vendredi 25 août 2017

La baie de Fundy et l' Acadie de Nouvelle Ecosse

De Sydney (Nouvelle Bretagne) je me rends en bus à Moncton (Nouveau Brunswick) que j'envisage comme point de départ pour explorer le parc national de la baie de Fundy ou ont lieu les plus grandes marées de la planète, à cause de la configuration particulière de cette baie. Cependant je constate qu'en l'absence de transports publics je n'ai pas d'autre choix que de louer une voiture, ce qui me parait trop coûteux. De plus je remarque qu'il n'existe pas d'avantage de transports publics pour aller aux Etats Unis pourtant tout proches, ni d'ailleurs dans l' état du Maine voisin, ce qui veut dire que j'ignore combien de temps sera nécessaire pour rejoindre Boston ou j'ai réservé à partir du 1° août à l' AJ. Peut-être faudra-t-il que je retourne à Montréal pour y prendre le seul bus au départ du Canada !
L'auberge de Moncton est une des plus sympathiques que je connaisse. J'y remarque la voiture d'un couple d'américains de Géorgie avec une moto en remorque et surtout, un magnifique canöe sur le toit. Je leur parle de mon projet (très) futur de descendre le Missouri-Mississippi depuis sa source dans le Montana jusqu'à son embouchure dans le golfe du Mexique avec un authentique canoe indien en écorce de bouleau, comme celui de la photo à Louisbourg. Il faudra que je trouve des amérindiens qui aient conservé la technique de fabrication, bien sûr et je n'ai encore aucune idée du coût d'une telle expédition. A Moncton il n'y a pas grand chose à faire, à part assister deux fois par jour au phénomène du mascaret sur la rivière. Et je déjeune dans un restaurant italien appelé "Güsto" ! Je demande au serveur pourquoi ce tréma ? C'est que sans lui les américains prononceraient "Guiousto"!
Finalement, après quelques recherches je découvre que la seule manière de rejoindre les EU à partir d'ici en usant de transports en communs est de gagner le port de Saint John sur la côte de la baie de Fundy, d'y prendre le traversier jusqu'à Digby sur la côte sud-ouest de la Nouvelle Ecosse et de là parvenir à Yarmouth d'où un traversier quotidien navigue jusqu'au port américain de Portland sur la côte du Maine. Il reste toutefois à élucider le trajet Digby-Yarmouth (un peu plus de 100 km )  pour lequel il n'y a pas de transports publics. J'ai une semaine pour arriver à Boston. Le 25 juillet je prends le bus pour Saint John (Nouveau Brunswick) ou je m'arrête au Newman House Guesthouse consistant en fait en deux chambres dans un appartement au deuxième étage d'une petite maison. La propriétaire se montre extrêmement fâchée qu'en arrivant je me sois aventuré dans l'appartement du rez-de-chaussée dont j'avais trouvé la porte grande ouverte, croyant qu'il faisait partie du guesthouse !
Saint John (Nouveau Brunswick) est, comme Saint John de Terre Neuve, un ancien Saint Jean français. C'est même la plus ancienne colonie française en Amérique du Nord, fondée par Champlain en 1604 avant qu'il s'aventure dans le golfe du Saint Laurent et y fonde Québec. De cette époque il ne reste malheureusement plus rien, juste une belle statue moderne de Champlain habillé comme un mousquetaire !
Le 26 je traverse la baie de Fundy en notant au passage quelques dauphins et baleines.

   


Arrivé au port de Digby j'apprends que la ville même se situe à quelques kilomètres et je pars dans l'intention de m'arrêter au guesthouse local. Mais bientôt quelqu'un stoppe et propose de m'y conduire. Apprenant que ma destination finale est Yarmouth, le conducteur, un québecois un peu plus jeune que moi, mais de la génération hippie et partisan du Québec indépendant, me propose de m'avancer sur la route d'une trentaine de kms. Il se rend chez des amis québecois qui ont une maison dans ce qui est l' Acadie de la Nouvelle Ecosse, une forte implantation francophone mais assez récente dans une province majoritairement anglophone. Il évoque bien sûr le général de Gaulle et son "vive le Québec libre" de 1967 !
Une fois parvenu à destination il me souhaite bonne chance et je continue à pied. Je suis saisi par la beauté de cette côte acadienne verdoyante avec ses maisons à l'américaine entourées de gazon, et devant chacune d'elles un ou plusieurs drapeaux acadiens.

