TOUR DU MONDE VII Océan Pacifique


SUITE DE LA PAGE VI : PEROU

Sur cette page : île de Pâques-Polynésie française-Californie-Névada-Honolulu-Samoa-Auckland.


                                         ÎLE DE PÂQUES







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Tour du Monde 1996/1997 in a larger map






Jeudi 15 mai 1997 (suite)

Arrivée à 20 heures locales à l'aéroport Mataveri, après avoir survolé un océan de nuages pendant cinq heures. Les représentants des différents guest-houses attendent les voyageurs au pied de l'avion et je monte dans le véhicule de "Ana rapu" avec d'autres personnes. Le ciel est magnifiquement étoilé. Le guest-house est presqu'au bord de la mer, on entend le ressac.

Vendredi 16 mai

Après le petit déjeuner je longe le rivage jusqu'aux moaïs à l'autre extrémité de la ville de Hanga Roa, la seule ville de l'île, la capitale donc. C'est le Ahu Tahai orné d'un grand moaï complet, avec son chignon rouge et ses yeux. Puis je visite le musée (800 pesos) assez peu riche. Je mange un ceviche de thon à la "Taverne du pêcheur" tenue par un français qui a vécu en Haute-Savoie et connait Marc Veyrat ! J'y rencontre aussi un baroudeur un peu facho (il était coiffé d'un calot de l'armée allemande) un gitan qui fut commando de marine en Algérie, maintenant avec femme et enfants à l'île de Pâques, artisan, ex-marin, qui me dit avoir raté l'expédition qui tente de rallier Tahiti avec un radeau de tortora, ce roseau d'origine péruvienne qui pousse dans le cratère du volcan Rano Kau et fit penser (à tort) au navigateur norvégien Thor Heyerdahl que les pascuans venaient du Pérou. Le baroudeur me confie aussi qu'en mai 68, pendant que les étudiants montaient des barricades, il en profitait lui pour "visiter" les appartements parisien au nez et à la barbe des policiers alors trop occupés pour s'intéresser à lui. Mais cette impunité n'a pas dû se prolonger outre mesure puisqu'en définitive il lui a fallu s'éloigner de la justice de son pays aussi loin qu'au Chili où il me laisse entendre qu'à l'époque de Pinochet ses talents étaient assez appréciés des autorités sans s'appesantir sur le sujet néanmoins. Un curieux personnage donc, assez hâbleur. Il dit aussi avoir été armurier et pense que mes jumelles (cassées à Natal, au Brésil) sont réparables. De là je passe par le centre où tout est fermé, notamment la banque, puis je visite tout au sud la grotte Ana Kai Tangata et ses alentours : de curieuses formations volcaniques et d'immenses tunnels laissés par le refroidissement des conduits de lave comme à Hawaï. Impressionnants, surtout lorsque les vagues du Pacifique déferlent à l'intérieur.

 













Puis je retraverse toute la ville pour photographier le coucher de soleil en arrière plan des moaïs du Ahu Tahai. J'arrive juste à temps.



 
 

J'y retrouve un anglo-indien arrivé en même temps que moi hier au guest-house Ana rapu. Lawrence travaille dans la banque et voyage en Amérique Latine. Il s'est fait aggresser en plein centre d' Arequipa, en plein jour, sans que personne ne réagisse, et s'est fait ainsi voler argent, billets d'avion et passeport. Nous mangeons au restaurant "Mama Sabina" qui a changé d'adresse depuis qu'il a été signalé dans le guide du routard, même s'il est toujours dans la même rue.

Samedi 17 mai

Lawrence a prévu de se lever de très bonne heure, vers cinq heures, pour aller photographier la carrière de moaï qu'il a vu hier à l'autre bout de l'île (environ 20 kms) au lever du soleil. Moi je fais la grasse matinée, je me lève vers dix heures et vais à la banque mais elle est fermée le samedi semble-t-il. Je reviens très fatigué à l'hôtel, j'ai la crève et m'allonge jusque vers 14 heures 15. Puis je me décide quand même à escalader le volcan Rano Kau (340 mètres d'altitude) par un raccourci qui coupe droit à travers champs et forêt. Il y a plein d'arbustes goyaviers qui poussent sans que personne ne se soucie d'en cueillir les fruits. Le cratère, un lac couvert en partie de "totora", est impressionnant.

 
 
Les ruines du village d' Orongo forment le site où se déroulait le rituel de "l'homme-oiseau", sujet du film "Rapa Nui". Je reconnais le décor de falaises escarpées et les îlots rocheux au large mais ce n'est pas la saison de reproduction des frégates car il n'y a aucun oiseau visible en dehors des innombrables faucons endémiques. Je redescends par la route qu'empruntent un peu trop de véhicules à mon goût : en plus des touristes ordinaires il y a sur l'île en ce moment deux avions de médecins militaires venus ausculter la population gratuitement et un superbe voilier de l'école navale chilienne.

Dimanche 18 mai

J'ai bien fait de visiter le volcan hier car aujourd'hui il pleut à verse. J'ai toujours la crève avec une légère fièvre. Les marins donnent un concert de musique militaire et il y a une grande fête religieuse mais je ne sors que pour aller manger un beefsteack à la Taverne du Pêcheur qui m'assure qu'il importe sa viande d' Argentine car celle du Chili ne vaut rien. A la table voisine un couple de pascuans discute avec un curieux personnage que je n'arrive pas à cerner. Il s'exprime en anglais. Il semble vouloir donner des leçons sur la façon de développer (ou pas) l'île. S'agirait-il d'un maori de Nouvelle Zélande ? Il insiste pour affirmer que les pascuans sont manipulés par les chiliens. La pluie s'arrête, il y a du vent, quel temps fera-t-il demain ?

Lundi 19 mai

Il fait beau. Je vais à la banque changer 100 $, c'est tout un tra-la-la. Puis j'achète un Entel-ticket pour 5000 pesos avec lequel je téléphone en France. Le numéro que j'avais communiqué à Santiago était faux, le préfixe a changé. Je suis rassuré par les nouvelles que me donne ma soeur, j'ai vraiment eu peur pendant quelques jours d'incertitude. J'étais sur le point d'interrompre ce voyage et de rentrer dare-dare à la maison ce qui, depuis l'île de Pâques m'aurait quand même demandé presqu'une semaine, compte tenu des horaires et des correspondances nécessaires.
Je vais visiter le site de Vinapu, tout au bout de la piste de l'aéroport qui fut construite par la NASA comme site d'atterrissage d'urgence pour la navette spatiale. La plateforme sacrée sur laquelle étaient dressés les moaïs, l' Ahu, est construite avec des pierres extrêmement bien ajustées, à la façon de l'architecture inca, et c'est une des raisons qui convainquirent Thor Heyerdahl de l'origine péruvienne des pascuans, une théorie erronnée car ces derniers sont des polynésiens pur sang. En tout cas l'explorateur norvégien traversa le Pacifique Est depuis les côtes du Pérou jusqu'à l'île de Pâques sur un radeau de papyrus, le "Kon Tiki", pour prouver sa théorie.

Reproduction du "Kon Tiki" à l'exposition universelle de Séville en 1992.

 

 
 
En voulant prendre un raccourci je me perds dans les champs clôturés avec des barbelés. Je perds une heure et décide de laisser tomber le site de Puna Pau et gagne directement celui d' Akivi où j'arrive vers 17 heures trente. Les 7 moaïs représentent les sept frères qui furent à l'origine du peuplement de cette terre et sont les seuls dont le regard soit tourné vers l'océan, tous les autres moaïs regardent vers l'intérieur de l'île (ou plutôt : regardaient, avant d'être abattus au cours d'une révolte mystérieuse). Un américain de Los Angeles me demande de le prendre en photo devant les statues.

 
 

 
 
Quand je pars il est déjà tard et je m'éloigne encore pour voir la grotte de Tepahu. La nuit tombe avant que je sois de retour en ville. Je marche à travers champs en cherchant un raccourci et manque me tordre la cheville sur les cailloux épars. Heureusement c'est bientôt la pleine lune, parfois cachée par des nuages, et je trouve finalement un chemin pour rentrer. Mais j'ai été bien imprudent, il y a des falaises au bord de l'eau, je n'ai pas pris ma lampe de poche ni mon K-way et à peine arrivé au village j'essuie des trombes d'eau.

Mardi 20 mai

Comme je me suis senti assez fatigué par la marche, hier, j'en juge que je ne suis pas complètement rétabli et décide aujourd'hui de louer un vélo pour aller à l'autre bout de l'île, à Anakena. Mais faire du vélo ce n'est pas évident après un long temps sans pratique. Cette bécane est trop petite pour moi et la selle qui ne reste pas horizontale me fait bien trop mal au cul. En plus, à peine sorti de la ville je m'aperçois que j'ai oublié mon guide et mon plan. Il me faut retourner les chercher, d'autant plus qu'il y a aussi mon ticket d'entrée sur les sites que j'ai payé 10 $ et que personne ne me réclamera ensuite en dehors d' Orongo : c'est une arnaque ! Je ne parviens pas à monter les pentes avec cet engin, je ne peux m'en servir qu'en terrain plat ou descendant ; ça aide quand même mais je mets presqu'autant de temps à aller à Anakena que si j'avais fait tout le trajet à pied. A la fin il y a une belle descente qui sera une montée au retour ! J'arrive vers 14 h 15, je suis tout seul, prends mon temps pour pique-niquer, visiter le site, photographier les moaïs et quand je rejoins la plage vers 15 heures pour me baigner, c'est tout à coup une véritable invasion de véhicules et de touristes qui me surprend...et m'énerve. De toutes façons je trouve l'eau trop froide. Mais cette plage avec ses cocotiers, la seule et les seuls de l'île entière, c'est tout de même un coin charmant. De plus sur la rive nord l'eau n'est pas si agitée qu'ailleurs, moins exposée aux violents courants en provenance de l' Antarctique sans le barrage protecteur d'un lagon.

 
 
Je rentre péniblement avec de nombreux arrêts pour reprendre mon souffle et soulager mon derrière. A peine arrivé à Hanga Roa j'ai droit à une copieuse saucée. Mais cette fois-ci j'ai mon imper.

Mercredi 21 mai

Hier j'étais vraiment épuisé par ma balade. Comme il me reste à voir toute la côte sud-est et surtout le Rano Raraku à l'autre extrêmité de l'île et que je n'ai plus qu'une journée de visite avant de partir je décide de louer une voiture pour 50 $, une petite Suzuki tout terrain rouge. Je visite le cratère de Puna Pau (que j'avais laissé l'autre jour pour aller directement à Akivi) la carrière d'où provenaient les chignons rouge des moaïs, les "pukao".

