontière argentine.
















Je passe devant la mine d'état, à 4160 m. Mais j'ai beau scruter les devantures des épiceries, je n'y vois pas les batons de dynamite qu'elles sont censées vendre. Beaucoup de touristes israéliens à la gare routière mais je suis le seul gringo dans le bus de la "Trans-Copacabana". Du haut des montagnes j'ai remarqué que la route de La Paz descendait vers un très profond sillon raviné mais hélas les bus roulent la nuit et on ne voit guère le paysage.
 
Vendredi 11 avril
Arrivé à La Paz à 5 heures du matin je me dirige vers l'hostal Republica où je réveille le gardien de nuit qui me donne une chambre à 9 $ US. Je dors jusqu'en début d'après-midi puis vais changer 200 $ de travelers dont 100 $ en soles péruviens (= 247 sp) Ensuite je monte jusqu'au cimetière pour me renseigner sur les bus pour Tihuanaco et Copacabana. Il y a de nombreux départs et on ne peut pas réserver. Je vais manger à la "Casa de los Pacenos" un copieux "pique especial" très pimenté. Avec trois jeunes filles scandinaves nous formons toute la clientèle. On nous offre en apéritif un pisco sour et pour nous faire patienter on nous laisse feuilleter des albums de photos sur La Paz.
Samedi 12 avril
C'est dur de se lever à 7 h 30, il fait toujours aussi froid à La Paz. Je prends le bus pour Tihuanaco (5 bs) qui traverse toute la ville de Alto de La Paz avant d'en sortir avec sa cargaison de passagers recueillis dans tous les marchés où ils ont heureusement vendu leurs poulets et leurs moutons (sans quoi on les aurait eus sur les genoux !). La route traverse l'altiplano avec des fermes modèles et des troupeaux de bovins et toujours aucun lama en vue ! Arrivés à Tihuanaco le bus nous laisse en fait à la sortie du site qu'il faut contourner longuement avant d'atteindre le musée et les guichets. On voit d'ailleurs l'essentiel et notamment la fameuse "Porte du Soleil" de l'extérieur, en longeant le grillage. Et là, surprise, derrière la butte sur laquelle trône la Porte de la Lune, enfin, j'aperçois, devinez quoi.....3 lamas (ou alpaca, ou vigogne ou je ne sais quel camelidé...) Bien évidemment on les fait pâturer là à l'intention des touristes. Après avoir payé les 15 bs de l'entrée je rejoins les bêtes pour les photographier, comme sur les cartes postales, mais elles sont trop loin de la Porte de la Lune. J'ai quand même les montagnes enneigées en arrière-plan.

 
 
Je parcours consciencieusement le site jusqu'aux endroits les plus reculés et certaines fouilles en cours : il semble qu'il y ait encore beaucoup à explorer. Et j'enrage de voir une véritable foule s'agglutiner autour des monuments avec un guide qui s'éternise en d'interminables commentaires. Je suis obligé d'attendre des heures pour pouvoir faire des photos convenables et malheureusement il ne me reste plus de pellicule pour faire un plan général.

 


La Porte de la Lune
 
La Porte du Soleil
 
 
 
Le "cosmonaute"
 
 



Là aussi je remarque la présence de nombreux touristes israéliens. Dans l'herbe, de tous petits crapauds ou grenouilles, guère plus de 2 ou 3 cm de long. Je jette aussi un coup d'oeil sur l'église avant de reprendre le minibus pour rentrer (6 bs) Cette fois j'aperçois tout un troupeau de lamas près de la route. Le soir je mange une omelette au restaurant "El Verona" car le serveur refuse de me servir des spaghetti vu l'heure tardive : 20 h 30 ! Une omelette assez sèche d'ailleurs.
Dimanche 13 avril
Je me suis levé très tard, vers 11 heures, c'est dimanche quoi ! Je descends vers la calle Mexico pour attendre en vain pendant plus d'une heure le minibus 253 pour Aranjuez et la valle de la Luna. Finalement je me décide pour le 273. Le terminus (Mallasa) est au zoo municipal, en fait le bus traverse la vallée de la lune pour y parvenir. Il y a foule au zoo, c'est dimanche quoi ! Là on trouve des lamas, des alpacas, des vigognes etc...et des condors, dans une cage immense mais malgré tout bien petite pour ces énormes oiseaux, et en plus tout près d'une bruyante piste de mini-motos. Je prends quand même de nombreuses photos car ce sera sans doute la seule occasion de les voir d'aussi près.
