      

Après quelques kilomètres de marche à pied, un camping car s'arrête pour me prendre. Cette fois c'est un suisse originaire de Davos qui me conduit jusqu'au prochain camping, mentionné dans le guide du Routard. C'est pourquoi je décide d' y passer la nuit également bien qu'il ne soit pas très tard et que j'aurai pu m'avancer sur ma route. Fritz m'invite à boire un coup de blanc accompagné d'une saucisse. J'accepte bien volontiers d'autant que l'épicerie la plus proche est à des kms et que sans lui j'aurai du me coucher et me lever à jeûn. Il habite l'été à Ottawa et l'hiver à Saint Domingue, je crois comprendre qu'il travaille pour Google. Mais ce qui est le plus intéressant c'est que j'apprends qu'il a vécu en Australie à la même époque qu'une de mes sœurs, alors que le gouvernement australien payait le voyage aux candidats compétents dans des domaines recherchés. Et comme ma sœur il est revenu en passant par l' Asie du sud et l'Inde. Je découvre à cette occasion qu'il est bien plus âgé qu'il n'y parait. C'est dû à son hygiène de vie et à son esprit zen me confie-t-il !

             


Ma cabane au Canada !

Le lendemain matin Fritz est déjà parti quand je me lève. Le beau temps de la veille a viré au gris mais il ne fait que pluvioter parfois. Je gagne l'université de Sainte Anne ou se trouve le bureau d'information touristique local et je goûte un excellent capuccino pour mon petit déjeuner. Puis je reprends ma marche. En fin d'après midi une dame qui m'a vu à l'office du tourisme me conduit jusqu'à l "'auberge du havre du capitaine" à Meteghan, également mentionnée dans le guide du Routard, ou j'ai décidé de passer la nuit. Le port à marée basse me permet d'apprécier l'amplitude des marées.



Lorsque je reprends la route le lendemain le temps est franchement gris et brumeux. J'ai a peine fait quelques pas qu'un véhicule s'arrête. Comme tous les acadiens Aldaige Comeau est parfaitement bilingue ( le français local est d'ailleurs constellé de mots anglais et de verbes anglais conjugués en français !) et c'est en anglais qu'il me demande ou je vais. Il se propose de me conduire à Yarmouth mais d'abord me fait visiter son pays. Ancien professeur et donc excellent pédagogue, je ne pouvais souhaiter meilleur guide ! Nous commençons par l'entreprise de son cousin qui expédie les fameux homards de la baie de Fundy aux quatre coins de la planète.




 

















Ce cousin est un personnage en soi. Frappé d'une maladie des muscles qui l'oblige à vivre dans un fauteuil roulant, dyslexique, il n'en dirige pas moins son entreprise d'une main de maître, collé à son téléphone portable pour une activité incessante, tout juste interrompue par notre visite.

Puis mon guide me fait visiter la forge à l'ancienne de son frère dont c'est le passe temps. J'admire les grilles en fer forgé de sa demeure, un vrai travail de professionnel.

        








Aldaige Comeau devant la forge de son frère.










Cet attelage donne un exemple de la nécessité de ces forges autrefois : il fallait pouvoir tout produire sur place.

Après avoir assisté à la livraison de fenêtres modernes pour sa maison dans les bois (les anciennes en bois devaient être refaites plus ou moins tous les cinq ans à cause des conditions météorologiques sévères ) puis rendu visite à sa sœur et à sa maison natale, nous gagnons sa nouvelle résidence secondaire sur une hauteur en front de mer. Il faut savoir qu'il a entièrement construit ses deux maisons de ses propres mains, avec du bois de sa petite forêt qu'il a lui même débité à la scierie locale ! Dommage que  la brume empêche de goûter pleinement le splendide panorama qui s'offre depuis la terrasse, et que je ne pourrais voir que sur des photos ! Cette maison a deux voisins allemands qui ont expliqué à Aldaige qu'il était quasiment impossible d'espérer acheter une maison sur la côte en Allemagne, personne ne vend plus et les maisons restent chez les héritiers. Donc acheter une maison au Canada et venir y passer l'été est une alternative réaliste ! 


Après un bon repas de hareng et de pommes de terre Aldaige me conduit à Yarmouth (40 km de là tout de même !) ou je prendrai demain matin le ferry pour Portland. Cette rencontre imprévue est sans aucun doute l'un des points forts de ce voyage au Canada. Pas besoin de préciser que je suis invité à revenir et que si jamais il prenait l'envie à Aldaige et à son épouse de quitter leur petit paradis pour venir en France, à défaut de pouvoir les recevoir dans mon tout petit studio, je me ferais un plaisir de les guider dans la région parisienne et de les inviter au restaurant !

A suivre. Prochain post : Boston.



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