 
 

Puis je longe la côte sud-est et arrive au Rano Raraku, un vaste cratère avec un petit lac à l'intérieur truffé de roseaux. Le site est photogénique mais j'arrive déjà au bout du rouleau de pellicules, heureusement que j'ai aussi la vidéo. Ces pentes abruptes parsemées de moaïs, ces innombrables statues laissées inachevées dans la roche, c'est vraiment mystérieux et envoûtant. Et il n'y a pratiquement personne à part un troupeau de vaches et son cow-boy ! Plus loin le Ahu le plus majestueux avec pas moins de quinze moaïs gigantesques et en toile de fond une baie sauvage où viennent déferler les lames de fond du Pacifique.

 
 




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J'aurais aimé faire le tour de l'île à pied, la presqu'île qui l'achève au nord-est me paraît d'une grandeur et d'un isolement magnifique. Toute cette partie est magique. Je termine avec la baie de Lapérouse et le moaï du Tepito Kura pour lequel je réservais une photo parce que c'est le plus grand (en dehors du Rano Raraku) mais il est renversé !


Jeudi 22 mai

En attendant le vol pour Tahiti ce soir à 20 heures j'achète un T-shirt de l'île de Pâques pour 15 $ en payant avec la carte bancaire car il ne me reste quasiment plus d'argent chilien. Je prends les moaïs du village en vidéo, le vent et les vagues sont assez forts.



 
Je prends l'avion avec un couple suisse rencontré à la pension. Ils font le tour du monde en camping car, ayant expédié celui-ci par bateau en Nouvelle Zélande depuis l' Amérique du sud. Et j'y ai aussi rencontré une jeune japonaise. Le film dans l'avion : "Les 101 dalmatiens".
 
 
                                     POLYNESIE FRANCAISE
 
 
Arrivés à Tahiti je me sépare momentanément de mes compagnons de voyage car il y a une file pour les ressortissants français et une autre pour les étrangers ; ça me fait tout drôle de penser qu'ici, si loin, quasiment aux antipodes, je suis sur un territoire français, d'y voir flotter le drapeau bleu-blanc-rouge et d'y être accueilli par...des gendarmes bien de chez nous !
 

 
 
 
 
TAHITI
 
Je prends de l'argent liquide au distributeur automatique de l'aéroport, j'admire le dessin et les coloris des francs pacifiques qui me remémorent les billets d'ancien francs de mon enfance. L'équipe de la pension Téamo nous attend mais la japonaise, sans doute pour économiser une nuit, décide de rester dans l'aérogare. Elle nous rejoindra le lendemain. Il est deux heures du matin lorsque nous arrivons. Nous prenons des lits en dortoir à 1500 CFP.
 
Vendredi 23 mai
 
J'explore la ville de Papeete qui me donne l'impression d'une modeste bourgade de province. Le marché est assez coloré et vivant. Je me renseigne à l'office de tourisme puis à la Westpac pour demander un transfert d'argent depuis mon compte en France. Je vais à la poste, rédige un fax pour débloquer 84 "univar" (à peu près 25 000 FF) et retourne à la Westpac pour préciser le montant que je me fais envoyer à Tahiti : 15 000 FF. Je m'étais reposé sur l'idée que la Polynésie étant un territoire français il me serait facile de m'y faire transférer mon argent mais ce n'est pas si simple. Du point de vue bancaire je suis tout autant à l'étranger que si j'étais encore sur l'île de Pâques. A l'exception de la Société Générale il n'y a d'ailleurs pas de succursales des banques métropolitaines.
Je passe l'après-midi au bureau d' Air Tahiti à essayer de concocter un itinéraire en Polynésie et aux Marquises, mais en vain car soit les vols ne sont pas en période "blanche", soit ils sont déjà complets et je dois à chaque fois recomposer mon itinéraire.
 
Samedi 24 mai
 
Je porte mon linge à laver chez madame Gauguin, devant la mairie. Puis je vais avec les suisses au "Lagoonarium" rendre visite aux requins, raies mantas, poissons pierre, murènes et autres charmantes créatures. Je barbote devant la grille pour observer les requins de l'autre côté. Je me promène sur la route avant de rentrer mais tout est construit le long du rivage et l'accès aux plages est très réduit. J'attends 3/4 d'heure avant de voir arriver le dernier "truck" (horaire supposé : 17 heures) Comme les magasins voisins de la pension sont déjà fermés je vais faire mes courses jusqu'au magasin Casino. On y trouve beaucoup de produits importés de France, assez chers donc.
 
Dimanche 25 mai
 
Les suisses sont partis de bonne heure pour Moorea sans me dire au revoir. C'est la fête des mères mais je n'ai plus d'argent car les 35 000 CFP que j'ai pris en arrivant sont le plafond autorisé pour la semaine et quand j'essaie de retirer davantage la machine me répond "disponible épuisé". Je ne peux donc pas acheter une carte téléphonique et dois aller à l'aéroport de Faaa à pied pour trouver les cabines qui fonctionnent avec la carte bancaire. Mais je tombe sur les répondeurs et laisse le numéro de la pension. Si je suis ainsi à court de liquide c'est que j'ai fait développer cinq rouleaux de pellicule photos que j'ai dû payer en espèces, ce qui a représenté une dépense de 20 000 CFP. Aujourd'hui ce n'est pas seulement la fête des mères, il y a aussi les élections législatives ce qui fait que vingt fois de suite je n'arrive pas à obtenir le numéro demandé suite à l'encombrement des lignes. L'après-midi je vais à pied jusqu'à la "Pointe Vénus" en passant par la tombe de Pomaré V et le belvédère de l'hôtel Hyatt. Je reviens à la nuit tombée. Le premier tour des élections donne l'avantage à la gauche. Le front national atteint 15 % et dépasse l' UDF. A l'aéroport, ce matin, j'ai pris mon billet circulaire avec Air Tahiti.
 
Lundi 26 mai
 
Ce matin je téléphone à ma soeur qui m'indique que maman va devoir encore être opérée. Elle me rappellera à la pension Tuanaké. Puis j'appelle Jimmy qui ne m'a rien envoyé en poste restante. J'ai changé mes derniers dollars et travellers à la Westpac. La japonaise est partie en me laissant une adresse à Bali où elle sera peut-être au mois de juillet.
 
                                                     HUAHINE
 
Mardi 27 mai
 
Je prends le truck pour l'aéroport de Faaa puis l'avion pour Huahiné. J'ai laissé le gros de mon bagage à la pension Teamo pour 100 CFP par jour car le poids limite autorisé sur Air Tahiti est de 10 kg seulement et 3 kg en cabine. L' ATR 42 survole Moorea au départ et je filme en vidéo mais par je ne sais quel mystère tout est effacé quelques jours plus tard. A l'arrivée je vais tranquillement à pied jusqu'à la pension "Chez Guyette" à 3 km, en plein centre du village. Le patron revient de la plage et trouve que l'eau devient froide (c'est l'hiver dans cet hémisphère) Il part en vacances en métropole ce soir. Je prends un lit en dortoir à 1200 CFP. Il faut se déchausser avant d'entrer dans le bâtiment. Le port et la plage sont juste de l'autre côté de la rue. Je longe la rive (étroite : difficile d'appeler ce ruban de cailloux une plage) presque jusqu'au niveau de l'aéroport, en quête d'un endroit isolé. Il y a des baraques tout le long, dissimulées par les cocotiers. Ce n'est pas encore l'île déserte de mes rêves. En revenant je suis suivi par un "ré-ré", déçu de ne pas pouvoir me séduire. De la rive on aperçoit en face ma prochaîne étape : l'île de Raiatéa, et même plus au nord émerge le pic de Bora-Bora sur l'horizon.
 
 
 Mercredi 28 mai
 
Je loue un vélo et fais le tour de l'île en visitant dabord le "marae" de Maeva et le musée dans un "faré" sur pilotis au bord de l'eau puis je traverse un petit pont jusqu'au "motu" et au marae d'en face, reviens, cherche les ruines sur les pentes dans la montagne au milieu des cocotiers et des plantations de vanille, continue vers la profonde baie de Faie, grimpe le col et redescends vers la baie de Maroe à pied à côté de ma monture car la pente est raide sur les deux versants. Je vais jusqu'au bout de la route de Huahiné Nui, puis reviens vers la route principale et le pont qui relie les deux parties de l'île, Huahiné Nui à Huahiné Iti. Il y a là un arbre avec de grandes gousses vertes dont les enfants mangent la chair blanche sucrée. Je reviens ensuite par la route qui monte un peu avant d'atteindre le village de Fitii au bout de la baie de Cook et finalement le village principal qui s'appelle Fare.
 
Jeudi 29 mai
 
Je prends le truck de 7 heures du matin pour le village de Parea tout au sud de Huahiné Iti, en face d'un superbe motu, et après le petit-déjeuner au Huahiné Beach, seul endroit possible du coin, je suis la route à l'est presque jusqu'à Tefarerii. Le temps est assez couvert. Je reviens sur mes pas et me baigne dans le lagon. Je découvre une multitude de petits poissons multicolores dans une eau qui n'est pas bien profonde, deux mètres environ. L'endroit est presque désert à part une plantation de cocotiers où s'affairent deux femmes. Les arbres tordus au bord de l'eau m'offrent décor, ombre et siège. Il y a plein de petits crabes et des guêpes. Quand je reviens à Parea pour le dernier truck de la journée, annoncé à 14 heures, j'attends longtemps en vain avant de me décider à partir à pied, avec quelques morceaux du trajet en stop, par exemple juste avant la montée qui précède le pont qui réunit les deux parties de l'île. Là je marche en compagnie de trois femmes, toutes avec un même modèle de survêtement qui m'a dabord fait penser qu'elles étaient membres d'une équipe sportive à l'entraînement, mais elles se contentent d'une petite marche de temps en temps. En haut du col elles me signalent le départ d'une route qui mène à un luxueux hôtel, très cher. Le temps se gâte, le ciel se couvre de nuages menaçants.
 
                                                           RAÏATEA
 
Vendredi 30 mai
 
La pluie tombe en cataractes, je suis obligé d'attendre sans rien faire à la pension jusqu'à 17 heures, moment d'aller à l'aéroport. La pluie a cessé mais le vent est violent. Un couple de savoyards, des Gets, prend également l'avion pour Raiatea, le bateau "Ono-Ono" n'ayant pas pû partir de Tahiti à cause de la tempête. L'avion décolle avec un retard de plus d'une demi-heure. A l'aéroport de Raiatéa personne ne m'attend bien que j'aie pris soin de réserver à la pension "Marie France". Il fait nuit noire. Personne ne répond au téléphone. Je m'engage sur la route de la ville principale, Uturoa, et bientôt le véhicule de "Marie France" s'arrête à ma hauteur et me conduit à la pension. Dans le dortoir il n'y a qu'un allemand qui part le lendemain. La pension est surtout le siège d'un centre de plongée. C'est visiblement la morte saison : je dérange presque.
 