 

 
 
 

Et puis il y a des tapirs, des coatis, des pumas, des ocelots, des jaguars.......
 
 
 pour qui c'est visiblement aussi dimanche !
 
 
 
Un magnifique pavillon en forme de serpent abrite le serpentarium, hélas fermé. Des ours de Bolivie, des singes,des atèles, un couple de lions, des biches, des aras, etc... Je pourrais y passer la journée d'autant que le petit peuple avec ses femmes en chapeau melon constitue également une part du spectacle : c'est dimanche quoi !
Mais je voudrais aussi photographier la vallée de la Lune, si extraordinaire. Pour prendre la ville de La Paz au loin avec au premier plan les pentes crevassées je grimpe sur un monticule raviné de tous côtés.
 
 
 
Certains trous sont profonds de 5 à 6 mètres et les parois à pic empêchent l'escalade, de plus la terre est friable et glissante. La lumière de fin du jour est insuffisante et je dois mettre la pose au 1/4 de seconde ce qui m'oblige à poser l'appareil à terre pour l'immobiliser. Et pour viser ainsi au ras du sol mon chapeau glisse et tombe dans un trou, 5 mètres plus bas. La descente pour le récupérer me paraît trop casse-gueule : si je ne peux plus m'extraire de ce trou qui viendra à mon aide, les moutons qui broutent autour ?
 
 
 
 
 
 
 
 
 Je décide de regagner la terre ferme à regret, mais le jour baisse de plus en plus et il me reste encore à faire toute la descente avec les tunnels. Arrivé au pont et au lotissement luxueux d' Aranjuez, au pied d'une montagne presque rouge vif, je constate que tous les bus et minibus, venant du zoo, sont archibondés et ne s'arrêtent pas. Je dois donc en prendre un en sens inverse jusqu'à la case départ, le zoo, où enfin je peux espérer trouver une place pour regagner le centre : c'est dimanche quoi !
Je m'arrête au restaurant Eli's pour y manger des spaghetti, mais hélas ceux-ci sont trop cuits et tout mous : un bon dimanche, quoi !
 
Lundi 14 avril
 
Je monte jusqu'à la plaza Vilaroel et je décide de réserver une place dans le minibus pour Coroico du lendemain à 10 h 30 (12 bs) puis j'expédie les cartes postales pour la France. Surprise : les timbres boliviens sont à l'effigie de deux présidents, celui de la Bolivie et....Chirac, pour commémorer la visite de ce dernier. Puis je reprends le 273 pour Mallasa car non, décidément, je ne peux abandonner ainsi mon chapeau "Indiana Jones". Ce n'est certes pas pour les 600 FF qu'il m'a coûté, il est sale et troué à présent, mais il doit faire le tour du monde avec moi, un point c'est tout ! Comme je l'avais prévu, la terre meuble s'effrite sous mes bottes, mais il en reste suffisament pour que je puisse remonter. Et cette fois-ci je prends les photos à la lumière du grand jour.
 
Mardi 15 avril
 
La route de Coroico est dabord goudronnée jusque bien après le col à 4600 m. De nombreux chiens montent la garde. Je me suis assis à gauche comme le recommande le guide du routard et la vallée est à droite. Au fond je vois une ancienne route plus petite et je finis par croire qu'on a construit une nouvelle route moins dangereuse. Mais c'est qu'on est encore dans la partie andine du parcours, belle, mais guère plus périlleuse qu'une route ordinaire des Alpes. Et voilà bientôt que nous quittons la route goudronnée. C'est un chemin de terre et lorsque la forêt est atteinte, gare....Dès le début de la "Route de la Mort" le ton est donné : des badauds regardent au fond du précipice et il y a une voiture de police. Un véhicule est tombé dans le ravin. Impossible de voir la carcasse dans le fond du gouffre, seulement un homme encordé le long de la paroi. La route se rétrécit par endroits à un point tel qu'en regardant à la verticale on voit le sol plusieurs centaines de mètres plus bas ! En cas de chute, aucun pardon. Alors qu'en Bolivie on roule normalement à droite, ici, dans les rares passages qui permettent à deux véhicules de se croiser, c'est le conducteur qui descend qui roule à gauche car il lui est ainsi plus facile de voir où se situent ses roues gauches par rapport au précipice, au ras du gouffre. De temps en temps la route passe sous des cascades, des rapaces glissent le long du chemin, je colle mon oeil au viseur de la caméra vidéo pour mettre un filtre entre la réalité béante du trou et moi. Et cette route est interminable, je crois pouvoir respirer un instant et aussitôt le virage suivant dissipe mon illusion. A un point nous rencontrons un camion montant en sens inverse : il faut alors remonter en marche arrière jusqu'au plus proche passage élargi. C'est terrifiant, le passager derrière moi pousse un cri. Et dire qu'il faut reprendre la même route au retour à moins d'accepter un immense détour !
Enfin on aperçoit Coroico tout en bas, mais encore très éloignée car la route serpente le long de plusieurs crêtes et ravins. Quel soulagement d'arriver intact et comme la ville (ce n'est qu'une petite bourgade, en fait) à l'air ravissante à flanc de colline !
 
