mardi 20 juillet 2010

HALIFAX







Photos sur site Wikimédia ( Halifax : Thorfinn Stainforth, Peggy's Cove : Aconcagua, le phare : Bob Jagendorf)
















Parti le 10 juin au soir, ce n'est que le lendemain après-midi que le train s'arrête au terminus oriental des voies de chemin de fer de la compagnie VIA RAIL. HALIFAX, capitale de la Nouvelle Ecosse, l'ancienne Acadie Française, prise aux indiens Mic-Mac qui la peuplaient à l'origine, est une assez belle ville, le grand port sur l'Atlantique le plus proche de l'Europe et le point de débarquement des survivants du Titanic en 1912. Ce fût aussi le port de chargement pour le transport des munitions durant les deux guerres mondiales ce qui lui valût d'être presque entièrement rasée en 1917 par la plus grosse explosion de type non nucléaire de tous les temps lorsqu'un convoi entier prit feu. Un symbole frappant de cette vocation maritîme est que ce fût la ville natale du fondateur de la ligne de paquebots Cunhard.
J'ai choisi de venir ici faute d'un budget suffisant pour Terre Neuve, mais même de cette façon je dois réserver plusieurs jours au camping sauvage. La première nuit se déroule dans des conditions parfaites, au sud de la ville sur l'agréable promontoire de Pleasant Point Park, très boisé, avec une vue magnifique sur l'Océan, parsemé des ruines d'anciens ouvrages fortifiés, les tours "Martello" du nom d'une localité corse qui donna du fil à retordre aux soldats de sa grâcieuse majesté, après quoi ils furent convaincu de l'efficacité de ce type de construction au point de l'implanter pour la défense du Canada (Il y en a trois autres dans le parc des batailles à Quebec) et convenablement équipé de toilettes publiques dotées de l'eau chaude, comme toutes celles que je trouverais partout dans les parcs et jardins du Canada. Mais ensuite il n'en va plus de même lorsque je m'éloigne de l'agglomération, espérant camper sur le rivage. Je me dirige vers Peggy's cove dont Benoît m'a parlé en termes dythirambiques, mais la route qui y conduit est bordée de forêts aux arbres extrêmement serrés qui ne permettent aucune halte. Dès que je perçois une zone découverte, je m'aperçois à ma grande déconvenue qu'il s'agit d'un terrain où la rocaille alterne avec des marécages. Pas question de pouvoir y planter une tente. Et le long de la route, pas le moindre parking, les entrées de propriétés privées se succèdent sans répit avec leur panneaux inhospitaliers : "private"-"no trespassing". Le rivage n'est pas la longue plage tranquille que j'avais espéré, c'est une succession de fjords effilés entièrement occupée par des résidences de villégiature et les rares fois où la route longe la mer, le bord est escarpé et je ne peux pas poser mes fesses même pour un casse-croûte rapide. Je n'ai d'ailleurs pas intérêt à consommer trop vite : il n'y a pas la moindre épicerie en vue, même dans les (toutes..) petites localités que je traverse. Par bonheur je découvrirais par trois fois de grandes pelouses ombragées pourvues de bancs pour une halte reposante, mais où je ne souhaite pas vraiment passer la nuit : ce sont les cimetières. En flânant parmi les tombes je remarque la grande fréquence de noms français. Tous les acadiens ne furent pas chassés lorsque cette terre tomba aux mains des anglais, certains purent rester et d'autres y revinrent plus tard, ici en Nouvelle Ecosse et dans le Nouveau Brunswick voisin comme je le constaterai en voyant le drapeau tricolore bleu-blanc-rouge flotter devant certaines gares aux noms indubitablement d'origine française. Le soir venu j'arrive enfin à Peggy's Cove et je dresse ma tente derrière le parking. Le paysage de rochers est magnifique, mais j'ai le ventre vide. Il n'y a qu'un distributeur de boisson, c'est bien suffisant pour les touristes venus ici en car, voiture ou bien à la rigueur en vélo, mais aucun n'a l'idée saugrenue de venir à pied ! Et pour manger, il y a l'unique restaurant dont la spécialité, le homard, n'est pas particulièrement bon marché !
Le lendemain matin le gardien du parking s'inquiète de mes intentions, il espère que je ne compte pas rester une nuit de plus ! Je le rassure, il est visiblement ennuyé d'avoir à me dire de déguerpir, et il faut que je trouve un endroit plus convenable. Il m'indique que les campings se trouvent en fait sur l'autre route en provenance d'Halifax, par le nord, alors que j'avais suivi la route du sud. Je passe la nuit suivante dans le premier d'entre eux, cher : 23 $, presqu'autant qu'une nuit en auberge de jeunesse. Et toujours pas d'épicerie en vue en dehors de celle située à deux kilomètres de Peggy's Cove où j'ai pu me ravitailler ce matin. Ce n'est pas un problème pour les autres résidents qui ont tous un camping car. Il y a même un gigantesque autobus transformé dont les propriétaires regardent "Jurassic Parc" sur l'écran géant de leur salon, dos à l'océan. Le temps est plutôt grisâtre et je finis par me décider à rentrer à Halifax par la route du nord. A partir de Tantallon, il y a effectivement une belle piste cyclable parallèle à la route, mais entourée par la forêt, beaucoup plus agréable que celle que j'avais prise à l'aller. Si elle ne longe pas la mer, elle passe néanmoins devant plusieurs lacs dont l'eau à l'aspect noirâtre ne décourage pas les baigneurs.

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