Samedi 31 mai
 
Je ne sais pas trop quoi faire, la pension est loin de tout, Marie France me conduit à Uturoa que j'explore, mais je ne peux pas grimper au belvédère sur la colline car je suis parti avec mes sandales en plastique. Je me contente de reluquer les yachts splendides ancrés dans la marina. Je reviens à la pension et explore la côte au sud sans trouver de plages intéressantes, tout est occupé par des maisons et des baraques.
 
Dimanche 1° juin
 
Je loue une voiture panda et fais le tour de l'île en commençant par le marae "international" de Taputapuatea d'où sont partis les audacieux navigateurs polynésiens pour coloniser Hawaï, l'île de Pâques et la Nouvelle Zélande.
 
 
 
 


 La côte sud est découpée et assez sauvage mais le bord de mer n'est pas spécialement beau et partout occupé par des plantations ou des maisons. Je remonte ensuite la côte ouest sans trouver de plages vraiment belles et isolées. Je reviens en arrière pour me reposer sur la moins mauvaise d'entre elles, mais sans enthousiasme. J'espère que Tahaa, l'île au nord de Raïatea, propose mieux mais je n'aurais pas le temps de vérifier.
 
                                                  BORA-BORA
 
Lundi 2 juin
 
Je prends l'avion pour Bora-Bora. A l'arrivée splendide croisière jusqu'au quai de Vaitape, le centre principal. Je loue un vélo pour deux jours à 2000 CFP par jour ! Je dépasse la pointe Matira et j'arrive jusqu'au camping "Henriette" (chez Stellio) alors que j'avais projeté de m'arrêter avant. J'avais fait une halte au restaurant "Bloody Mary", impressionné par le tableau des célébrités ayant fréquenté ce lieu, finalement pas si cher : 2300 CFP pour un poisson au choix. Je projette d'y aller ce soir ou demain mais ne pourrais pas le faire car chaque soir je dois téléphoner au crédit agricole de Meythet qui se fait tirer l'oreille pour envoyer mon argent en Polynésie. Pour appeler la France vers 8 heures du matin il faut que je téléphone d'ici à 8 heures du soir mais il fait déjà nuit depuis deux heures et la cabine est à 3 km du camping. Je prends mon vélo et ma lampe de poche. Après m'être installé au dortoir chez Stellio pour 1500 CFP je pars faire le tour de l'île en vélo. Au nord-est je visite la pointe assez sauvage où rouillent les canons de la deuxième guerre mondiale qui y attendaient les japonais, en vain heureusement, pas comme dans le "Désert des Tartares" où l'ennemi surgit au moment où les soldats, lassés par des années d'attente, n'y croyaient plus et relâchaient leur garde. Il y a un dépôt d'ordure au nord qui fume et un petit chien tout seul et efflanqué m'accompagne mais je ne peux hélas pas m'occuper de lui. Je n'ai pas pris mon appareil photo, il me faudra revenir pour le cliché du pic couvert de jungle avec les fûts des canons rouillés au premier plan.
 
 
 
 
 
 
Presque parvenu à Vaitape je croise les suisses allemands rencontrés à l'île de Pâques qui font aussi le tour en vélo, mais dans l'autre sens. Ils sont également descendus au camping Stellio. Rien d'étonnant, c'est le seul logement abordable ici. A Vaitape je me renseigne pour escalader le pic central mais on me dit qu'il faut un guide, cher : 12 000 CFP. Je me baigne à la pointe Matira, à côté du Sofitel et je trouve là aussi des poissons de toutes les couleurs.
 
Mardi 3 juin
 
Journée consacrée au Lagonarium. L'embarquement se fait à côté du camping. Le prix pour la journée entière est de 6000 CFP, repas compris. La pirogue à balancier s'approche du récif au sud accompagnée par les mouettes qui nous survolent pour grapiller les morceaux de poisson que leur jette le guide et viennent se servir jusque dans sa main. Nous descendons dans l'eau fraîche et tout le monde s'accroupit sous l'eau derrière une corde qui sert de limite au public tandis que nos guides (il y a plusieurs groupes) nourrissent les requins assez timides : nous les voyons de temps en temps apparaître à la sauvette derrière une multitude de poissons. Il ne faut pas plonger ou faire de bruit, l'agitation faisant fuir les squales. Beaucoup de gens ont acheté des appareils étanches jetables pour l'occasion. Ensuite nous partons faire le tour de l'île et pour le compte le "Club Med 2" et le "Wind Song" sont tous les deux dans la rade. Je les avais déjà vu à quai samedi 24 mai, lors de mon arrivée à Papeete avec les suisses, puis j'avais retrouvé le "Wind Song" dimanche dernier à Raïatea, à quai, illuminé, puis hier matin dans la passe entre Raïatea et Tahaa pendant que l'avion décollait et encore le soir sur la plage de la pointe Matira au moment du coucher de soleil, loin à l'horizon. Je ne m'attendais pas à le revoir ici ce matin.
 
 
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 Finalement nous atteignons le Lagonarium à l'est aprés avoir contourné la pointe nord. Nous pataugeons avec de petits requins et des tortues, puis dans un autre bassin avec des poissons multicolores et dans un troisième bassin des requins, raies mantas et raies léopards. Ce n'est qu'en sortant de l'eau que je serais soulagé d'apprendre qu'on leur a oté l'aiguillon venimeux ! Je fais le tour du motu, un îlot formé par l'amoncellement du corail mort, mais je n'ose pas aller, en marchant sur ces cailloux pointus, jusqu'au bord du récif où s'écrasent avec violence les vagues du Pacifique.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 Après le repas un nouveau groupe de visiteurs fait trempette avec les requins. Il n'y a rien de mieux au programme que ce matin et j'aurais pû me contenter de l'excursion de la demi-journée à 4000 CFP.
A côté du lagonarium on construit un enième hôtel de luxe avec paillotes sur pilotis sur l'unique parcelle de Bora-Bora encore restée un tant soit peu sauvage.
 
                                                    RANGIROA
 
Mercredi 4 juin
 
Au débarcadère je retrouve le couple savoyard pour prendre l'avion de Rangiroa et nous serons aussi ensemble pour aller à Nuku Hiva ensuite. A Rangiroa je descendrais à la pension "Tuanaké" tenue par des amis de ma soeur et de mon beau-frère. C'est pourquoi Iris, qui travaille à Air Tahiti, fait demander à l'atterrissage un monsieur L***, le nom de ma soeur ! Nous attendons ensuite Roger qui est allé à Tahiti et revient dans le vol juste après celui que j'ai pris. J'ai droit à un superbe collier de fleurs qui fait pâlir de jalousie mes amis savoyards. Mais eux cherchent une pension meilleur marché que Tuanaké. Moi, je n'ai évidemment pas le choix. Les bungalows aux parois à la japonaise sont agréables. Tuanaké ("grand large" en polynésien) le fils de la maison est allongé devant la télévision. Je vais jusqu'au village à 4 ou 5 km. Il n'y a rien d'autre à faire sur cet atoll, une longue et étroite bande de corail, toute plate, si on ne pratique pas les seules activités proposées : la pêche ou la plongée. Le soir à table nous sommes quatre : un couple français et un japonais : je comprends pourquoi Roger est allé jusqu'à Tahiti chercher un thon pour faire un sashimi. Ici, à cause du mauvais temps les pêcheurs n'étaient pas sortis.
 
Jeudi 5 juin
 
Je pense gagner l'autre passe comme mes amis savoyards à vélo, mais n'en trouve pas avec un panier (pour mon sac) et quand je vois arriver de gros nuages je me réfugie sous le porche de l'église. Après la pluie je longe le quai et glisse sur la pierre humide. Mon sac se retrouve à l'eau : il me faut aller l'y chercher. L'eau est bonne, je peux enfin voir le fond d'un bleu profond et attirant, avec toutes sortes de poissons colorés comme d'habitude dans ces parages et ici beaucoup de poissons flûtes. Mais ma serviette et mon maillot de rechange étaient dans le sac et sont trempés.
 
Vendredi 6 juin
 
Je vais à pied jusqu'à la passe est à Tiputa et me baigne en n'étant ni tout à fait dans l'océan ni tout à fait dans le lagon. Mais les vagues sont assez fortes. Je vois passer des plongeurs et parmi eux René le savoyard fait son baptême de plongée.
 
Samedi 7 juin
 
Avant de reprendre l'avion je fais un saut avec Roger pour voir l' Ara Nui arrivé des Marquises et qui décharge sa cargaison au débarcadère de l'hôtel de luxe près de la passe de Tiputa. Je photographie un superbe marin au crâne lisse de Tarass Bulba avec des boucles d'oreille et des tatouages quand je me rends compte que le réglage de la sensibilité de la pellicule est faux : j'en suis déjà à la vingtième. Elles sont toutes sous-exposées ! Je dois refaire poser Tuanaké.
 
 
A l'aéroport je retrouve mes amis savoyards avec un nouveau collier de fleurs qu'il nous faudra malheureusement laisser dans l'avion pour des raisons de protection de l'environnement : les Marquises sont une région écologiquement très différente des Tuamotou.
 
 
                                                   NUKU HIVA
 
A l'arrivée nous devons prendre un taxi (3500 CFP) pour gagner le centre de Taiohae à plus de 50 km par des pistes caillouteuses ou boueuses. Le temps est couvert, il fait même froid en montagne, le paysage est splendide et sauvage mais fait parfois curieusement songer aux paysages alpins : on plante des résineux et il y a des vaches dans les pâturages.
 
 
 
La "capitale"
 
Nous descendons dans la pension la moins chère, à 2000 CFP la chambre, mais comme les deux chambres sont occupées je devrais dormir dans le salon. Les savoyards ne sont pas satisfaits du bungalow qu'on leur propose et vont dans un autre hôtel. Ce soir justement il y aura une "party" et pour trouver un peu de tranquillité nous allons manger tous les trois dans un snack assez éloigné du centre où nous sommes conduits en voiture.
 
Dimanche 8 juin
 
Tout est fermé le dimanche sauf quelques trucks-restaurants sur le port. Je vais jusqu'à la station service des bateaux tout à gauche, un peu après l'héliport. Puis je reviens, achète du toe-toe au camion snack (crabes crus salés) et vais au fond de la baie à droite. En rentrant je passe par l'hôtel assez cher du coin pour me renseigner sur les possibilités d'excursion. Pour 12 000 CFP un bateau peut nous conduire à la baie d' Hakau d'où une marche d'environ deux heures et demi permet d'atteindre la 3° cascade du monde (en hauteur = 350 m, certains disent la 2°) Je pense que cela intéressera les savoyards ainsi qu'un jeune qui fait son service en Polynésie, arrivé en même temps que nous à la pension. A quatre cela représente 3000 CFP par personne. Mais il faut donner la réponse avant dix-huit heures car sinon le pêcheur va se coucher pour partir de bonne heure à la pêche. Je n'arrive pas à joindre mes amis avant 18 heures et ensuite je constate qu'ils ne sont pas vraiment chauds. Hier au snack on nous a dit qu'il n'y avait pas grand chose d'intéressant à voir, la cascade est enfouie dans la végétation, il faut être juste dessous pour l'apercevoir, quasiment nager jusque là ! De plus ils veulent absolument être à Air Tahiti à la première heure pour confirmer leur voyage et à l'office du tourisme ensuite pour se renseigner sur les possibilités de bateau pour les autres îles.
 
Lundi 9 juin
 
Finalement ce matin l'office du tourisme est encore fermé car la responsable est partie à Tahiti avec les danseurs des Marquises pour le grand festival annuel ! J'attends une heure à Air Tahiti pour confirmer mon vol que j'aurais voulu retarder d'au moins un jour mais c'était en liste d'attente. Les savoyards ne sont pas passés à Air Tahiti car ils ont appris que le bateau pouvait les emmener vendredi et ils attendent d'avoir les horaires exacts. Je veux acheter une carte mais il n'y en a plus chez le marchand de journaux, je dois aller au cadastre où il n'y a personne dans le bureau grand ouvert dont les machines rouillent allègrement. Je regarde la carte affichée au mur et pars chercher la route de Tapivai. Malheureusement je me trompe dans ma lecture et m'éloigne beaucoup trop vers la baie où je me perds dans des sentiers clôturés de barbelés. J'arrive à un col qui surplombe la baie, mais fermé par des grillages devant une habitation.
 
 
Il ne me reste plus qu'à redescendre et demander le chemin. Mais l'endroit qu'on m'indique comprend plusieurs départs de sentiers qui finissent tous immanquablement par des portails fermés. Je retourne au cadastre. Cette fois-ci il y a quelqu'un qui me renseigne. Je retourne au point de départ et le propriétaire franchit à cet instant le portail. Il me dit que c'est une piste cavalière assez difficile. De toutes façons je n'arrive pas à rouvrir le portail après qu'il soit parti.
 
Mardi 10 juin
 
Ce matin il ne pleut pas contrairement aux deux jours précédents. Je fais une courte promenade jusqu'à la baie Colette en regrettant de n'avoir rien vu d'autre que cette île : il faut rester longtemps ici pour découvrir quelque chose et il faut pouvoir former un groupe pour partir en excursion, en bateau ou à cheval. Je prends (6900 CFP) l'hélicoptère à 14 heures pour rejoindre l'aéroport et j'ai la chance qu'aujourd'hui l'itinéraire passe par Taipivai et la côte nord que je peux ainsi survoler en prenant une magnifique vidéo. Mais je continue de regretter amèrement l'opportunité manquée de l'excursion à la cascade. Je n'aurai pas non plus visité l'île de Hiva Hoa avec les tombes de Gauguin et de Brel à cause des horaires absurdes des liaisons d' Air Tahiti (il faut séjourner une semaine entière sur l'île entre deux avions et il n'y a pas de bateau régulier) Je rumine ma déconvenue durant le long vol (deux heures et demi) de retour sur Papeete, un peu consolé néanmoins par l'extraordinaire et inépuisable spectacle des chateaux mystérieux formés par les nuages au dessus de l'océan étincelant.
 
Mercredi 11 juin
 
Mon argent est arrivé à la Westpac. Je retire 2300 $ et quelques francs pacifiques puis je fais mes comptes : mon budget se rétrécit à vue d'oeil et le séjour en Polynésie représente trois fois mon budget moyen. Il va falloir faire attention et limiter mes dépenses au minimum vital.
 
Jeudi 12 juin
 
Journée de rédaction. Hier j'ai écrit et expédié mes 12 cartes postales mensuelles. Aujourd'hui je reprends mon journal, arrêté depuis l'île de Pâques. J'achète deux cassettes vidéo de 30 minutes au prix exhorbitant de 3000 CFP.
 
Vendredi 13 juin
 
Avant dernière journée à Tahiti. RAS.
 
Samedi 14 juin
 
L'avion part cette nuit à 2 heures trente mais il faut être à l'aéroport vers minuit. Je libère la chambre ou plutôt le lit du dortoir et je demande à la gérante, une chinoise, si je peux laisser mes bagages jusque vers 10/11 heures du soir avant de prendre un truck car bien sûr contrairement à ce qui est écrit dans la publicité, il n'est pas question de raccompagner les clients à l'aéroport. Mais elle ne veut garder les bagages que jusqu'à 17 heures ce qui coupe la journée. Je lui reproche son manque de sens commercial car partout ailleurs on garde les bagages. Elle me répond qu'elle voyage dans des hôtels de luxe et qu'on doit y libérer la chambre avant midi. Je suis parfaitement au courant puisque je travaille dans l'hôtellerie, mais ce n'est pas le sujet, il s'agit simplement de garder les bagages et je suis outré de sa mauvaise foi : elle prétend avoir des problèmes avec des clients qui en profitent pour passer une nuit de plus à l'oeil. J'ai donc l'impression qu'elle veut me faire payer la nuit en pensant que je vais profiter du dortoir jusqu'à 11 heures. Je quitte la pension Teamo sur une très mauvaise impression. La chinoise est véritablement une caricature de ceux qui exploitent systématiquement les polynésiens et s'en font haïr. Il faudrait davantage de concurrence pour secouer la routine de gens endormis par la sécurité de leur rente de situation. Je vais à l'aéroport où je mets plus d'une heure à trouver la consigne et je retourne en ville mais je n'ai bientôt plus d'argent polynésien et je ne peux tout de même pas "craquer" un billet de 100 $. Il me reste aussi un billet de 100 FF mais je peux en avoir besoin à mon retour en France. Je me promène une dernière fois sur le port et devant le port de plaisance où je me fais accoster par un jeune canaque de Nouvelle Calédonie venu ici comme footballeur et qui me croit homosexuel. Je le décourage poliment. De retour à l'aéroport à la nuit tombée commence l'interminable attente. Beaucoup de monde avec moi car il y a plusieurs avions, un premier pour Honolulu, d'autres pour Los Angeles.
 
Dimanche 15 juin
 
L'avion est retardé par une tempête sur sa dernière escale avant Tahiti, à Rarotonga dans les îles Cook. Mais les bancs de moleskine de la salle d'attente intérieure, après le passage de la douane, sont plus confortables que les chaises de l'extérieur et on peut s'y allonger même quand la salle est pleine de monde. Bientôt le jour se lève sur l'océan puis on passe au dessus d'une île peu avant d'arriver à Los Angeles vers 13 heures locales en survolant les banlieues et les autoroutes.
 
 
 
                                                                  USA
 
 
 
                            LOS ANGELES
 
Je suis un peu perdu en sortant de l'aérogare. Je finis par trouver le téléphone direct pour le "Hollywood Hostel Inn" que j'appelle mais j'ai du mal à entendre. On me dit de prendre le "Super Shuttle" mais je comprends le "Cercle Shuttle" puis j'attends pendant plus d'une heure à un emplacement qui n'est pas le bon avant de rappeler. Finalement je comprends enfin et prends le bon shuttle qui fait trois fois le tour de l'aérogare avant de partir pour de bon. Arrivé au H.H.H. je prends un lit en dortoir pour 13 $ (tarif normal = 15 $ mais j'ai demandé le rabais "guide du routard") Je suis dans un dortoir avec des français. Je vais ensuite sur Hollywood Boulevard et je me précipite dans le cinéma "Gallaxy" qui passe "The Lost World", c'est à dire la suite de "Jurassic Park", décevante comme il se doit pour une suite, presqu'un remake sans surprises, "politically correct" cette fois avec la fille du mathématicien née d'une mère noire! Le seul véritable "clou", l'irruption finale du T. Rex dans la ville de San Diego où elle (c'est une femelle) croque quelques noctambules ne rachète pas l'impression de déjà vu des scènes tournées dans l'île.
 
Lundi 16 juin
 
Aujourd'hui visite des studios "Universal" à Burbank. La claque ! Epoustouflant. Et les décors du film que j'ai vu la veille sont là ! Bourrés d'effets spéciaux mais aussi et surtout d'humour. Par exemple le petit train qui fait le tour des studios et des décors passe dans un tunnel avec effet de lave tournoyant, pour illustrer le film "Dante's Peak". A l'entrée du tunnel un panneau indique "Dante's Peak" altitude 1000 m, population : 15 000 habitants (je ne me souviens pas des chiffres exacts mais c'est dans cet ordre de grandeur) A la sortie il y a un autre panneau : altitude : 0, population : 0 !
Après le petit train j'ai visité "Back to the future" puis je suis descendu vers les attractions en contrebas : "E.T.", les studios de sonorisation, "Backdraft", le show des "Blues Brothers" et enfin le superbe, vertigineux et très humide "Jurassic Park". Je suis remonté voir le théatre avec les animaux acteurs : chiens, chats, cochons, colombes, perroquets, des scènes ahurissantes et hilarantes. Puis les cascadeurs de western et le final grandiose et liquide de "Water World".
 
Mardi 17 juin
 
Depuis le parvis du "Mann's Chinese Theatre" avec ses fameuses empreintes de stars dans le ciment je téléphone à maman et à Jimmy. Je me promène dans Downtown. Je passe en premier à "Little Tokyo", célèbre depuis le film "Rising Sun" et flâne dans la librairie japonaise. Je jette un oeil à la station des bus "Greyhound" puis je visite le noyau originel de cette gigantesque agglomération dont le nom entier exact est "El Pueblo de la Reyna de Los Angeles del Rio Cucuncito", en abrégé : L.A. une vieille ville mexicaine totalement noyée dans la mégalopole moderne. Enfin l'inévitable "Chinatown" et je descends vers les gratte-ciels de California Plaza à la recherche d'un bus pour retourner à Hollywood. Je mange dans le restaurant "The Original Pantry", assez bon et pas cher, ouvert 24 heures sur 24 depuis 1924. Mais ils ne servent apparement pas d'alcool.
 
Mercredi 18 juin
 
J'essaie de téléphoner en vain à Scott Wood. Le numéro qu'il m'avait donné et que j'ai appelé depuis Tahiti était erronné. Celui que je trouve dans l'annuaire donne un répondeur. Il n'est peut-être pas encore revenu de son voyage. J'ai bien été avant hier soir voir l'immeuble dont il m'avait donné l'adresse mais l'entrée n'est pas sur Hollywood Boulevard, elle est sur une rue latérale et comme il était assez tard je n'ai pas voulu risquer de déranger. Stephen Dalyai est bien là, lui, mais comme je vais à san Francisco pour le week-end je lui propose de reprendre contact après ça. Je commence la journée assez tard, arrive au cimetière de "Hollywood Memorial Park" presqu'à la fermeture après avoir visité les studios Paramount, cher pour ce que c'est, et répère quelques tombes d'acteurs. C'est surtout un cimetière juif ou arménien avec quelques rares tombes catholiques ou protestantes. Cette omnipotence des producteurs juifs enrageait les nazis qui critiquaient avec hargne la "judaïsation" de la culture américaine. Mais ce sont bien eux qui ont contribué à l'éclat de cette culture en chassant de leur pays tous les créateurs et esprits indépendants.
Je descends ensuite Melrose Avenue où je ne répère qu'une intéressante boutique d' "antiquités"...des années cinquante ! Avec des objets extravagants, des automates, des décors publicitaires clinquants et scintillants. Puis je remonte vers Sunset Boulevard afin de trouver le mythique "Viper Room" devant lequel est mort River Phoenix. Je suis Sunset pour rentrer vers 23 heures au H.H.H.
 
Jeudi 19 juin
 
Je prends une glace au "Hard Rock Cafe" originel, puis je fais du lèche-vitrine à Beverly Hills et sur Romeo Drive. Je continue vers Century City, avance jusqu'à Westwood Boulevard où la librairie française ferme juste, il est 19 heures, et achète une carte de L.A. à la librairie anglaise sur Pico Boulevard. Je remonte Westwood qui semble être un quartier chiite libanais et iranien puis j'oblique sur Wiltshire et San Vicente, traversant Brentwood, un quartier résidentiel aux luxueuses demeures, plus bien loin de l'océan. A Santa Monica je continue en longeant Ocean Avenue jusqu'à Santa Monica Pier où j'arrive vers 22 heures. Puis après avoir répéré l' American Hostelling (pour mon prochain séjour) je tente de trouver un bus pour revenir à Hollywood, le numéro 4 sur Santa Monica, vers une heure du matin.
 
Vendredi 20 juin
 
Je prends vers 14 heures trente l'autobus à la station Greyhound d' Hollywood pour San Francisco. Le bus tombe en panne car le moteur chauffe dans la montée avant d'arriver à Magic Mountain.
 
 
Je suis assis à côté d'un vieux typique du Middle West, un "hillbilly" (péquenaud) de l' Oregon qui s'exclame à la vue du trafic que, chez lui, on n'en voit pas autant en six mois de temps.
 
                                                     SAN FRANCISCO
 
Le chauffeur ne connait pas la ligne et nous arrivons à San Francisco à 3 heures du matin (au lieu de 22 heures trente !) Je prends un taxi avec un mexicain pour le Globe Hostel, très joliment décoré de superbes photos de jeunes filles (geishas, jeunes filles prénubiles d' Afrique du Nord) et garçons de Pierre et Gilles. Le lit en dortoir est à 17 $.
 
Samedi 21 juin
 
Je passe devant le Civic Center. Il y a un congrès des maires américains. Je remonte vers "Japan Town" où j'achète quelques livres pour réviser mon japonais en prévision du séjour que j'ai planifié pour dans trois mois, dont "Zakennayo" (à peu près : va te faire f....), un guide des expressions insultantes (il faut être prêt à tout !). Je chemine ensuite vers le parc du Golden Gate Bridge et le Presidio. A l'entrée, le "Palace of Fine Arts" est un monument néoclassique plutôt mastoc. Au bord de la baie souffle un vent continu, violent et impressionnant qui ne décourage pas quelques surfeurs suicidaires. Au loin l'îlot d' Alcatraz rougeoie dans les lueurs du soleil couchant. Je prends des clichés du Golden Gate d'en bas puis je grimpe sur le pont pour une vidéo juste à temps avant la fermeture du trottoir piétonnier (21 heures)
 
 
 
 
 
 
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 Je prends un bus pour Fort Mason, parcours le "Fisherman's Wharf", traverse en direction de Chinatown et rentre fourbu.
 
Dimanche 22 juin
 
Je me promène dans les rues du quartier de "Mission", le centre originel de San Francisco avec l'église du même nom, la vieille ville mexicaine, reluque consciencieusement les peintures murales répertoriées dans le guide du routard...
 
 
 
 ....puis escalade les collines jumelles de "Twin Peaks" pour là aussi affronter le vent violent qui souffle du Pacifique, finalement pas si fique que ça (ouais, c'est nul, mais bon, je n'ai pas pu m'en empêcher !) La végétation est de type méditerrannéen mais il fait ici bien plus froid qu'à L.A. Je descends vers Castro, capitale mondiale des "gays" puis remonte vers Haight Hashbury, décevante relique du "Summer of Love" de 1967 : ce n'est désormais qu'un centre commercial envahi de mendiants. J'assiste à une opération de police : on appréhende des suspects comme au cinéma !
 
N.B. A L' ATTENTION DE CEUX QUI NE FONT QUE REGARDER LES IMAGES SANS LIRE LE TEXTE : IL N' Y EN A PLUS JUSQU' A LA FIN DE CETTE PAGE. VOUS POUVEZ PASSER DIRECTEMENT A LA SUIVANTE, L' INDONESIE.
 
Je compte bien sûr insérer les vidéos dans un futur indéterminé et j'espère qu'il ne me faudra pas attendre encore quinze ans pour cela.
 
Lundi 23 juin
 
Je prends un bus pour Las Vegas ce qui me fait repasser par L.A. car il n'y en a pas de direct depuis San Francisco comme je l'aurais souhaité. Nous quittons la ville par le pont d' Oakland qui avait tant souffert lors du dernier tremblement de terre, passons à travers une zone couverte d'éoliennes, puis, vers le sud, au milieu d'immenses vergers. Après la plaine la route monte et à la nuit tombée ce que j'avais dabord pris pour la lumière d'un lampadaire au sommet d'une colline dans le lointain s'avère être la fumée de combustion d'une fusée lors du lancement d'un satellite depuis la base de Vandenberg. Les fumées dissipées par des vents violents en altitude dessinent de curieuses figures que je me décide trop tard à prendre en vidéo. Plus loin le bus arrive à la hauteur de Magic Mountain au moment du feu d'artifice de cloture. Mon voisin dit qu'on jurerais que tous ces spectacles sont déclenchés en honneur de ma visite.
 
Mardi 24 juin
 
La station Greyhound de Los Angeles n'est pas pratique, une multitude de gens attendent dans un espace fort restreint, il y a peu de places et c'est difficile de circuler avec des bagages.
 
                                                             LAS VEGAS
 
L'arrivée à Las Vegas de nuit est féérique. Il y a déjà une ville-casino juste à la frontière du Nevada, bien avant Las Vegas. Je vais à pied jusqu'au "Las Vegas Independant Hostel", au petit matin, et j'attends l'ouverture à 7 heures. L'après-midi j'attaque les casinos à la file en commençant par le "Stratosphère", puis le "Sahara", le "Circus Circus", le "Stardust" enfin j'arrive devant le "Treasure Island" pour le fabuleux spectacle, puis je continue vers le "Mirage" où je perds justement 200 $, comme son nom m'en a pourtant prévenu ! Enfin je m'égare dans le labyrinthe du "Ceasar's Palace", prends le monorail du "Bally's" au M.G.M. où je perds encore 100 $, résiste à la tentation du distributeur automatique de billets, gagne (sic !) le "Louxor" et revient par l' "Excalibur" et le "New York-New York" (le nom est répété deux fois, car une fois pour la ville, une fois pour l'état fédéral). Il est très tard, les "buffets" sont fermés depuis longtemps et j'ai du mal à trouver quelque chose d'appétissant à manger. Je prends le bus pour rentrer, épuisé et fauché.
 
Mercredi 25 juin
 
Cette fois-ci je prends le bus jusqu'au Caesar's Palace où je dévore le buffet avant d'aller au cinéma Imax voir un film sur l'aviation depuis ses débuts avec les frères Wright (on est aux U.S.A. ici, Clément Ader, connais pas !) jusqu'à la patrouille acrobatique et son entrainement. Le spectacle de la galerie du Caesar's Palace est amusant mais les dieux antiques sont des caricatures de BD, vus par les américains ! De là je gagne le parc M.G.M. Dans le couloir des lionceaux sont exhibés pour les gens qui désirent être pris en photo, à côté ou derrière, car les managers se montrent nerveux avec les clients qui voudraient carresser leurs protégés. L'attraction principale du parc est un saut à la corde (ce n'est pas un élastique) du haut d'un pylone d'une hauteur comparable à celle d'un immeuble de 25 étages. Rien que de regarder les candidats être hissés sur la plateforme du sommet est déjà passablement impressionant. Mais pour y accéder il faut réserver plusieurs heures à l'avance et ne pas se dégonfler pendant la longue attente. Et ce sont des familles entières qui sautent, jusqu'à trois personnes à la fois dans les harnais ! C'est toujours la maman qui libère le câble qui va ensuite les balancer sous un immense portique. Ils sont fous, ces américains ! Je n'y vais pas parce que 1) j'ai peur ! 2) il n'y a personne pour me prendre en vidéo 3) de toutes façons c'est réservé pour le restant de la journée (ouf !). Je refais le parcours de la veille vers le Louxor mais les attractions ne m'intéressent guère, je passe rapidement l' Excalibur et j'arrive au New York-New York dont le roller-coaster (montagnes russes) est vraiment l'idéal du genre. Je passe ensuite à la tour Stratosphère dont le roller-coaster semble miteux en comparaison, sauf qu'il s'enroule autour du toit à 300 mètres au dessus de la rue. Mais c'est le "Big Shot" qui procure le big frisson : quand les gens qui attendent leur tour voient partir les sièges comme des fusées ils s'exclament : "oh my god, oh my god" et regrettent d'avoir pris un billet et de ne pas pouvoir se sauver toute honte bue ! Décidément Las Vegas, ça secoue ! Je finis la soirée à Downtown avec le dernier show du "Fremont Street Expérience", un peu mesquin après le reste et je dévore un excellent steack+lobster. J'aurai laissé plus de 400 $ pour soutenir l'industrie locale mais comment ne pas se laisser tenter par un jackpot de plus de 7,5 millions de $ ? Et je regrette de ne pas m'y être pris suffisamment à l'avance pour retenir l'excursion au Grand Canyon car tout est réservé pour les jours qui viennent et je n'ai plus le temps de m'y rendre par les moyens de transports locaux. Bah ! ça me donne une raison de plus pour revenir une autre fois.
 
                                             LOS ANGELES BIS
 
Jeudi 26 juin
 
A la réflexion j'aurais du prendre un bus pour San Diego, direct depuis Las Vegas, ce qui m'aurait permis de passer une journée ou deux à San Diego. Au lieu de quoi j'arrive tard à L.A. et téléphone à l' American Hostelling de Santa Monica depuis le tableau d'infos touristiques dans le hall du Greyhound mais il est complet aussi je dois me rabattre sur "Jim's at the beach". Cependant vu l'heure tardive je décide de prendre un taxi pour y parvenir (31 $ + tip) Jim's at the beach fait vraiment auberge de jeunesse plus que guest-house. Il n'y a qu'une salle de bain pour toutes les chambres du haut, près de 20 personnes. Il y a plein de jeunes (allemands, canadiens, etc...) qui cherchent du boulot à L.A. ou bien travaillent à l'auberge. le prix est élevé (19 $) mais inclut, en plus du petit-déjeuner, des coupons valables dans les restos populaires de Venice Beach pour les repas du soir dont je ne saurais jamais ce qu'ils valent car je rentre toujours tard dans la nuit, lorsqu'ils sont fermés.
 
Vendredi 27 juin
 
Je téléphone à Steven pour prendre R.D.V. pour manger quelque part ce soir, puis je marche le long de l'océan à la recherche du bus pour visiter le Getty's Museum. Bien entendu je me trompe de direction car le guide du routard indique qu'il faut prendre le 434 au bout d' Ocean Avenue mais comme le musée est au nord-ouest à Malibu je crois à tort que c'est dans cette direction qu'il faut chercher l'arrêt et je remonte en vain toute l'avenue jusqu'au point que j'avais atteint il y a quelques jours en venant d' Hollywood. Je finis par revenir sur mes pas et comprend enfin que le bus pour Malibu (au nord) démarre dabord en direction du sud avant de faire demi-tour en prenant la voie express qui longe la plage, ce qu'on me confirme à l'office de tourisme. Le bus arrive peu après à mon soulagement car ils ne sont pas fréquents, un par heure au plus, et c'est seulement à bord qu'on obtient le "museum pass" qui permet d'accéder au musée dont la visite est gratuite, mais pour laquelle ce fameux "pass" est indispensable. Le cadre est magnifique, les jardins ne contiennent que des plantes dont on est sûr qu'elles faisaient parties de l'écosystème méditerranéen dans l'antiquité. Les collections ne sont pas énormes mais de grande valeur, avec un reproche cependant : on n'indique pas l'origine des objets présentés, seulement l'époque et les motifs, le style. Les étages du haut sont fermés ce qui fait que j'ai largement le temps de tout visiter bien qu'étant arrivé assez tard. Le musée va bientôt fermer pour s'installer dans de nouveaux bâtiments aux environs. Mais cet endroit sera conservé pour être exclusivement consacré à l' Antiquité. Après ma visite je descends et longe le rivage au bord de la voie express mais Malibu est trop loin et je dois rebrousser chemin après un bout de reconnaissance de la côte. Il y a quelques belles plages pas trop bondées. Steven vient me prendre à l'hostel, il habite près d'ici. En voiture il faut tourner longtemps avant de trouver une place de parking. Nous mangeons dans un petit restaurant. Je choisis du requin, succulent. Après quelques pas dans "third street promenade" nous nous quittons car Steven doit se lever de bonne heure demain matin pour travailler sur un tournage.
 
Samedi 28 juin
 
Je voulais aller à Disneyland ce matin mais comme je me suis levé assez tard je me promène à Venice, observe les saltimbanques puis visite la marina "Del Rey". Il y a un enclos pour protéger les oiseaux "sauvages" (canards, hérons, etc...) entouré d'un haut grillage. Je gagne à pied le "Museum of Flying" où j'arrive comme d'habitude à l'heure de la fermeture. Puis je me dirige le long de Pico boulevard jusqu'à Westwood boulevard que je remonte jusqu'à Olympic boulevard et là à Century City je bifurque pour observer Galaxy Way, la cachette de Michael Jackson. De là Beverly Hills et Rodeo Drive ne sont qu'à un pas et je reprends le bus pour Santa Monica avec un "transfert" pour Venice.
 
Dimanche 29 juin
 
Cette fois-ci je n'ai pas le choix, c'est mon dernier jour en Californie, je dois aller à Disneyland. Le trajet est interminable : bus pour Downtown (environ une heure) puis le R.T.D. 460 soi-disant "express" flâne le long de toutes les rues latérales jusqu'à Disneyland en un peu plus de deux heures. La prochaine fois que je viens en Californie je loue une voiture, j'en ai marre des regards surpris et apitoyés des conducteurs qui me découvrent sur le trottoir comme si j'étais un O.V.N.I (U.F.O en anglais) ou plutôt un O.R.N.I. = objet rampant non identifié. Levé à 6 heures je parviens à Disneyland vers midi, paie les 35 $ de l'entrée et me jette dans le pays de mon enfance ! Je commence par "The Pirates of the Caribbean", bien fait mais tout de même pas le meilleur comme l'écrit le routard. Je mange dans un restaurant de New Orleans où les serveuses préviennent gentiment les clients que les plats peuvent être très épicés et goûte la boisson locale à base de menthe : mint jellup. De là je passe au "Haunted Mansion", vraiment génial. Je shunte le "Splash Mountain" car la queue est trop longue et je ne vois pas de "locker" pour mettre mes affaires à l'abri des éclaboussures. Je suis accosté par un tigre qui pose pour les photos, visite le show des ours, magnifiques automates chantants. Puis j'embarque sur le splendide navire qui fait le tour alternativement avec le "Mark Twain Steam Boat", ensuite je m'engouffre dans le "Big Thunder Mountain Railroad" et j'y perds mon chapeau sans espoir de le récupérer car on me dit de le prendre à minuit aux objets trouvés mais à cette heure là je serais parti puisque le dernier bus est à 22 heures 45 et demain je prends l'avion. Je fais le tour de Disneyland en passant par Fantasy Land puis arrive à Future Land où j'embarque dans "Space Mountain" un peu décevant à part le décor à l'entrée pour faire patienter la file d'attente. Ce n'est qu'un roller-coaster dans l'obscurité ! De là je gagne "Star Tours", du cinéma dynamique, un peu moins bien que "Back to the Future" des studios Universal qui, lui, dispose d'un écran total hémisphèrique. En sortant je prends le train circulaire autour de Disneyland qui me permet d'enfin trouver ce que je cherchais depuis le début, la toute nouvelle attraction : "Indiana Jones Adventure" et c'est vers elle que je me dirige immédiatement en sortant. C'est effectivement le clou avec son décor de temple cambodgien enfoui dans la jungle. Quel talent, quel génie, je suis aux anges. En traversant la boutique à la sortie je peux racheter un chapeau (30 $) comme celui que je viens juste de perdre ! Mon vieux chapeau avait vraiment fait son temps et était dans un état lamentable, j'étais de toutes façons décidé à en racheter un neuf et le soir venu je déclinerais l'offre qui m'est faite quand je signalerais sa perte aux objets trouvés de me le renvoyer gratuitement en France ! Je peux embarquer dans les bateaux de "Jungle Cruise" avec la tête de l'emploi ! La reconstitution est très vraisemblable, même pour moi qui ai vu la "vraie" jungle de près, et le voyage sur l'eau rafraîchissant par cette température estivale. Je grimpe encore sur l'arbre (en béton !) des Robinsons Suisses puis je termine avec le "vrai" Disneyland, celui des personnages de mon enfance : un petit tour avec Peter Pan, puis après la parade un autre petit tour avec Pinocchio. J'ai oublié de mentionner un autre petit show merveilleux avec des automates chantants représentant des oiseaux exotiques, à l'entrée de "Adventure Land". J'assiste au feu d'artifice de clôture depuis l'arrêt où j'attends l'autobus. Encore trois heures de trajet pour rentrer à l'hostel.
 
Lundi 30 juin
 
Je laisse mes bagages à l'hostel après avoir réservé une place dans le shuttle pour 19 heures. Je prends le bus pour Hollywood dans l'intention de visiter "Griffith Park" mais le trajet est si long que j'ai à peine le temps de descendre sur Hollywood Boulevard pour acheter comme souvenir une petite statuette de l' Oscar "Best Sister" pour devinez-qui ? avant de devoir retourner sans même avoir acheté mon stock mensuel de cartes postales.
 
 
 
                                                             HONOLULU
 
 
 
 
Mardi 1° juillet
 
Je réserve un lit au Polynesian Hostel de Waïkiki où j'arrive vers 4 heures du matin. Je découvre la plage de Waïkiki bordée d'une muraille de béton. Mais l'hostel se situe juste à la lisière de l'immense esplanade plantée de cocotiers au pied du cratère de "Diamond Head" où se trouve le zoo. Je longe la plage jusque vers le port de plaisance et m'arrête au cinéma Imax®, un très grand écran mais plat, où je regarde les trois films projetés : "Hawaï mystérieux", un film sur les baleines et après un intervalle que j'utilise pour une promenade, "Ring of Fire", sur les volcans. L'hostel vend des billets d'avion pour l'île principale, Hawaï, mais comme je désire assister ici aux festivités du 4 juillet je ne peux pas couper mon séjour en milieu de semaine pour une excursion là-bas. Cependant lorsque je téléphonerai à New Zealand Airways pour confirmer mon vol suivant j'apprendrai que mon départ est repoussé de deux jours mais il sera hélas trop tard pour changer mes plans.
 
Mercredi 2 juillet
 
Je gagne Pearl Harbor en autobus (longue attente) et visite le musée ainsi que le mémorial cimetière du cuirassé "Arizona". Les japonais ont perdu la guerre qu'ils avaient déclenchés mais aujourd'hui Hawaï est quasiment une colonie japonaise tellement la présence touristique de ce pays est envahissante, le nombre de sushi-bars élevé (il y en a même un qui s'appelle l' "Akagi", du nom d'un des porte-avions qui servirent à l'opération !) et les inscriptions en japonais omniprésentes. Les cadavres des marins américains emprisonnés dans l'épave de l' Arizona doivent se retourner dans leur tombe liquide ! Petit à petit les voix de ceux qui demandent "remember Pearl Harbor" deviennent de moins en moins audibles et c'est tant mieux, la paix et le commerce supplantent la mémoire de la guerre et de ses drames absurdes.
 
Jeudi 3 juillet
 
Je visite ce matin l'aquarium, petit et décevant en dépit de ses explications écologiques sur l'équilibre précaire des milieux marins. Puis je me dirige vers Diamond Head où j'arrive à 17 heures alors qu'il ferme à 18. Je me dépêche donc de grimper au sommet sur le bord de l'énorme cratère qui abrite une base militaire dans son entonnoir, forteresse naturelle digne d'un film de Spielberg ! Je reviens par la côte et longe les luxueuses villas qui servent de cadre au feuilleton "Magnum" ainsi que la plage en contrebas, domaine des surfeurs, surplombés par un phare brillament coloré. A Honolulu les plages publiques et gratuites disposent de douches : pratique pour se débarrasser du sel marin !
 
Vendredi 4 juillet
 
Les avions et les pilotes que j'avais vu dans le film sur écran Imax® au Caesar's Palace à Las Vegas, eh bien aujourd'hui ils sont là dans le ciel au dessus de nos têtes et éxécutent leurs figures fantastiques de précision sans pouvoir entendre les exclamations d'admiration des badauds. Le soir je cours pour arriver à temps au feu d'artifice qui commence avant que je sois parvenu sur l'esplanade devant le centre commercial qui est aussi une gare de bus. Je répère justement celui qui fait le tour de l'île et que je prendrais demain. Je me paye un superbe steack+lobster pas plus cher qu'à Las Vegas.
 
Samedi 5 juillet
 
Je prends le bus circulaire et découvre les plages splendides de la côte, presque désertes bien que la route les longe tout du long. Il y a des campeurs. Il faudra que je revienne me baigner par ici et camper. Au nord, "Banzaï Pipeline" est une plage tranquille en été. Ce n'est qu'en hiver que les vagues monstrueuses agitent les rêves des surfeurs et peut-être aussi leurs cauchemars ! Plus loin je visite l'éco-musée d'une vallée consacrée à la protection des espèces florales en voie de disparition. Tout au bout il y a une petite cascade avec un spectacle de plongeurs hawaïens traditionnels (mais l'homme n'est pas polynésien !) qui éxécutent de très beaux et risqués plongeons à heure fixe. Il y a aussi quelques rares animaux en cage, dont un couple de makis. Je reviens par le même autobus qui traverse le plateau central où se trouve la base d'aviation attaquées par les japonais qui se sont tranquillement payés les avions américains groupés en tas, aile contre aile, par peur des sabotages !
 
Dimanche 6 juillet
 
Je regagne le centre commercial-station de bus pour cette fois me rendre à l'est de l'île et visiter le parc marin avec son immense aquarium entouré par une rampe hélicoïdale pour les visiteurs. Il y a toutes sortes de poissons, des requins et des tortues, mais ici on ne peut pas se baigner avec eux, tout juste assister au repas donné par une plongeuse aguichante. Je rêve d'un aquarium de cette taille mais je n'ose en imaginer le prix ! Derrière, quelques tortues somnolent autour d'une mare. Puis on donne un spectacle avec des dauphins facétieux et quelques pingouins sortis d'un bassin, égarés bien loin de leurs demeures naturelles aux pôles. Le bassin contient des anémones des mers et concombres marins. On soigne ici des oiseaux blessés. Un grand bassin triple est décoré de la magnifique réplique d'un ancien navire. Quand on descend sous le pont on découvre une boutique dont les hublots permettent d'observer les dauphins qui barbottent à côté. Il y a un spectacle avec une histoire de pirates et de princesse polynésienne, prétexte à de fantastiques cabrioles pour les dauphins. Il y a même un albatros qui s'est invité pour la fête ! Plus loin les phoques attendent voracement que les touristes leur jettent les poissons achetés à la boutique voisine : belle opération de rentabilisation !
Pour finir, un spectacle avec des otaries savantes, survolé par des ailes volantes dont les pilotes jettent un oeil sur le parc sans avoir payé le billet d'entrée, du haut de leurs cerf-volants géants. Je marche le long de la côte en direction du sud, il y a une baie surplombée par la route, un paysage ravissant et sauvage, de belles vagues pour les surfeurs, une lande aride que je n'aurais pas imaginé pouvoir exister ici, en Polynésie, sous les tropiques. Et je gagne le "Blow Hole", un trou dans la paroi horizontale de la roche au dessus de l'eau par lequel la pression de la mer houleuse projette de l'eau comme si c'était un geyser. Tout à côté, une petite anse s'appelle "From Here to Eternity", d'après le titre d'un roman et d'un film sur la guerre du Pacifique, pour lequel elle a peut-être servi de lieu de tournage. L'endroit, sauvage à souhait, porte bien son nom. On distingue quelques tortues géantes qui patrouillent les flots écumeux, indifférentes aux baigneurs curieux et parfois taquins. Je continue ensuite vers une baie, réserve naturelle, assez loin le long de la route côtière, une route pleine de virages qui évoque un peu celle d' Amalfi et Sorrente, autres régions d'origine volcanique. Mais il est tard, il n'y a déjà plus de bus, il faut rejoindre la petite ville en bas pour en trouver un.
 
Lundi 7 juillet
 
Ce soir je vais à l'aéroport prendre l'avion pour Samoa. En attendant je retourne au cratère de Diamond Head, cette fois avec ma caméra vidéo mais en oubliant ma lampe de poche (il y a un tunnel et une série de passages obscurs et d'escaliers). Puis je gagne le site magnifique de "Hanauma Bay Nature Preserve Park" où j'avais terminé ma route hier soir et cette fois j'ai le temps de descendre sur la plage (3 $) . La mer est toujours aussi violente à l'entrée. Des grosses vagues balaient les côtés de la baie, des espèces de quais formés par la lave refroidie. L'île est truffée de cônes volcaniques éteints mais néanmoins impressionants. Je nage au milieu des poissons multicolores qui peuplent les coraux et je me retrouve même nez à nez avec une tortue géante venue inspecter le fond d'un trou. Cet endroit est délicieux, loin des gratte-ciels d' Honolulu. Aprés avoir parcouru le côté gauche de la baie je marche sur la margelle du côté droit, vers le "Witche's Brew". Et là, le spectacle de l'agitation de l'eau dans ce "bouillon de sorcière" est purement dantesque : je retourne chercher ma caméra vidéo que j'avais laissée sur la plage, pour le coup. Je filme en essayant d'éviter les projections d'écume qui marquent l'assaut des vagues titanesques. Je reviendrai bien volontiers pour un séjour ici, moins cher et moins snob que Tahiti.
 
                                                         SAMOA
 

Mardi 8 juillet

Ce matin je débarque à l'aéroport de Samoa, à plus de trente kilomètres du centre. J'achète une carte des lieux à l'office de tourisme puis prends la navette pour Apia. La côte me parait quelconque en comparaison de la Polynésie française ou de celle de l'île d' Oahu. Je me demande si j'ai bien fait de prévoir une escale d'une semaine ici et si je ne vais pas m'ennuyer salement. Dans la ville je ne sais pas trop où descendre, elle a l'air franchement minable, la seule plage est étroite et guère engageante. Je finis par retourner chez "Valentine's" parce que c'est le moins cher, loin du centre, à 10 $ la chambre à l'étage avec une douche commune (eau froide) au rez de chaussée. Je refais en sens inverse la route prise par l'autobus pour inspecter les lieux plus attentivement. Cette "capitale" fait bien triste figure en comparaison d' Honolulu ou de Papeete. J'observe les endroits "à visiter" sur la carte et passe à l'office du tourisme me renseigner sur les horaires de bus. Je pense aller sur l'île voisine de Savaii qui présente beaucoup d'attraits, notamment un "blow hole" bien plus puissant que celui d' Oahu si j'en juge par la carte postale.

Mercredi 9 juillet

Je passe devant une agence de location de voitures et réfléchis que pour visiter Savaii ce serait plus intéressant que d'être dépendant des horaires fantaisistes des bus. Je me renseigne et apprends qu'il faut un permis local que je vais chercher au poste de police. Je loue la voiture, une Suzuki 4/4, pour 80 $ de Samoa par jour (environ 40 $ US). Je me dirige vers l'est et découvre une route côtière nettement plus pittoresque que celle venant de l'aéroport, à l'ouest. Je m'arrête aux chutes de Falefa puis franchis le pont sur la rivière et m'engage sur la piste qui longe l'océan, un chemin assez rude mais vraiment évocateur des paysages de la Samoa d'avant l'arrivée des premiers explorateurs occidentaux. Je prends un couple de personnes agées qui se rend au village et l'homme m'indique qu'au délà du patelin la route devient bien plus dure, quasi impraticable. Mais je continue néanmoins dans cette direction car j'ai un 4/4 et je veux voir la côte. Au départ le chemin herbeux ne me semble guère plus difficile qu'auparavant, parfois même plus aisé. Mais lorsque j'arrive en vue de la baie de Fagaloa je déchante et j'éprouve des sueurs froides quand je découvre la déclivité de la pente herbeuse où le véhicule semble par endroits déraper dangereusement au bord du précipice comme si l'herbe humide était de la glace ! Cependant quelle récompense quand je parviens dans ce lieu magique, hors du temps, intact, doucement endormi par la baguette de quelque fée écologique, un de ces endroits que je ne croyais plus pouvoir rencontrer désormais, oublié à l'écart du "progrès" pour combien peu de temps encore ? Mais ne comptez pas sur moi pour le faire savoir aux promoteurs avides. De là je roule vers l'est jusqu'au cap Tapaga d'où l'on découvre les îles, refuges ornithologiques, puis j'emprunte le route au sud et visite les impressionnantes chutes de Fuipisia où je me fais taxer de 8 $ samoa et de Sopoaga (3 $ samoa) qui tombent d'une hauteur d'environ 50 m dans des bassins profondément creusés à leur pied et inaccessibles. Je rentre par la route du sud et loupe le croisement avec la traversière, je dois rebrousser chemin après presque 20 km. Je m'arrête au temple Baha'i mais c'est l'heure de la fermeture.

Jeudi 10 juillet

Ce matin une anglaise qui voulait aussi louer une voiture mais qui y a renoncé quand elle a constaté qu'il n'y en avait aucune à embrayage automatique me demande si elle peut partager la mienne. Je lui indique que mon programme est de me rendre sur l'île voisine de Savaii. Le garçon du guest-house me conseille de réserver le ferry à l'agence d' Appia. Là j'apprends que les ferries sont complets pour au moins les deux prochains jours ! Il me faut renoncer à mon projet, car si j'aurais tout de même pu m'y rendre en bus, je n'aurais plus l'usage de cette voiture que j'ai louée pour encore deux jours et je perdrais mon argent. Je décide de consacrer tout mon temps à visiter l'île principale, Upolu. Je pars cette fois à l'ouest visiter le "Sliding Rock", une petite cascade où les autochtones s'amusent à glisser sur les rochers, un genre de tobbogan naturel. Puis nous joignons une plage rendue célèbre par un film qui y fut tourné : "Return to Paradise", un endroit assez sauvage où nous nous baignons. Mais l'eau y est agitée, le récif tout près du rivage. Nous reprenons la route et essayons un peu plus loin la plage de Matareva : ici le récif est éloigné, l'eau bien plus calme, la plage noire de monde, des familles avec beaucoup d'enfants. Je prête mon masque à l'anglaise, il y a des coraux resplendissants. Nous repartons assez tard et remontons la cross-road. Cette fois je m'arrête au Papapapai Tai waterfall, bien moins attrayant que les deux chutes de hier. Enfin je m'engage sur le chemin du lake Lanotoo, un chemin éprouvant et parfois aussi dur que celui de Fagaloa Bay, interminable et imposant une conduite si lente qu'il aurait peut-être été préférable d'y aller à pied. L'anglaise est visiblement agacée de mon entêtement à vouloir aller au bout et comme il se fait tard et que je crains d'avoir à effectuer le retour de nuit sur cet abominable tas de cailloux je décide de revenir à peine sommes nous parvenu à un embranchement à partir duquel j'aurais de toutes façons dû continuer à pied pendant plus d'une heure avant de parvenir au but si j'en crois mon guide. Je m'arrête au temple Baha'i pour donner une petite détente à nos membres durement secoués.

Vendredi 11 juillet

Ce matin nous reprenons la cross island road en sens inverse car je veux faire voir la partie orientale de l'île à mon anglaise. Nous nous arrêtons au parc national "Le Pupu Pue". Hélas ma compagne qui se balade jambes nues avec des sandales de plage devient la proie des moustiques. Elle doit renoncer à m'accompagner vers la grotte-tube de lave et déclare vouloir m'attendre aux chutes, tout à côté. Moustiques mis à part, elle n'aurait de toutes façons pas été bien loin avec ses tongs : le chemin couvert d'herbes hautes cache des pierres instables et glissantes qui rendent la marche très pénible même pour des gens bien chaussés. Il faut parfois enjamber des troncs d'arbres, c'est une véritable piste de jungle et non un sentier de randonnée. Je sue à grosses gouttes, mon tee-shirt devient vite une serpillière, j'aurais dû prévoir d'emporter une gourde. La ballade dure effectivement deux heures et demi, trois heures comme indiqué sur la pancarte au départ et la grotte est en fait inaccessible sans corde : c'est un trou dans le plafond d'un conduit de lave solidifiée avec des parois verticales. Quand je reviens je me dirige vers les chutes et n'y trouve plus personne. Je me baigne quand même dans l'eau douce puis apprends que l'anglaise est partie sur la route. Je fais l'aller et le retour sans rencontrer âme qui vive : quelqu'un l'aura prise en stop. Visiblement les beautés naturelles et sauvages ne sont pas sa tasse de thé. Ce qu'elle cherchait pour cette étape en route pour l' Australie, c'était plutôt la "social life", les "parties", les restaurants et autres "happy hours" dans les bars, bref elle n'était pas vraiment une cliente pour Valentine's. Je décide de terminer ma visite au parc naturel par le chemin côtier. Celui-ci longe le bord de la falaise de lave solidifiée. Il n'y a absolument personne pour profiter de cette magnificence sauvage et grandiose à part un petit bateau de touristes loin au large. La végétation abondante recouvre le sol jusqu'au bout du chemin, un promontoire où la lave noire et tourmentée est nue et luisante. En contrebas les vagues déferlent et se fracassent sur la roche, projetant leur écume jusqu'en haut de la falaise. Dans une anfractuosité humide des crabes grimpent sur les parois. J'adore cette sensation de nature primitive et enregistre encore sans me lasser le spectacle prodigieux des flots en furie. Je regagne Apia en soirée en passant par la route la plus à l'est. Le soleil se couche tandis que je roule sur la route côtière nord-est, encombrée de villageois qui vont et viennent jusqu'à la plage, se baignent, jouent au foot sur les places, conversent ou ne font rien du tout.

Samedi 12 juillet

Après avoir rendu la voiture je vais à pied au musée Stevenson et j'arrive juste à temps pour la dernière visite avant la fermeture à midi. La visite coûte assez cher. Le cadre est fidèlement restitué et émouvant. Stevenson qui était tuberculeux est en fait mort d'une attaque. On se déchausse et visite la demeure pieds nus, comme dans un temple ! En fait c'est la coutûme de se déchausser en entrant dans une maison en Polynésie et peut-être s'agit-il également de préserver le plancher vernis ! Après la visite je grimpe au sommet de la colline proche où se situe sa tombe. Je prends le chemin le plus long et le moins pentu à l'aller mais suis quand même essoufflé. Arrivé en haut je suis irrité de trouver là un groupe de jeunes samoans protestants ayant choisi ce lieu pour tenir une réunion de prières et de chants. Je suis obligé d'attendre la fin de leurs simagrées pour pouvoir enfin profiter de la beauté et du calme de ce site : merci à Stevenson pour avoir incité ses lecteurs et admirateurs une dernière fois à jouir de la beauté du monde, on ne pouvait mieux associer l'idée de notre fin inéluctable avec celle d'éternité sans phraséologie mythologique. En redescendant je recroise le groupe de jeunes au niveau d'un bassin, près du jardin botanique. Je veux aussi profiter de la fraîcheur de l'endroit et bien sûr me voila parti à discuter de religion et de foi pendant presqu'une heure avec eux qui ne peuvent s'empêcher de vouloir partager leur bonheur d'être croyants...et "sauvés" ! Je finis la dernière journée à Samoa en allant snorkeler à la "Palolo Deep Marine Reserve" au milieu des habituels poissons multicolores et blasés par les touristes. De là je m'avance sur la "Mulinuu Peninsula" où se trouvent les monuments commémoratifs de l'époque coloniale (dabord allemande puis anglaise) mais je ne vais pas jusqu'au bout.

Dimanche 13 juillet

J'ai réservé le shuttle bus pour l'aéroport à 11 heures. En attendant je vais petit-déjeuner puis retourne à la Mulinuu Peninsula que je veux voir de jour. Après le German memorial où je m'étais arrêté la veille au soir je continue, passant les British and American memorials jusqu'au parlement. Quand je rentre chez Valentine's vers 10 heures 40 j'apprends que le bus de onze heures est déjà passé à 10 heures trente ! Je suis obligé de prendre un taxi jusqu'à l'aéroport (30 $ samoa) où j'arrive à temps vers midi, l'avion décollant à treize heures, rassuré d'être arrivé à bon port après un inquiétant trajet dans un véhicule asthmatique qui menaçait de rendre l'âme à tout instant. Dans l'avion je revois les "101 dalmatiens", en anglais cette fois, pendant que nous franchissons la ligne de changement de date.

                                          NOUVELLE-ZELANDE

                                        AUCKLAND




Lundi 14 juillet

Il fait mauvais temps au dessus de la Nouvelle-Zélande et l'avion est secoué par les trous d'air qui accompagnent les nuages à la grande inquiétude de la matrone samoane assise à côté de moi pour qui ce voyage est un baptême de l'air. C'est rare de nos jours de rencontrer des gens relativement âgés qui prennent l'avion pour la première fois de leur vie. La côte en dessous de nous est pittoresque et découpée comme une dentelle. Puis l'avion passe au dessus des faubourgs d' Auckland qui étonnent les petits samoens avec leurs longs rubans d'autoroutes. Dans l'aérogare on sert un café gratuit, mais c'est du jus de chaussette. A la douane un chien tenu en laisse renifle les bagages et les passagers. Il m'intrigue, j'avais dabord cru qu'il voyageait avec un passager. Puis je comprends qu'il cherche de la drogue mais apprendrais ensuite qu'il s'agit surtout de dépister les plantes étrangères et périlleuses pour l'écosystème relativement isolé et insulaire du pays. Les mesures de sécurité sont draconiennes. Déjà à Samoa il fallait déclarer les tentes utilisées et si on avait marché dans une ferme ou bien une forêt les jours précédents. Mes chaussures poussièreuses sont examinées avec un soin extrême comme si elles dissimulaient dans un repli obscur quelques graines extraterrestres prêtes à envahir et supplanter la végétation indigène, déjà passablement réduite en nombre d'espèces par suite du comportement inconsidéré des premiers occidentaux qui introduisirent des plantes qui prirent rapidement le dessus sur les espèces locales, et cala soit volontairement, soit à leur insu par l'intermédiaire d'animaux comme les moutons. J'avais bien conscience du phénomène puisque j'avais lu les longs développements que Darwin consacre à ce propos, qui contribuèrent à former sa théorie sur la lutte pour la survie des espèces. A l'aéroport je téléphone au "Auckland Central Backpackers" pour réserver un lit en dortoir et me faire indiquer le moyen de gagner le centre par le shuttle et comme de coutûme je m'égare à la sortie et passe un bon moment avant de trouver le point de départ. L'auberge est une véritable usine avec ses 7 étages. On est en hiver, il fait assez froid mais c'est supportable. L'escalier est décoré de peintures murales étonnantes et on peut passe des heures à lire les notices et publicités. Il y a des salles de télévision, des cuisines, un restaurant et bar au dernier étage, des téléphones dont un qui accepte les cartes de crédit qui me servira pour appeler Jimmy qui n'a pas encore retiré à la poste le colis envoyé depuis Tahiti, un magasin au rez de chaussée mais je n'ai plus d'argent néo-zélandais car je n'ai changé qu'une petite somme en prévision de ce court séjour mais il a fallu payer une caution de 20 $ néo-zélandais à l'auberge et je n'ai déjà plus rien. Heureusement, à l'arrivée on offre une bière. Dans la salle de télévision avec grand écran à mon étage, le 6°, je regarde "Commando" avec Arnold Schwartzenneger qui extermine tout le casting en un peu moins de deux heures avant de me coucher.

Mardi 15 juillet

Je sors de l'auberge à la recherche d'un bureau de change et trouve un distributeur tout près où je retire 400 $ NZ. Après un copieux petit-déjeuner je gagne les quais et visite le musée maritime avec un spectacle pour les enfants sur les pirates et leur vie. J'y apprends que la première chose que les pirates cherchaient sur un navire qu'ils venaient d'aborder était...la pharmacie, bien avant l'or et les trésors éventuels qu'il transportait, car ils étaient presque toujours malades et les médicaments extrêmement rares. Les deux acteurs qui jouent les pirates sont truculents comme il se doit. Il y a quelques navires et maquettes et la reconstitution d'un chalet de bord de mer des années cinquante, avec les produits et boites de conserve d'époque dans l'épicerie locale ! Devant le musée mouille le bateau néo-zélandais qui remporta l' America Cup. Il y a aussi de vieux voiliers et dans un coin un extraordinaire vaisseau en bois couvert de (fausses) algues digne des décors de "Water World" ! Je trouve encore plein d'autres raisons de regretter que mon séjour ici soit limité à deux jours, mais je reviendrais, c'est promis, de préférence en été, pour visiter ce pays comme il le mérite. J'achète "South-East Asia on a shoestring" qui va me servir pendant quelques mois à partir de demain. Puis je me dirige vers la tour qui domine la ville, pensant assister au coucher de soleil depuis le sommet. Elle fait partie d'un complexe flambant neuf avec hôtels et casino, tellement flambant neuf d'ailleurs qu'il n'est pas encore ouvert au public à ma grande déception. Je pense rentrer à l'hostel puis revient sur mes pas car la tentation du casino, qui, lui, est déjà ouvert, est trop forte et j'y perds 50 $ NZ en me consolant avec l'idée que je ne trouverais plus de casino sur mon chemin avant le retour en France (oubliant ainsi que je passe aussi par Macao...)

Mercredi 16 juillet

Lever à 4 heures pour prendre la navette à 5 heures car il faut bien une heure pour atteindre l'aéroport et l'avion décollant à 8 heures il me faut être présent deux heures avant par prudence et pour avoir un bon siège à côté du hublot en étant parmi les premiers arrivés. Le hall de l'aérogare est encore en plein travaux. Je n'ai pas acheté de cartes postales, le délai est trop court, pas plus ici qu'à Samoa d'où je suis parti un dimanche, jour où tout est fermé et endormi. L'avion survole le nord-est de l' Australie qui me parait passablement aride , désertique et peu engageant.

La suite sur la page : TOUR DU MONDE VIII : INDONESIE
 





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