 
 
Je descend à l' "Hostal Kory" où la chambre avec bain coûte 35 bs puis j'entame la montée au sommet qui domine l'endroit mais je dois renoncer avant la fin car il est déjà tard, presque six heures et la lumière baisse. Le paysage est magnifique, les alpages et les forêts de fougères dominent les vallées escarpées à la végétation semi-tropicale très dense : bananiers, caféiers, etc...et même orangers étroitement mêlés. En redescendant je rencontre un jeune français qui vient de passer six mois au Pérou, en haute Amazonie, dans un centre de réhabilitation pour drogués, comme assistant bénévole, en contact avec des sorciers pratiquant la "médecine" traditionelle. Il est originaire du Doubs. Il a fait ce qu'il appelle des "diètes", isolement total dans la forêt et nourriture rustique, avec quelques "préparations" locales.
 
Mercredi 16 avril
 
Je me lève tard, vers onze heures, et visite la cascade, unique attraction de l'endroit. Longue marche le long de la route qui heureusement ne monte ni ne descend.
 
 
 
 
 


 
 
Je dois changer 20 $ au taux exhorbitant de 5,03 bs au lieu de 5,22 à La Paz. Je vais jusqu'à l'hôtel "Sol y Luna" qui a effectivement l'air agréable, niché dans la verdure à l'écart du centre, pour un séjour de toute tranquillité.
 
Jeudi 17 avril
 
Retour à La Paz, mais le chemin en sens inverse est (légèrement) moins dangereux, car comme je l'ai déjà dit, les voitures se doublent et se passent à gauche, c'est à dire côté montagne quand on grimpe. Et puis maintenant je connais le parcours, ce qui m'avantage sur la bande d'israéliens en provenance de l' Amazonie et qui l'empruntent pour la première fois en intimant au chauffeur l'ordre d'être prudent ! La fin du trajet se fait dans le brouillard et les échancrures de la route semblent donner sur du coton. Au passage des cascades il y a moins d'eau.
 


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Arrivés dans la haute montagne je remarque quelques troupeaux de lamas. A La Paz je retourne à l'hostal Republica où je prends une autre chambre pour 52 bs, toujours sans bain et toujours aussi froide. Puis je vais changer 100 $ en travellers et réserver le bus pour Copacabana le lendemain (12 bs avec la compagnie Manco Capac, départ à 11 heures)
 
Vendredi 18 avril
 
Je prends un taxi pour Cementero (7 bs) Le bus traverse un détroit du lac Titicaca et il faut descendre et prendre une navette pour piétons (1 bs) Le lac resplendit sous un ciel bleu et on se croirait au bord de la Méditerrannée.
 
 
 
 
 A Copacabana je cherche l'hôtel "Turistas" et j'y prends une chambre sur la terrasse pour 10 bs. Je vais au bord de la plage  puis escalade la colline avec son chemin de croix. On me fait payer 2 bs pour tirer le portrait du lama de service qui crachote quand je veux le caresser.
 
 
Il y a des "brujos" (sorciers) qui se livrent à des fumigations de végétaux odorants et à des aspersions de bière, après quoi deux femmes se donnent une accolade, semblant libérées de je ne sais quelle peine. En haut de la colline, toute une enfilade de chapelles : 1°, 2°, 3°,.....n° "dolor", puis des autels de pierre sous lesquels brûlent des cierges, et bien sûr...les marchands du temple (qui sont ici des marchandes, plus exactement) Mais le paysage est à couper le souffle, comme l'altitude d'ailleurs !
 
 
 
 
 
 
Et en face de la colline principale il y en a une autre moins haute, consacrée à des rites plus mystérieux et encore moins catholiques, ceux-là. Redescendu vers la plage je réserve l'excursion à l'île du Soleil (et à celle de la Lune aussi pour ne pas faire de jaloux) pour demain (25 bs) Je retrouve le français de Coroico. Il est avec une copine allemande. Ils vont aussi aux îles du Soleil et de la Lune, demain.
 
Samedi 19 avril
 
Dur de se lever à 7 heures pour être prêt pour le départ à 8 heures. Le français et son amie n'ont pas pris la même agence que moi, ils ont un autre bateau. Le trajet est assez long jusqu'à l'île du Soleil malgré le raccourcis à travers les récifs où nous voyons passer un luxueux catamaran pour touristes huppés. Nous longeons la côte est de l'île en passant devant le temple à la pointe sud-est et débarquons au nord. Après la visite au musée (5 bs) plein des objets trouvés au cours des fouilles sous-marines, je vais à la pointe nord où se trouve le "Palais de l' Inca" et un rocher sacré devant lequel il y a une table de sacrifice. Le guide, né dans l'île, nous explique qu'on sacrifiait (et qu'on sacrifie d'ailleurs toujours) le lama au dieu soleil, spécialement au solstice d'été (en fait, ici, c'est le solstice d'hiver !) le 21 juin. Un peu avant, des marques sur le chemin ressemblant à de gigantesques traces de pas sont censées avoir été laissées par le passage du dieu soleil soi-même. Plus au nord, dans le lac, un village aurait été englouti par la montée du niveau suite à des pluies diluviennes. C'est là qu'ont lieu les fouilles sous-marines. Mais en fait, les objets ramenés sont des offrandes jetées dans le lac. Dans la forme d'un rocher, les indigènes voient le visage de Viracocha.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Nous repartons et abordons cette fois l'île de la Lune où on fait payer 5 bs pour voir un tas de pierres peu évocateur de la grandeur des incas. Je suis d'ailleurs le seul à visiter le site.
 
 
Puis nous rejoignons la pointe sud de l'île du Soleil avec sa magnifique " Fuente del Inca". Deux personnes nous y retrouvent, qui avaient préféré traverser l'île à pied pendant que nous faisions l'excursion décevante à l'île de la Lune. Mais l'arrêt ici n'est que de 30 minutes, un temps insuffisant pour aller à pied jusqu'au temple, au sud. Beaucoup de touristes passent la nuit sur place. Nous rembarquons et le bateau s'arrête quelques minutes devant le temple du Soleil, mais comme je suis, comme toujours, le seul à être intéressé par la visite, je laisse tomber pour ne pas retarder le retour.
 
 
 
On nous fait admirer une vieille pirogue en papyrus et l'élevage de truites avant de regagner le port.
 
 
 
Coucher de soleil depuis la terrasse de l'hôtel.
 
Je réserve mon billet pour le lendemain, pour Puno (20 bs) C'est samedi soir et beaucoup de boliviens viennent se délasser à Copacabana en plus des touristes du catamaran ammaré en face du port militaire où s'exercent les nouvelles recrues de l'armée bolivienne.
 
Dimanche 20 avril
 
En attendant le départ du bus à 13 heures j'escalade le "Horno del Inca", un rocher magnifique avec vers le sommet de très larges stries séparées par des parois. Je regrette de ne pas avoir pris mon appareil photo. A mi-pente un gamin qui redescend avec un touriste me demande si j'ai besoin d'un guide. Je lui dis que non mais lui donne tout de même 2 bolivianos pour l'encourager. En ville je me fais cirer les chaussures par un gosse qui me montre des pièces de monnaie étrangères. Je fouille mon sac de fond en comble pour y retrouver des pièces françaises. A la douane les formalités sont expédiées comme à la poste, les coups de cachet à la file. Du côté bolivien ils ont quand même un ordinateur.
 
 
 
Suite sur la page TOUR DU MONDE VI :  PEROU
 
 
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire